"Je suis payé pour boire des bières, voici comment j'ai fait"

"Je suis payé pour boire des bières, voici comment j'ai fait" En 2024, Maxime a fait un travail étonnant, qui en ferait rêver plus d'un.

"C'était l'été 2024, je venais de finir mes études à Paris où je m'étais spécialisé dans la transition écologique", raconte Maxime (prénom modifié). Le jeune homme d'une vingtaine d'années cherchait alors un travail pour arrondir ses fins de mois. C'est sur WhatsApp qu'il va trouver le graal.

"Dans le groupe WhatsApp de mon master, quelqu'un a partagé un message qui a piqué ma curiosité : 'Si vous voulez être payé pour boire des bières, cliquez ici'." Maxime clique et découvre qu'une grande marque de bière, qui s'avèrera être Corona, boisson mexicaine bien connue sur le marché français, cherche à vérifier si elle est correctement représentée dans les bars parisiens.

"Les établissements proposant des Corona à leur comptoir doivent respecter un cahier des charges précis", justifie Maxime au JDN. Dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024, Corona, étant l'un des sponsors majeurs, souhaite donc vérifier que tout était en ordre.

Pendant quelques jours, il se met alors dans la peau d'un faux client, va de bar en bar, boit une Corona et se fait payer pour : il reçoit dix euros par établissement visité et les bières sont remboursées. Un défraiement bienvenu puisque le prix d'une Corona est vendue cinq à seize euros, détaille-t-il. Maxime a visité au total une vingtaine d'établissements.

"J'ai souvent fait les missions avec des amis, et on s'est amusé à jouer des rôles différents : un couple, des touristes américains, des riches, des étudiants fauchés, des clients distraits. Une fois, dans un palace, on a fait croire que c'était notre anniversaire de couple : on a commandé une Corona et on a reçu gratuitement un dessert et d'autres attentions."

Avant de pouvoir goûter au breuvage, Maxime a dû suivre une heure de formation : positionnement marketing, valeurs, concurrence et critères à vérifier pendant la mission sont passés en revue. "C'était assez drôle. La marque se présentait comme un symbole de voyage, de fête, de convivialité. Pour elle, Corona, ce n'était pas qu'une bière : c'était une expérience." Plusieurs autres faux clients sont recrutés et chaque établissement est visité deux fois, pour garantir une évaluation croisée.

La liste d'éléments à vérifier est longue : la bière doit être servie avec un citron vert, jamais jaune ; le morceau doit correspondre à un huitième de citron ; si elle est servie en bouteille, le morceau doit être enfoncé à moitié dans le goulot ; le logo de la marque doit toujours être tourné vers le client.

Autre point d'attention crucial, le verre doit toujours porter le logo de la marque. "Si la Corona est servie dans un verre Desperados (une bière concurrente), c'est un zéro pointé."

La consommation d'alcool sur le lieu de travail étant interdite par la loi, Maxime ne devait que demander des Corona sans alcool. Selon Maxime, très peu d'établissements en proposaient. La marque lui avait donc demandé de faire semblant d'en boire ou d'en goûter une petite portion sans paraître suspect. "Je les ai quand même bues mais évidemment, je n'ai pas fini toutes les bières. Je n'allais pas en boire trois litres par jour."

Maxime garde de cette expérience un très bon souvenir : "C'était des vacances payées ! J'étais à Paris, en plein été, avec l'ambiance des JO, à tester des bars." Mais depuis, il ne boit plus de Corona. "J'ai encore le goût en bouche." Et lorsqu'il voit une personne en commander au bar, il ne peut s'empêcher de vérifier si elle est servie correctement.