Pourquoi de plus en plus d'anciens cadres se tournent vers le solopreneuriat

Le Board, incubateur de solopreneurs

De plus en plus de cadres troquent le salariat pour devenir solopreneurs, une nouvelle façon d'entreprendre plus agile et alignée sur leurs valeurs et leur rythme de vie.

Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif transforme le paysage entrepreneurial français : d’anciens cadres supérieurs quittent leurs postes confortables… non pas pour monter une start-up ou reprendre une PME, mais pour lancer un business en solo, sans salariés, sans levée de fonds, avec pour ambition principale : vivre mieux en travaillant autrement.

On les appelle des solopreneurs. Ce ne sont pas simplement des freelances, mais de véritables entreprises d’une seule personne, capables de générer des revenus élevés en capitalisant sur une expertise de niche, un produit ou service scalable, et une marque personnelle forte. Selon le dernier baromètre de l’INSEE sur les travailleurs indépendants (2024), la catégorie des “professions intellectuelles non salariées” a progressé de plus de 23 % en 5 ans. Dans cette vague, la proportion de profils ex-cadres est en forte hausse.

Du management d’équipe à la liberté totale

Pendant des années, la réussite professionnelle d’un cadre s’est mesurée à la taille de l’équipe qu’il manageait, au budget qu’il pilotait et au nombre de zéros sur sa fiche de paie. Mais derrière cette réussite, la réalité est parfois moins reluisante :  tunnel de réunions à rallonge, reporting permanent, lourdeurs politiques, injonctions contradictoires…

En devenant solopreneur, ces anciens cadres se débarrassent d’une contrainte majeure : la gestion d’équipe.
Ils ne perdent plus leur temps à arbitrer des conflits ou à justifier leurs choix : ils travaillent directement sur la création de valeur, là où ils excellent.

Une rentabilité supérieure aux startups… sans salariés

Contrairement à l’image parfois romantique de l’entrepreneur entouré de dizaines de collaborateurs, la réalité financière est claire : plus une structure est lourde, plus ses marges s’érodent.

  • PME classique : marge nette moyenne autour de 10 à 20 % (source : Banque de France, 2023)
  • Solopreneur expert : marge nette pouvant dépasser 70 % grâce à des charges fixes minimes et une organisation ultra-optimisée.

Pas de locaux à financer, pas de masse salariale à supporter, pas de process lourds : tout est concentré sur la valeur produite et sa distribution. Avec les bons leviers (produits numériques, prestations à forte valeur ajoutée, automatisations, IA), un solopreneur peut générer 100 000 à 500 000 € de chiffre d’affaires annuel avec des frais opérationnels très faibles. C’est le concept du “one person business”, popularisé aux États-Unis par Paul Jarvis dans son livre Company Of One et désormais en plein essor en France.

Des revenus décorrélés du temps grâce au modèle scalable

Le problème majeur des freelances traditionnels ou des indépendants classiques ? Ils vendent leur temps. Ce qui signifie : pas de mission = pas de revenu. Les solopreneurs cassent ce plafond de verre grâce à un modèle basé sur 4 piliers :

  • L'expertise : une expertise de niche rare et chère, pour se distinguer sur un marché concurrentiel 
  • Le média : créer leur propre podcast, chaîne YouTube, newsletter pour attirer des clients en automatique
  • Le produit scalable : formation en ligne, abonnement, SaaS ...
  • La communauté engagée : être solopreneur ne veut pas dire travailler seul. On peut faire appel à des freelances pour se faire aider 

Résultat : leurs revenus ne dépendent plus uniquement des heures facturées. Un ancien DAF peut vendre un kit de reporting financier automatisé en ligne. Une ex-directrice RH peut lancer un abonnement de coaching de carrière collectif. Ces offres tournent en continu, même pendant les vacances, et permettent d’augmenter le chiffre d’affaires sans travailler plus.

Un alignement fort avec les aspirations post-40 ans

Au-delà des chiffres, il y a un facteur humain : beaucoup d’anciens cadres, autour de 40-50 ans, cherchent à donner un nouveau sens à leur carrière. Ils veulent :

  • travailler sur des projets choisis
  • se libérer des contraintes géographiques
  • concilier vie pro et perso
  • profiter de leurs enfants
  • avoir à un impact réel

Le solopreneuriat répond à ces aspirations :

  • choix des clients et projets
  • contrôle total du rythme
  • travail à distance
  • alignement avec ses valeurs

Et contrairement à la croyance selon laquelle “travailler seul” serait synonyme d’isolement, les solopreneurs modernes s’appuient sur des communautés professionnelles puissantes, en ligne et en présentiel.

Comment passer du salariat au solopreneuriat sans tout perdre

Pour un cadre qui envisage la transition, il est possible de préparer le terrain :

  • Lancer un side-business en parallèle du poste actuel
  • Valider son offre sur une audience test
  • Automatiser et déléguer les tâches répétitives
  • Constituer un matelas financier avant le grand saut

Le solopreneuriat n’est pas un plan B pour cadres fatigués : c’est un choix stratégique qui répond à la fois aux évolutions du marché du travail et aux aspirations personnelles. Légèreté, rentabilité, liberté : un trio qui séduit de plus en plus de profils hautement qualifiés.