Recrutement sur Facebook : à quand le décollage ?

Recrutement sur Facebook : à quand le décollage ? Alors que LinkedIn et Viadeo sont largement utilisés, les recruteurs boudent encore le plus grand réseau social du monde.

4 février 2014 : Facebook souffle ses 10 bougies. Une décennie a suffi pour réunir 1,2 milliard d'utilisateurs, devenir le site le plus visité au monde après Google et s'imposer comme le premier réseau social global. Un géant pas encore adolescent.

Pourtant, malgré sa toute-puissance, le site de Mark Zuckerberg conserve un talon d'Achille : le recrutement social. Pour trouver des candidats, les recruteurs lui préfèrent largement LinkedIn ou Viadeo, aux dimensions pourtant bien plus modestes.

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La page "Les PME recrutent". © Capture d'écran Facebook / JDN

Comme le colosse ne supporte guère qu'on lui résiste, il se doit de réagir. Le 30 janvier, il lance la première initiative concernant le recrutement sur Facebook en France. En partenariat avec la CGPME et Work4, l'opération "Les PME recrutent" vise à permettre aux petites et moyennes entreprises de diffuser simplement leurs offres d'emploi sur le réseau, grâce à des pages carrières. Par ailleurs, une page dédiée regroupe toutes les offres d'emploi des PME participantes. "Nous pensons que la diversité des utilisateurs de Facebook et la taille de notre audience peuvent être un accélérateur du développement des entreprises", se félicite dans un communiqué Laurent Solly, directeur général de Facebook en France.

Pages carrières et offres d'emploi

Cette initiative vise à démocratiser l'usage des pages carrières sur Facebook, qui restent la principale utilisation du réseau à des fins de recrutement. Les grands groupes y ont largement recours pour diffuser des annonces. Elles permettent aussi aux entreprises de donner des informations sur la vie interne, et améliorer ainsi leur "marque employeur".

Les pages carrières permettent aux entreprises de soigner leur marque employeur

Fréquentées par des fans de la marque, ces pages peuvent aussi être suivies par une partie des salariés en poste. Ces derniers se révèlent parfois de bons relais pour diffuser des offres d'emploi à leurs proches, en "aimant" et en "partageant" une annonce. Sur leurs sites carrières, les entreprises ont à ce titre tout intérêt à encourager le partage social des annonces (avec des boutons "like", par exemple).

Sur sa page Facebook, le spécialiste du recrutement Page Personnel poste des informations utiles aux personnes en recherche d'un nouveau job et met en avant certains des postes à pourvoir chez ses clients. Pour les recrutements plus massifs (par exemple : 30 commerciaux de la grande consommation dans le Grand Est), le cabinet expérimente une nouvelle idée. "Afin de créer de l'émulation, nous mettons en place des jeux-concours, explique Laurent Blanchard, directeur exécutif. Les gagnants obtiennent des lots mais aussi l'accès à des entretiens". Les questions posées sont en lien avec l'entreprise qui recrute, les compétences demandées... Une manière ludique d'attirer les candidats, adaptée à ce que les internautes attendent de Facebook.

Les difficultés du sourcing

Diffuser des offres, c'est bien. Pourtant, on reste bien loin de ce que font les DRH ou les chasseurs de têtes sur LinkedIn ou Viadeo. Sur ces réseaux sociaux professionnels, les recruteurs recherchent des profils correspondant à un poste (contrôleur de gestion du secteur automobile avec 7 ans d'expérience et vivant en Franche-Comté). Et généralement, ils trouvent.

"Les recruteurs ne considèrent pas Facebook comme un outil de sourcing"

Or, cela reste très difficile sur Facebook. "Les recruteurs ne considèrent pas Facebook comme un outil de sourcing, estime Laurent Brouat, directeur associé de Link Humans, une société spécialisée en recrutement mobile et social, organisatrice des événements RMSconf et TruParis. Il y est difficile de trouver les bonnes personnes, à cause des résultats donnés par l'outil de recherche mais aussi parce que les informations professionnelles y sont peu présentes." Sur LinkedIn ou Viadeo, des carrières entières sont détaillées. Sur Facebook, on trouve généralement au mieux l'employeur actuel. Pas suffisant pour trouver la perle rare. Enfin, le réseau reste principalement utilisé à des fins privées. Les internautes hésitent probablement à y recourir dans le cadre de leur plan de carrière.

Graph search

Alors, Facebook est-il condamné à rester un simple média de diffusion d'annonces ? Certainement pas. Aux Etats-Unis, on semble avoir surpassé ces difficultés : les usagers ne rechignent ni à postuler ni à renseigner leur profil. Et un outil de recherche performant, le Graph Search, disponible outre-Atlantique mais pas en France, facilite la recherche des bons profils. "En Amérique du Nord, cela fonctionne assez bien pour les non-cadres : vous pouvez facilement trouver un serveur disponible dans votre ville, précise Laurent Brouat. Pour les profils plus qualifiés cependant, les recruteurs passent par LinkedIn."

"Si vous voulez contacter une cible, vous devez aller là où elle se trouve"

En France, des initiatives se lancent et semblent porter leurs fruits. Chez SGS, un groupe de contrôle et de certifications, l'équipe de recrutement entre en relation avec des utilisateurs de Facebook. "Si vous voulez contacter une cible, vous devez aller là où elle se trouve, explique Pauline Labet, chargée de recrutement. Je cible des profils intéressants à travers certaines pages ou certains groupes auxquels je participe activement."

Principalement utilisé pour trouver des stagiaires, Facebook permet d'échanger très rapidement avec les candidats, pour présenter le groupe, parler du poste et répondre aux premières questions. Une interactivité introuvable sur les jobboards et très rare sur les réseaux sociaux professionnels, où les membres ne passent qu'occasionnellement.

Directrice du développement RH de SGS, Isabelle Bernard s'est laissé convaincre. "Au départ, j'étais assez dubitative, reconnait-elle. Mais les premiers retours concernant les stagiaires recrutés sont très bons. Aujourd'hui, je pense que Facebook va devenir un canal de sourcing intéressant, y compris sur d'autres profils."

Le réseau social dispose de sérieux atouts : un gigantesque vivier de membres, des usagers très actifs et des mises en relations simples. Des atouts qui ne sont pas encore sérieusement mis au service des recruteurs. Combien de temps encore, la firme californienne se passera de ce levier de croissance ?