L'industrie a tout pour séduire la jeune génération

Tandis que la conjoncture mondiale exhorte l'Europe à la souveraineté, l'industrie peine à recruter les jeunes. Elle en partage pourtant les valeurs mais doit casser son image de management rigide.

En quête de flexibilité et d’un emploi qui a du sens, la Génération Z partage (sans parfois le savoir) pourtant de nombreuses valeurs avec l’industrie. Les jeunes et l’industrie sont une manne les uns pour l’autre, à condition de favoriser la connaissance des métiers qui composent la seconde et de casser son image de management rigide. 

L’industrie peine à recruter. Selon une enquête d’Usine Nouvelle, 153 000 postes seraient à pourvoir dans ce secteur en France en 2025. Or, seuls 16% des Français souhaiteraient travailler dans l’industrie, selon une enquête de la Chambre de Commerce et d’Industrie, d’Usine Nouvelle et de la Fabrique de la Cité : de ces 16%, seuls 33% ont entre 25 et 34 ans. 

Cette pénurie de main d’œuvre pèse lourd sur les ambitions de souveraineté de l’Europe face à un climat géopolitique instable. Parmi les principaux obstacles au recrutement la représentation que se font les jeunes de l’industrie, la quête d’un emploi qui a du sens, et la perception de management rigide dont souffre l’industrie. 

Des jeunes en quête d’un emploi qui a du sens 

La souveraineté de l’Europe ne peut être pérenne que si son industrie le lui permet : le secteur pharmaceutique par exemple, d’importance critique, recherche 5000 professionnels en France d’ici 2030 selon le rapport du Leem (Les Entreprises du Médicament), la défense cherche à pourvoir 10 000 postes vacants selon la DGA, et l'agroalimentaire, indispensable à la souveraineté alimentaire, a publié plus de 6000 offres d’emploi dans toute la France.  

Pour une Génération Z est quête d’engagement et de sens, la souveraineté européenne pourrait être vue comme une cause à rallier. Employeurs et jeunes actifs devraient logiquement converger. Néanmoins, la méconnaissance des métiers et des pratiques de l’industrie l’enlise dans une perception généralisée en tant que « secteur dépassé », tant dans ses pratiques que dans sa gestion (notamment RH). Seule une réévaluation des pratiques managériales et de gestion du personnel permettra de dépasser les idées reçues. 

L’Europe dispose d’un vivier de jeunes talents qui cherchent activement un engagement à travers leur travail et d’employeurs en adéquation avec leurs valeurs. Il est temps de réaliser qu’ils partagent au moins un objectif avec l’industrie : la préservation de leur avenir. 

La crainte d’un management trop rigide et vertical 

Parmi les craintes des jeunes quant à travailler dans l’industrie, émerge celle d’un management trop rigide. 75 % des jeunes veulent évoluer rapidement, sans sacrifier leur bien-être, et fuient les structures trop hiérarchiques, selon EY

Pourtant le management et la gestion des effectifs dans l’industrie évoluent. Avec l’émergence du digital notamment (13 % des entreprises industrielles utilisent déjà des technologies d’intelligence artificielle pour améliorer la production et la maintenance), nombre de solutions émergent permettant plus de contrôle de la part des employés sur leur gestion des temps de travail à l’instar des outils en self-service ou des systèmes pilotés par l'IA qui unifient les données relatives aux congés, aux préférences des employés, aux impératifs règlementaires en temps réel, sans risque d’erreur. 

L’implication des collaborateurs y est primordiale car ce sont eux qui communiquent leurs préférences, que ce soit par un ordinateur, un terminal ou tout simplement une application sur leur portable. 

Donner aux employés les moyens d'influencer leurs horaires de travail témoigne non seulement d'une plus grande flexibilité de la part de l'employeur, mais il est également prouvé que cela réduit le niveau de stress, renforce la loyauté envers l'entreprise et améliore la coopération au sein de l'équipe. 

L’industrie, un secteur en pleine mutation managériale 

Contrairement aux idées reçues, l’industrie est particulièrement en accord avec les valeurs de la jeune génération. De plus en plus verte, de plus en plus technologique, et développant de plus en plus d’initiatives paritaires, elle porte des valeurs et suit des objectifs en accord avec les idéaux démocratiques et sociétaux de la Génération Z.  

Victime de son image, l’industrie peine encore à séduire, mais son management est en pleine mutation. La digitalisation permet d’ouvrir le champ des possibles en matière d’autonomie de travail, de prise en compte des préférences des collaborateurs, de dialogue entre employeur et employés, sans sacrifier une productivité désormais essentielle à notre avenir et à notre sécurité.