Le stress au travail : causes, pistes de solutions et impacts
Le stress est largement fonction des représentations fondées ou non des situations auxquelles nous sommes confrontées. Il donne des pistes concrètes pour valider ou non la cause du stress, pour le gérer et le dépasser s'il est fondé. Il met en garde contre les risques de glissement du bon stress vers le mauvais stress.
Quelques points de repère pour cadrer les choses
Environ 60 % des salariés français
disent éprouver du stress au travail de façon régulière. Rappelons que dans le
cadre du travail, le stress se produit lorsque, nous pensons, « à
tort ou à raison », que
nous ne parviendrons pas à faire face à une situation donnée. Ces situations
sont très diverses, parmi les plus communes, citons: absorber une charge de
travail, la compression des délais, réaliser une tâche complexe, atteindre un
objectif, effectuer une demande, prendre la parole en public, subir un
harcèlement, vivre un changement, des responsabilités mal définies, subir une
pression de son management, l’absence de considération et de reconnaissance,
l’imprévisibilité/l’incertitude….
Je vous laisse le soin de compléter la liste
en fonction des situations auxquelles vous êtes confrontés. Ce qu’il est
important de comprendre, c’est cette notion de « à tort ou à
raison ». En effet, la production d’un stress sera fonction de la
représentation que nous nous faisons de la situation. Ainsi, prenons deux
personnes confrontées à une même charge de travail. La première, « à tort
ou à raison », pensera qu’il est impossible d’absorber cette charge de
travail et que les conséquences seront très pénalisantes pour elle. Elle
produira du stress. La seconde « à tort ou à raison » pensera qu’elle
peut absorber cette charge et que si elle n’y parvenait pas, ça ne sera pas si
grave que cela. Elle ne produira pas de stress. La production de stress est
donc largement liée à l’idée juste ou erronée, que nous nous faisons des
situations auxquelles nous sommes confrontées.
Deux pistes pour réduire le stress au travail et plus largement dans notre vie
Le stress peut avoir une cause
fondée. Dans notre exemple, la charge de travail à absorber dans un délai
donné, peut effectivement être irréalisable. Dans d’autres cas, le stress n’est
pas fondé. Pour rester sur notre exemple, la charge de travail est tout à fait
absorbable dans le délai donné.
La potentialité de produire ou
non du stress, se trouve donc à l’interface de la situation et de la personne.
Formulé différemment, la personne pense t-elle avoir ou non les compétences,
les capacités requises, les ressources pour gérer la situation ? Par
conséquent, Il y a deux pistes à travailler complémentairement pour identifier
et réduire le stress.
Évaluer le plus objectivement possible la situation
Sans se laisser contaminer par les émotions et ressentis
produits par l’état de stress : peur, colère, sentiment
d’impuissance…. Il faut impérativement retrouver du calme pour effectuer
une analyse objective. Cette charge de travail c’est quoi ? Dix
dossiers à traiter. Un dossier, c’est quel travail précis ? Telle et
telles tâches. C’est raisonnablement combien de temps ? Si nous
arrivons à : il faut environ cinq heures de travail et que nous
effectuons huit heures de présence, c’est parfaitement absorbable. Donc le
risque n’est pas présent, nous sommes en mesure de maîtriser la situation.
En prendre conscience, permettra de sortir d’une situation de stress non
fondé. Si par contre, nous arrivions à : « ça demande dix heures
de travail », produire du stress est fondé. Dans notre exemple, le
stress nous alerte pertinemment sur le risque, nous pourrions dire sur le
danger couru : « ne pas réussir à absorber la charge de travail,
avec les conséquences que ça comporte ». Cependant, il faudra
« gérer » cet état de stress, c’est à dire le dépasser, en
sortir, pour éviter d’enclencher le « mauvais engrenage du
stress ».
Pour retrouver ce calme qui nous permet de réfléchir, de retrouver la maîtrise des choses, deux conseils simples :
- dès que vous identifiez l’état de stress, respirez profondément plusieurs fois (au minimum cinq inspirations et expirations) de suite, en concentrant votre mental exclusivement sur cet acte de respiration.
- Ensuite prenez l’habitude de vous posez cette question, qui vous oriente vers la recherche de solutions : « comment puis-je faire au mieux avec ce qui m’arrive (cette situation à gérer) ? »
Évaluer le plus objectivement possible nos compétences et nos capacités
Dans le monde professionnel, entre 60 et 65 % des personnes sous estiment leur valeur, c'est-à-dire qu’elles minimisent leurs compétences et leurs capacités. Il est donc impératif de faire un bilan le plus objectif possible de vos compétences. Prenez une feuille de papier faites y 3 colonnes. Dans la première notez tout ce que vous savez faire (vos compétences). Dans la deuxième colonne, cochez ce que vous ne saviez pas faire ou insuffisamment il y a cinq ans. Vous constaterez ainsi les progrès, le développement que vous avez réalisé. Cela signifie qu’à côté de nos compétences (ce que nous savons faire) nous avons des capacités (ce que nous sommes capables de faire demain, sous condition d’apprentissage, d’entraînement, d’essai…). Enfin dans la troisième colonne notez les 3 compétences que vous souhaitez prioritairement renforcer ou acquérir dans les deux ans qui viennent.Une chose primordiale pour diminuer son stress, chasser le stress non fondé, c’est de : « renforcer notre sentiment de maîtrise ».
Cela passe par deux choses :
- être conscient de notre valeur, de nos compétences, de notre potentiel de progression (nos capacités),
- renforcer notre portefeuille de compétences de
façon ciblée et progressive.
Les impacts négatifs du stress non fondé dans notre fonctionnement et dans nos relations de travail
Un stress non fondé va impacter
négativement notre fonctionnement et nos relations, car il engendre des
réactions psychophysiologiques perturbatrices. Sans entrer ici dans le détail
du mécanisme du stress, il faut se rappeler qu’il entraîne des productions
hormonales (adrénaline, corticoïdes, endorphine..) et qu’il peut générer des
réactions très diverses comme la tension musculaire, le mal de tête,
l’accélération du rythme cardiaque, le mal de ventre…., sans oublier les
impacts émotionnels et intellectuels.
On peut dire que nous sommes
physiquement, psychologiquement, émotionnellement et intellectuellement
chahutés. En réalité, la situation de stress nous renvoie à une sorte de
régression comportementale. Notons ci-dessous quelques uns des impacts
négatifs :
- Sur notre fonctionnement
Altération des capacités de concentration, de logique, d’analyse, de jugement, de traitement de l’information…, perte de mémoire, indécision, sentiment de confusion
- Sur notre relation à nous-mêmes
Dévalorisation de l’image de soi, perte d’estime de soi, altération de la confiance en soi, production de pensées négatives (je ne vaux rien, je ne suis pas à a hauteur…..), découragement, mal-être, souffrance….
- Sur notre relation aux autres
Difficultés d’écoute, irritabilité, agressivité, repliement sur soi/mutisme, impatience, fuite, tensions avec les autres…..
Lorsque l’exposition au stress est longue, récurrente, notre énergie d’adaptation risque de s’épuiser. Ca peut alors conduire au burnout (véritable effondrement physique, moral et psychologique de la personne qui devient totalement incapable de travailler), à la dépression….
Y a-t-il un bon stress au travail ? Oui mais…..
Certains dirigeants et certains managers font un lien entre « bon stress » et « performance ». Le bon stress s’appelle « eustress », par opposition au mauvais stress qu’on appelle « distress ». Il y a « eustress » lorsque :
- le stress est ponctuel,
- parfaitement délimité et limité dans le temps,
- le stimulus (la cause du stress) est identifié,
- lorsque la pression ou surpression est momentanée,
- à l’issue de la phase « d’eustress » la personne en ressort avec des ressentis positifs : satisfaction de ce qui a été réalisé, bien-être, renforcement de la confiance en soi, sentiment de maîtrise accrue…
« L’eustress » ne saurait donc correspondre à un état fréquent,
récurrent, car alors on verserait dans le « distress ».
Des dirigeants et des managers,
par ignorance ou par cupidité ou par manipulation, amalgament « eustress » et « distress ». Ça leur permet de
justifier des pressions permanentes en demandant aux collaborateurs de
performer toujours plus, de se dépasser, de repousser leurs limites… C’est une
sorte de « Yes, you can ! ». S’il est vrai qu’un stress ponctuel peut favoriser une performance, il est tout
aussi vrai qu’un stress durable, récurrent, cause des dégâts.
Certaines
personnes ont besoin d’une dose de stress pour performer, mais, si ce stress
devient un mode de fonctionnement habituel, tôt ou tard, les dégâts seront au
rendez-vous. Dégâts en termes de santé, mais aussi en termes de performance, de
résultats, de qualité. Un stress intense et/ou durable endommage, voire finit
par annihiler les facultés de concentration, de jugement, de décision.
Lorsque
nous faisons des formations au management, nous déconseillons vivement aux
managers d’instituer un management par le stress, car les études réalisées
montrent que dans 70 à 80 % des cas, il entraîne une diminution de la
performance, du résultat, de la qualité du travail et une dégradation du climat
relationnel. Si le bon stress existe, il ne peut donc s’envisager qu’à doses
homéopathiques.