L’escape game fait son entrée dans la culture du risque

Selon Ulrich Beck, la société serait rentrée au début des années 2000 dans l’ère du risque globalisé. C’est tout aussi vrai en entreprise. Au cours des deux dernières décennies, les risques sont devenus plus nombreux : risques informatiques, accidents de travail... Surtout, le risk management a gagné en sérieux lorsqu'on s’est rendu compte que le risque altérait la performance.

Selon le baromètre des coûts moyens du Journal Officiel, alors que le nombre de sinistres a baissé, le coût des accidents de travail a augmenté de plus de 13% entre 2013 et 2019. Pourtant, les méthodes de sensibilisation Santé Sécurité Environnement (SSE) en interne, très protocolaires, sont souvent perçues comme archaïques. Elles ne parviennent pas à toucher les collaborateurs. Trouver de nouveaux formats de sensibilisation sur ces problématiques apparaît donc comme l’enjeu des prochaines années. Un terrain de jeu favorable pour l’escape game, qui se révèle un outil efficace pour augmenter l’impact de ces campagnes de sensibilisation.

Des risques pluriels en entreprise

En 2019, l’entreprise doit faire face à de nouveaux risques. Ils sont de plusieurs ordres : technologique, environnemental et sanitaire. Les menaces traditionnelles sont toujours vives : risque d’incendie, accidents du travail, chutes dans les escaliers. Mais avec l’arrivée des nouvelles technologies numériques, le piratage informatique est devenu une menace sécuritaire supplémentaire. Selon le baromètre du CESIN, 80% des entreprises auraient subi une cyber attaque au cours des 12 derniers mois.

Parallèlement, le contexte climatique actuel a pu décupler les risques environnementaux. Si bien que depuis 2016, le tri est une obligation de l’entreprise, qui doit sensibiliser ses collaborateurs aux bonnes pratiques de recyclage. Enfin, de nouveaux risques psycho-sociaux sont apparus sous diverses formes : burn out, bore out, stress, anxiété etc. Selon une étude du Cabinet Stimulus, datée de 2017 ; 52% des salariés se disent anxieux au travail, 29% présentent un niveau dépressif élevé et 6% sont probablement en dépression.

Dans ce contexte en perpétuelle mouvance, la culture du risque s’est pleinement intégrée dans la stratégie globale d’entreprise. Le risk management  au XXIe siècle devient un levier économique à part entière.  

Une sensibilisation SSE archaïque

La multiplication des risques a contraint les employeurs à mettre en place un cadre sûr et à tenir informés les collaborateurs. ce rôle est tenu par le département SSE.

Mais la sensibilisation SSE classique, telle qu’elle se pratique depuis des années, a bien quelque chose de suranné. Le contexte est généralement le suivant. Au cours d’une réunion de groupe, les employés sont interrompus pour être briefés sur les risques SSE parles experts du sujet au sein de l’entreprise. Les présentations Powerpoint sont perçues comme plates. Tout comme les démonstrations protocolaires qui s’appuient sur les dernières normes en date. Et se concluent sur le rappel des consignes de sécurité. 

Cette sensibilisation classique a par ailleurs quelque chose de contraint. Présence obligatoire avec feuille d’émargements ; le discours tombe souvent dans l’oreille de sourds, pour des collaborateurs qui ne se sentent pas particulièrement en péril dans leur entreprise.

Gamifier la sécurité  

Depuis quelques temps pourtant, on a vu l’escape game prendre le relais des sensibilisations SSE traditionnelles. Sa formule ? Reproduire des scènes à risques pour immerger les collaborateurs au cœur du risque dans leur quotidien professionnel. Rendre l’employé acteur de sa propre sécurité et de celle des autres. Le rendre témoin de bons ou mauvais comportements. Et faciliter l’engagement et la collaboration d’équipe au travers d’une dimension ludique.

L’escape game permet en parallèle d’aborder des sujets encore tabous mais qui se démocratisent à l’instar des RPS (risques psycho-sociaux). Une scène de réunion, des messages, des bribes d’e-mails retrouvées dans la salle, permettent de prendre la mesure de situations comme le harcèlement moral, où le surmenage.

A la fin, un débriefing par un expert SSE replace une couche pédagogique sur la dimension ludique. Il permet une participation active des individus ainsi qu’une une meilleure mémorisation qu’une présentation plénière.

Les risques sont devenus pluriels obligeant les campagnes de sensibilisation à muer vers de nouveaux formats plus engageants, immersifs, collaboratifs tout autant que ludique. L’escape game en est un bon exemple.