Développer son leadership grâce à Winston Churchill

Churchill était adoré ou critiqué, mais il ne laissait jamais indifférent. Il est considéré aujourd'hui comme le plus grand homme du XXᵉ siècle, cependant ce ne fut pas toujours le cas. Pourquoi ?

Devenir un leader, mener des personnes et vivre la vie que l’on mérite. C’est un sujet souvent abordé dont je n’aime pas les solutions habituellement proposées par les auteurs d’articles et d'essais. Toutes les réponses sont plus ou moins similaires. On nous donne des conseils de management pour améliorer notre présence et notre charisme, mais quelque chose manque.

Je vous partage une idée originale que j’ai découverte grâce à Philippe Gabilliet, professeur de leadership à ESCP Europe. Je trouve sa définition remarquable. Dans cet article, je vous propose son approche à travers l’exemple d’un des plus grands leaders de tous les temps et mon personnage historique favori : Winston Spencer Churchill.

Churchill était largement adoré ou critiqué, mais il ne laissait jamais indifférent. Il est considéré aujourd’hui comme le plus grand homme du XXᵉ siècle, cependant ce ne fut pas toujours le cas. Quelles sont les raisons de ce changement ? Explorons des hypothèses expliquant le leadership de Churchill à travers le prisme des travaux de Philippe Gabilliet.

Comment devient-on un leader ?

L’hypothèse de Philippe Gabilliet concernant le leadership permet d’expliquer la capacité de beaucoup de personnes à avoir incarné leur rôle de leader : Churchill, Elon Musk, Greta Thunberg, Steve Jobs, etc. Bref, presque tous et quel que soit leur domaine.

Philippe Gabilliet ne nous donne pas la définition habituelle du leader. Loin de là. Bien que cela aide, il ne nous propose pas d’aller prendre des cours de théâtre ou de se former à l’art rhétorique : "Si vous voulez développer votre leadership, vous ne devez jamais cesser, dans les années qui vont venir, de vous rapprocher de la situation qui fera de vous un leader" [Philippe Gabilliet]

Plus précisément, Philippe Gabilliet nous propose de nous rapprocher des types de situations dans lesquelles nous avons assez de crédibilité et d’impact pour agir en leader.

Winston S. Churchill était un homme politique ayant fait de grandes choses pour son pays. Pourtant, il fut critiqué et commit d’innombrables et immenses erreurs. Cela ne nous empêche pas aujourd’hui de nous en rappeler, 55 ans après sa mort, comme l’homme qui a vaincu Hitler.

Comme le disait lui-même Winston Churchill : "Il faut juger les hommes et les rois aux moments de vérité de leur existence".

Actuellement, le plus grand homme du XXᵉ siècle et dernier grand protecteur de la liberté contre le fascisme en Europe, est jugé pour son acte héroïque de 1940 : il n’en fut pas toujours ainsi.

Les erreurs de Winston Churchill

Churchill ne fut pas toujours considéré comme un grand homme. Pire encore, il était critiqué et considéré comme un traitre pour avoir quitté le Parti conservateur. Lors de la Première Guerre mondiale, lorsqu’il était lord de l’amirauté, Churchill lança une opération militaire à Gallipoli qui causa la mort de milliers de soldats britanniques et brisa presque sa carrière politique. Comme chancelier de l’échiquier (ministre des Finances) Churchill eut un bilan catastrophique et il le disait lui-même : ce n’est pas un financier. Il soutint le roi Edward lors de la crise de l’abdication qui lui mit à dos toute la noblesse et la classe politique conservatrice britannique.

Chaque erreur individuelle suffit à anéantir une carrière, mais on ne s’en souvient plus aujourd’hui : pourquoi ?

Les succès de Churchill

  • Churchill : le journaliste écrivain

Tout a commencé pour Churchill quand il quitta l'École Militaire Sandhurst. Il avait soif d’aventure. Après Cuba, il participa aux guerres coloniales britanniques en Inde, en Afrique du Sud, au Kenya et bien d’autres encore. Bien qu’il débutât par une carrière militaire, Churchill désirait ardemment servir l’empire britannique en politique, Premier ministre en particulier.

Aussi, Churchill était persuadé qu’il allait mourir jeune, comme tous ses aïeux. Il souhaitait accélérer sa carrière. Étant gros dépensier et bon vivant, Churchill était perpétuellement en manque d’argent : il avait besoin d’argent facile et d’un gain de notoriété immédiat. Alors, il devint correspondant de guerre pour des journaux britanniques. Churchill racontait ses aventures et critiquait les choix stratégiques militaires. Cela l’aida fortement à lancer une carrière politique à 25 ans à peine : il était déjà célèbre pour ses articles.

Ce n’est pas tout, Churchill était aussi un écrivain prolifique. Ses œuvres littéraires et ses discours à eux seuls représentent plus de mots que Dickens et Shakespeare réunis. Churchill devient prix Nobel de littérature en 1952. C’est normalement l’œuvre d’une vie, pour lui ce n’en fut qu’une parmi d’autre.

Découvrez en plus sur les modes d’entrainement de Churchill dans cet article.

  • Une Première Guerre mondiale pour s’entraîner

Churchill a commis des erreurs. Beaucoup d’erreurs et de graves erreurs. Des dizaines de milliers de jeunes britanniques sont morts au combat pour son obstination à Gallipoli. 

Finalement, ce fut une chance pour lui et pour l’Angleterre. Il a pu commettre des erreurs sur le terrain, apprendre à gérer son stress et ses passions pour des opérations militaires : il a appris concrètement l’art de la guerre et de la stratégie.

  • Compréhension du nazisme

Dès la fin des années 1920, Churchill commença à percevoir le danger du nazisme. Il avait déjà vu différents types de fondamentalisme de près lors des campagnes coloniales de l’Empire britannique : il maîtrisait le fonctionnement de ces mouvements. Il reprit la voie de la presse et écrivit des dizaines d’articles sur les dangers de Hitler et du Nazisme. Dans les clubs de politiciens, Churchill abordait régulièrement ces sujets.

Bref, Churchill était devenu l’un des seuls en Europe à lutter réellement contre le nazisme. Cela peut nous paraître logique aujourd’hui, mais dans les années 30, cela ne le fut pas. Beaucoup d’hommes politiques étaient antisémites et pour vous situer, Neuville Chamberlain, premier ministre britannique au début de la guerre, croyait en sa capacité d’obtenir le calme de Hitler jusqu’à ce qu’il envahisse la Pologne. Churchill avait vu juste quand tout le monde était aveugle.

Pour en savoir plus sur Winston Churchill, rendez-vous sur ce blog.

Churchill, l’homme de la situation

Il le dit lui-même et nombre de ses biographes le disent : il semblerait que sa vie l’ait mené tout droit à mai 1940. À la prise de ses fonctions de premier ministre en période de guerre. En fait, c’est le cas. Si l’on reprend les termes de Philippe Gabilliet : "Churchill n’a jamais cessé, au fil de sa vie, de se rapprocher des situations qui ont fait de lui un leader. Militaire, journalistique, littéraire et rhétorique".

Après des années d’errement politique et d’erreurs commises, Churchill était redevenu populaire. Il était celui qui avait prévenu. Celui qui avait vu les dangers. Celui qui prévenait et annonçait les réalités douloureuses. Quand toute la classe politique britannique souhaitait la paix et ne voyait aucune autre issue, Churchill vivait le danger d’une soumission de la Grande-Bretagne. Grand romantique, amoureux de Napoléon et des récits chevaleresques, Churchill ne pouvait pas accepter de voir l’empire si cher à son cœur tomber. Militaire, Churchill avait participé a de nombreuses batailles : il savait ce qu’il était possible de faire ou non.

Grand écrivain et rhétoricien, Churchill poussait le rugissement du vieux lion qui embraserait le cœur des Anglais apeurés et leur donnerait la force de continuer. Il pouvait trouver les bons mots et c’est ce qu’il fît : "Il mobilisa la langue anglaise et l’envoya au combat".

CITATIONS :

  • "Je n’ai rien d’autre pour vous que du sang, de la sueur et des larmes"
  • "Voilà notre politique. Vous demandez quel est notre objectif ? Je vous le dis en un mot : c'est la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré la terreur, la victoire peu importe le temps et les efforts que cela demandera"
  • "Nous irons jusqu'au bout, nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu'une force grandissante dans les airs, nous défendrons notre Île, quel qu'en soit le coût, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains d'atterrissage , nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines ; nous ne nous rendrons jamais"

Voici les mots qu’a prononcés Churchill. Il a rassemblé toutes ses compétences militaires, sa connaissance de l’horreur de la guerre, sa maîtrise de la langue anglaise pour lever le peuple britannique. Il s’est ensuite employé à conserver la France Libre de De Gaulle dans la guerre, inviter les États-Unis à rejoindre le conflit et à créer l’alliance des peuples libres avec la Russie.

Bref, sans Churchill qui sait ce qu’il serait advenu ? Si les Britanniques s’étaient rendus, peut-être que l’Europe entière serait sous domination allemande.

Chaque jour, identifions les actions que nous pouvons mener pour devenir un leader

Avez-vous déjà entendu parler de Lord Randolph Churchill ? Le père de Winston ? Il y a peu de chance. Pourtant, ce fut un politicien anglais renommé. Sans la Seconde Guerre mondiale, nous ne connaitrions pas Winston Churchill non plus. Il serait un homme politique anglais comme un autre.

Ce sont les événements majeurs qui font les leaders. Chacun fait tôt ou tard face à un choix, un choix qui pourra changer sa vie pour toujours. Certains ont fait le choix de révolutionner l’aérospatial et l’automobile, certains d’apporter l’informatique à tous, certains d’être défenseur de la liberté et d’autres de se battre pour l’urgence climatique. Chacun d’entre nous a des valeurs qu’il veut défendre et qui lui sont chères. 

C’est donc à nous d’imiter Churchill. C’est à nous de prendre cette décision, la décision de nous rapprocher chaque jour des situations dans lesquelles nous pouvons incarner le rôle du leader pour être prêt. Prêt à faire le bon choix quand il faudra le faire et être capable d’insuffler l’envie aux autres de nous suivre.