Réseaux sociaux et lien social : deux notions certainement pas contradictoires

En France 61% des salariés, toutes tranches d’âge confondues, sont sur Facebook (Cegos janvier 2012) dont prés de 100% des salariés 20 /25 ans. Twitter frôle les 6 millions d’utilisateurs en France. 92% des 15/17 ans ont un profil Facebook et déjà 64% des 11/13 ans…

En France 61% des salariés, toutes tranches d’âge confondues, sont sur Facebook (Cegos janvier 2012) dont près de 100% des salariés 20/25 ans. Twitter frôle les 6 millions d’utilisateurs en France. 92% des 15/17 ans ont un profil Facebook et déjà 64% des 11/13 ans.
Dans le monde, près d’un milliard d’être humains utilisent les réseaux sociaux… Qui peut nier la réalité de la vraie vie du social média qui permet l’interconnexion permanente entre les individus et leurs parties prenantes. Avec l’explosion de l’internet mobile de surcroit « Ma Marque digitale » me suit partout…à commencer sur mon lieu de travail.

Et pourtant 64% des entreprises continuent à interdire l’accès des réseaux sociaux à leurs salariés et 80% des DRH pensent que les réseaux sociaux sont avant tout un outil parmi d’autres de communication et d’image.

L’entreprise et par-delà ses us et coutumes en termes de management, de communication mais aussi de business sont encerclés, voire submergés par des pratiques et des attentes qui lui sont totalement étrangères.
La fameuse génération Y a accompagné l’émergence des nouvelles technologies, la Z, dite « génération mutante » elle, est née connectée et commence à devenir référent d’une nouvelle relation à l’autre. Pour la première fois les enfants influencent le champ relationnel des adultes. Une première. Loin d’être une tribu de Geeks, la génération Z est par excellence  « la generation.com » qui suit son KLOUT (comprenez son indice de sa supposée influence sur le net, issu du site klout.com créé en 2008 aux usa  et qui prend en compte les activités de ses utilisateurs sur les réseaux sociaux).
Les postulats du social média vont à l’encontre même des interdits classiques et historiques du monde du travail : ils contournent les arcanes officiels au profit d’échanges directs, libres. Le partage et la transparence sont désormais le miroir de la fameuse formule tirée du bréviaire RH « ma richesse c’est les hommes ». La transversalité se substitue au top down ; l’interconnexion supplante le pouvoir traditionnel de la maitrise de l’information. Jusque là pyramidale, l’organisation de l’information devient synaptique, que l’entreprise le veuille ou non.
L’unité fondamentale, l’individu 2.0 transforme le rapport de force en sa faveur.
Hier récepteur plus ou moins passif/actif, il devient à part entière émetteur autonome. Mieux, le 2.0 lui a fait prendre conscience que dans la cité comme dans le monde du travail, il devenait une Marque à part entière : poster un billet ou un tweet, c’est se confronter à son audience, son public.
La conscience de sa marque individuelle rend l’individu 2.0 de plus en plus exigeant face au discours aseptisé de l’entreprise. L’individu 2.0 est devenu un citoyen de l’Agora digitale alors que l’entreprise 1/2.0 en est encore au discours de la maitrise des technologies. Personal branding contre discours creux et copié-collé…
L’appétence à un mieux vivre universel, exprimé un peu partout dans le monde, trouve dans le social média un terrain d’expression contagieux qui commence à pénétrer le monde clos de l’entreprise. Cette RÉVOLUTION est une opportunité formidable à saisir par les dirigeants et particulièrement par les DRH à un moment de la brève histoire de l’économie moderne où « le mal-être » n’a jamais été aussi présent dans nos organisations  et en particulier les grandes.
Ce  triste syndrome de la surproductivité, souvent dictée par les impératifs des marchés financiers, repose sur trois maux parfaitement identifiés que sont - le diktat du court terme qui  « robotise » l’action et l’humain au profit de la quête de l’excellence dans l’exécution (y compris chez les managers) - l’interchangeabilité des dirigeants-salariés incapables, la plus part du temps, de bâtir un projet humain en parallèle de leur projet économique et surtout de l’incarner - le manque de reconnaissance qui inspire la démobilisation , le cynisme et le repli sur soi.
L’entreprise déshumanisée au sens du lien social n’est  malheureusement plus un cauchemar redouté mais bien une réalité dans nombre de cas, même si le paraitre s’efforce de donner le change…
Le social média et en particulier les réseaux sociaux d’entreprise ouvrent une nouvelle ère pour la réhabilitation d’une humanité quelque peu oubliée, pour ne pas écrire perdue dans le monde professionnel : permettre aux ÊTRES HUMAINS qui cohabitent dans une entreprise de se donner à comprendre, de se donner à partager comme membre à part entière d’une vraie collectivité.
Là où les communautés se créent sur l’agora digitale, l’entreprise lieu de vie physique par excellence doit assumer ce statut communautaire en échos à sa MARQUE EMPLOYEUR,
véritable maillot identitaire. L’entreprise du XXIème siècle ne peut correspondre aux valeurs masculines historiques et traditionnelles (et de fait ringardes) du pouvoir mais doit devenir un lieu d’ouverture, de partage et d’expression, porter les valeurs féminines qui ne cessent de progresser depuis prés de vingt ans.
Un nouveau
leadership va apparaitre : le Chef qui sait tout, qui voit tout, à qui allégeance fait loi de survie est mort. Il ne le sait pas forcément, fait de la résistance mais il ne fait depuis longtemps plus rêver personne. Les nouveaux leaders le seront par leur capacité à fédérer, à motiver, à être exemplaire. Parfaitement équilibrés cerveau droit, cerveau gauche, ils seront dotés du don d’ubiquité 2.0 et feront du partage le moteur de l’action collective.
Cette réalité qui va s’imposer progressivement à toutes les entreprises réhabilitera l’ADN de chacune, LA MARQUE ; d’elle dépendra le modèle tribal à revendiquer on et offline ; d’elle dépendra sa capacité à devenir son propre réseau social, sélectif par nature, généreux par définition.
Là où l’économie de marché a tué le lien social naturel, le fameux « Bonjour, comment vas-tu ?, le 2.0 va lui redonner vie. Là où les guerres d’égos et les concentrations de pouvoir ont supprimé l’intérêt collectif, le 2.0 va contribuer à ré-enchanter le récit entrepreneurial. Là où la médiocrité relationnelle des organisations et leur manque de générosité ont créé UNE FRACTURE DE SENS ET D’UTILITE, les salariés 2.0 vont réhabiliter le goût des autres. UTOPIE ? Bien sûr que non. RÊVE ? Encore moins. UNE EVIDENCE.
Bien sûr le chemin va être laborieux, bien sûr les obstacles à commencer par la frilosité des dirigeants seront nombreux, bien sûr des marchands du temple 2.0 vont proposer des solutions miracles (pour pas cher de surcroit) qui donneront bonne conscience tout en évitant une saine remise en question introspective… Mais une chose est sûre la génération mutante nous a déjà donné rendez vous !
A chaque entreprise de revendiquer son Vivre Ensemble, de le partager et de tout mettre en œuvre pour mériter la fierté de ses Salariés. Un beau sujet 3.0.