Changez votre angle de vue grâce au recadrage

Comment améliorer notre relation aux autres, sortir de notre tendance à la confrontation ? Ce qu'on appelle le « recadrage » permet de changer la vision subjective que nous avons d’une situation, en la percevant de façon différente.

Depuis notre enfance, nous avons été entraînés à considérer la relation à l’autre comme un rapport d’autorité. L’être humain a ainsi une tendance naturelle à la confrontation, à l’opposition, dont certains éléments peuvent évoquer parfois l’environnement militaire. Ne dit-on pas, lorsqu’une entreprise a signé un nouveau contrat, qu’elle l’a remporté, qu’elle a gagné l’affaire ? Nous pouvons nous interroger sur l’efficacité et les bénéfices d’une telle conception... Plus généralement, nous avons souvent une propension à restreindre notre rapport aux autres à une logique binaire et de comparaison, celle du gagnant/perdant ou du plus/moins. Cette interprétation est liée à un cadre de référence auquel nous sommes très attachés, sans nous en rendre compte.
C’est Paul Watzlawick, l’un des fondateurs de l’école de Palo Alto en Californie, qui définit la notion de recadrage. Il s’agit de trouver un nouveau cadre à une expérience, pour en changer le contexte conceptuel et/ou émotionnel et la signification. Ainsi, le recadrage aide à classer autrement ses pensées, ses perceptions et ses jugements, à analyser autrement un problème, pour s’apercevoir, en le changeant de tiroir, qu’il ne s’agit pas d’un problème, mais d’un avantage que l’on n’avait pas vu. Par exemple, mes clients me disent parfois : «M. Azarian, votre recherche d’un directeur industriel n’avance pas assez vite.» Je leur réponds : «Vous avez raison, elle est bien trop importante à mes yeux pour que je prenne le risque de la bâcler en voulant aller trop vite.» Par cette réponse, je propose à mon client une autre lecture du contexte, qui le rassure sur mon implication dans cette mission.

L’empathie est la clé

Le recadrage permet de sortir de cette relation binaire et de faire un pas de côté symbolique. Il s’agit de s’extraire un instant de l’interaction pour observer avec un regard neutre et extérieur et ainsi élever le niveau de la relation. C’est comme passer du karaté, où la confrontation est la plupart du temps frontale (attaque, blocage, contre-attaque), à l’aïkido, où l’énergie du partenaire est utilisée par le biais de mouvements circulaires d’esquive.
Le recadrage nécessite certaines qualités comme une grande créativité et une ouverture d’esprit, qui aident à entrevoir des cadres plus larges ou décalés, et l’absence de jugements vis-à-vis de son interlocuteur. Bien sûr, rien de tout cela n’est possible sans une forte empathie, c’est à-dire une capacité à se mettre à la place de son interlocuteur, à l’aimer même, afin de non seulement appréhender ses besoins, mais de les faire siens l’espace d’un instant.