Pourquoi vous devez privilégier un job plutôt qu'un MBA

Ryan Holmes, comme tout entrepreneur qui se respecte, défend la valeur d'une expérience authentique dans le monde du travail par rapport au sacro-saint MBA "accélérateur de carrière".

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En 1999, j'ai abandonné mes études en école de commerce. J'estime que c'est la décision la plus judicieuse que j'ai jamais prise.

Venons-en au présent : je suis le PDG de HootSuite, une entreprise de social media en croissance rapide qui compte 300 (fabuleux) employés et plus de 6 millions de clients. Ce qui qui m'a guidé à chaque étape du processus ?
Une expérience dans le monde réel des affaires, et non pas un diplôme universitaire au prix exorbitant. L'éducation supérieure n'a jamais coûté aussi cher. Et pourtant, dans le climat actuel de l'emploi, elle ne garantit pas systématiquement un retour sur investissement.
Ceci vaut tout particulièrement pour les MBA (Master of Business Administration) jadis très convoités. Voici pourquoi :

1. Les MBA n'ont plus la même valeur du point de vue financier

Beaucoup de personnes affirment qu'elles souhaitent obtenir un MBA pour être bien rémunérées. Cependant la détérioration des salaires des titulaires de MBA ainsi que la flambée des frais de scolarité démontrent que les jeunes diplômés ne jouissent plus des avantages financiers qui leur étaient autrefois proposés.
Si les salaires des étudiants diplômés des meilleurs programmes de MBA des États-Unis au milieu des années 1990 triplaient en à peine 5 ans, les étudiants ayant achevé ces mêmes programmes en 2008 et 2009 ont vu leur rémunération divisée de moitié. De leur côté, en 2012, les étudiants en MBA ont payé 62 % de frais de scolarité supplémentaires par rapport à 2005. Un MBA de 2 ans auprès d'une université américaine reconnue comme Harvard ou Columbia pourrait bien vous coûter la somme ahurissante de 150 000 dollars.

2. Les MBA ne sont plus le meilleur moyen de se créer un réseau

Beaucoup de gens veulent se doter d'un MBA pour agrandir leur réseau, alors qu'Internet et le social media ont radicalement changé la façon dont nous "nouons des relations". Aujourd'hui, le commun des mortels peut se connecter avec des professionnels partout dans le monde par le biais de réseaux sociaux dédiés tels que LinkedIn. Même des outils comme Facebook et Twitter peuvent se révéler efficaces pour entrer en contact avec des alliés précieux, des associés ou des partenaires éventuels. Prenez par exemple le cas de Stacey Ferreira, une jeune femme de 19 ans qui a décroché en un seul tweet un investissement d'un million de dollars de la part de Richard Branson (elle a depuis abandonné ses études universitaires). Les progrès de la technologie ont permis de créer des règles du jeu équitables : plus besoin de sortir d'une université de l'Ivy League pour se mêler aux grands décideurs de ce monde.

Les programmes de MBA en eux-mêmes sont extrêmement compétitifs : il n'est pas garanti que vos camarades de promotion deviennent des alliés dignes de confiance. Quant aux professeurs, ils ne seront peut-être pas non plus les meilleurs contacts à garder, puisque beaucoup d'entre eux sont de brillants théoriciens et non des hommes d'affaires expérimentés.

3. Les MBA ne sont plus aussi élitistes ou prestigieux qu'auparavant

Un MBA était un diplôme qui aidait véritablement les jeunes diplômés à sortir du lot. Désormais, le club fermé des détenteurs de MBA a gagné en effectif. En 2010, les universités américaines ont délivré un total de 126 214 diplômes, soit 74 % de plus par rapport à l'année scolaire 2000-2001. Avant le début des années 1990, il fallait obligatoirement être inscrit à un programme universitaire à temps plein pour obtenir un MBA. De nos jours, la formation peut être suivie à temps partiel ou bien en ligne, auprès d'écoles modestement renommées.

Attention, je ne dis pas qu'un MBA ne sert à rien, bien au contraire.
Il augmente encore vos chances de vous faire embaucher.
Ce que je tiens à souligner est que le diplôme ne bénéficie plus de la même valeur qu'auparavant.
Le monde des affaires tel qu'il existe aujourd'hui, en partie grâce à Internet et au social media, accorde aux candidats ambitieux, innovateurs et animés d'un esprit d'initiative toutes sortes d'opportunités sans qu'ils aient besoin d'être bardés de diplômes.
Alors pourquoi ne pas essayer de postuler pour un stage ou de lancer votre propre entreprise plutôt que de vous endetter de 100 000 dollars ? Pourquoi ne pas vous consacrer à votre passion plutôt que de poursuivre des objectifs purement financiers ? Trouvez l'activité qui vous stimule, la chose que vous adorez faire, et mettez-la en pratique. Après avoir quitté l'université, je me suis adonné à deux de mes plus grandes passions, le développement de logiciels et l'entreprenariat. Je peux maintenant dire sans me tromper que je ne regrette absolument pas cette décision.

Mais n'écoutez pas que mes conseils. Prenez exemple sur Bill Gates, qui a abandonné ses études lors de sa première année à Harvard. Ou sur Ted Turner, milliardaire qui a fondé les chaînes emblématiques CNN et TBS. Ou encore sur Richard Branson, qui a fait une croix sur l'université pour fonder son propre magazine à l'âge de 16 ans. Sans oublier feu Steve Jobs, qui a cessé de fréquenter le Reed College six mois après y être entré et a décidé d'assister à des cours divers et variés, comme par exemple… une formation en calligraphie.


Traduction par Joséphine Dennery, JDN

Cette chronique traduite par le JDN a été publiée via le programme Influencers de LinkedIn, où s'expriment près de 300 leaders d'opinion. Retrouvez la version originale en anglais ici.