Intérim/PME, un autre "market for Lemons".

Dans son célèbre article “The market for Lemons”, l’économiste George Akerlof démontre comment une asymétrie d’information entre acheteurs et vendeurs peut conduire à la disparition d’un marché. Ce phénomène est aujourd’hui à l’œuvre entre agences d’Intérim et PME.

Quand un contrat est passé entre une agence d’intérim et une entreprise, l’agence d’intérim dispose d’une information clé que ne possède pas l’entreprise : la compétence réelle de l’intérimaire. L’entreprise n’aura accès à cette information seulement après que l’intérimaire a travaillé pour elle. C’est une situation que les économistes qualifient d’asymétrie d’information.

Cette asymétrie d’information est présente quand une agence d’intérim travaille avec une grande entreprise. Cependant la récurrence de leur rapport permet au marché entre agences d’intérim et grandes entreprises d’être préservé des effets néfastes de l’asymétrie d’information. Certains pourraient dire que la récurrence des transactions permet une relation de confiance. Les économistes préfèrent s’en tenir à affirmer que l’agence d’intérim maximise son gain à long terme et non plus à court terme.

Avec une PME, tout est différent. Quand une PME a un besoin de travail temporaire c’est souvent suite à un arrêt maladie ou à un surcroit d'activité. Cet événement est imprévisible et souvent non récurent. Les agences d’intérim et les PME ne s’inscrivent donc pas dans une relation de long terme.

Une agence d’intérim sollicitée par une PME sait que le besoin de la PME est fort mais qu’il est peu probable qu’il se répète à l’avenir. Elle préférera donc garder ses meilleurs intérimaires pour ses clients importants et ne verra pas l’intérêt de faire un geste commercial à un client avec qui elle ne travaillera peut-être plus jamais.

La réputation de l’intérim auprès des PME est la conséquence directe de ce phénomène. "Les intérims sont tous des bras cassés", "l’intérim c’est hors de prix", c'est souvent le discours des dirigeants des PME qui n'ont jamais le droit aux meilleurs intérimaires, ni aux meilleurs prix.

En attendant les PME s’adaptent, soit elles se passent d’un employé supplémentaire au détriment de l’emploi, soit elles utilisent des alternatives (travail au noir, statut d’auto-entrepreneur...). Le segment des PME représente Œ des emplois en France pour seulement 1/10 du chiffre d’affaires des agences d’Intérim. Pour donner sa chance à ce marché il faut mettre fin à l’asymétrie d’information et miser sur la transparence.