Pour en finir avec le stress au travail

Comment en finir avec le stress au travail ? Et bien tout simplement en ne parlant pas de stress au travail...

Cela peut paraître surprenant. Et pourtant, quand vous parlez de stress au travail, vous ouvrez inéluctablement le "bureau des plaintes". Puisque vous me demandez ce qui me stresse, je vais vous le dire... Et si vous me l'aviez demandé autrement, est-ce que cela aurait modifié mes réponses ? Bien sur que oui !

Diminuer le stress ou augmenter le plaisir : que préféreriez-vous ?

Il ne s'agit pas de ne pas évoquer ce sujet mais de l'aborder autrement. Trop de dirigeants regrettent d'avoir entrepris une démarche de ce genre pour la simple et bonne raison qu'ils ont à présent à répondre à une somme de reproches qui sont faits. Certains étant justifiés, d'autres non.
C'est bien connu, la question conditionne la réponse.
Par exemple, si l'on vous demande de choisir entre "diminuer votre stress" et "augmenter votre plaisir" au travail, que choisiriez-vous ?
Dit autrement, réduire le stress revient à être "moins malheureux" alors qu'augmenter le plaisir revient à "être plus heureux". Vous demander ce qu'il faut faire pour être plus heureux est autrement plus constructif que de partir à la chasse de ce qui rend malheureux.
Pour preuve, posez-vous la question "Qu'est-ce qui me procure le plus de plaisir dans mon travail ?". Il y a fort à parier que vous n'aurez pas les mêmes réponses que si l'on vous demande  "Qu'est-ce qui vous stresse le plus dans votre travail", non ?
C'est ce que nous avons fait auprès de centaines de salariés. Et nous avons compris que les facteurs de plaisir et de stress sont très nettement voire diamétralement différents.
Si vous voulez diminuer le stress, il vous faudra agir sur l'amélioration des conditions de travail (construire une salle de sport, mettre en place une conciergerie ou une crèche, aménager vos horaires, proposer des massages gratuits ou encore instaurer une "cellule d'écoute).
En revanche, si vous voulez augmenter les plaisir, il vous faudra améliorer les relations de travail, renforcer la collaboration, développer la convivialité et surtout explorer d'une autre manière l'emploi de vos collaborateurs car le facteur n°1 de plaisir au travail est lié aux " activités et responsabilités confiées" (inventer de nouveaux procédés, travailler en équipe, piloter un projet, chercher des informations, faire preuve d'originalité...).


Le management du plaisir au travail repose essentiellement sur l'analyse du niveau d'adéquation entre ce qui est confié au collaborateur et le plaisir qu'éprouve ce dernier à réaliser ses missions.

Du savoir-faire (compétences) à l'aimer-faire (appétences)

Puisque le premier facteur de plaisir au travail est lié aux activités confiées, comment faire pour savoir si ce que l'on confie aux collaborateurs leur provoque du plaisir ?
Le "référentiel des compétences" est là pour cela dirait un DRH des années 80. Faux, car ce n'est pas parce que vous savez-faire quelque chose que vous aimez pour autant le faire, non ? (Par exemple bien que diplômé en comptabilité, Roger déteste la comptabilité, mais il ne savait pas quoi faire d'autre à l'époque...
Et vous, amusez-vous à prendre une feuille blanche, tracez un trait à l'horizontal, puis un à la verticale. Vous avez donc une page à 4 cadrans.


Cadran "J'aime et je sais faire" :

Mentionnez dans le cadran en haut à droite, les activités que l'on vous confie que "vous aimez et savez faire" et demandez-vous comment les valoriser encore plus.

Cadran "J'aimerai faire mais je ne sais pas faire" :

Dans le cadran en bas à droite, indiquez les activités que "vous aimeriez faire mais que vous ne savez pas faire" (dans ce cas, que pourriez-vous faire pour les apprendre ?).

Cadran "Je sais faire mais je n'aime pas ou plus faire" :

En ce qui concerne le cadran en haut à gauche, rédigez les activités que vous savez-faire mais que vous n'aimez pas faire (elles représentent en général 10 % à 30 % du poste). Si vous percevez une augmentation de la démotivation d'un salarié, il y a fort à parier que les activités qu'il mentionnerait dans ce cadran seraient en quantité non négligeable. Nous ne vous rassurerions pas si nous vous disions qu'il serait fort probable, si la personne continue d'occuper la même fonction, que le nombre d'activités dans ce cadran risquerait d'augmenter de plus en plus. Rassurez-vous, c'est normal, cela s'appelle le "cycle de vie". Au début je suis hyper heureux de me voir confier ces activités, puis après cela m'ennuie, je tombe dans la routine, mais je ne sais pas quoi faire d'autre, à part aller voir la DRH pour qu'elle m'affecte sur un autre poste. C'est à elle de me rendre heureux. D'ailleurs c'est ce qu'elle nous a dit quand elle nous a présenté son nouveau service "gestion des carrières" (piège dans lequel sont tombés bon nombre de Direction des Ressources Humaines). 

Cadran "Je ne sais pas faire et je n'aimerai pas faire"

En ce qui concerne le dernier cadran, celui situé en bas à gauche, mentionnez les activités que vous ne savez pas faire et que vous n'aimeriez pas faire (pour ma part, c'est la prospection commerciale). Idéalement, il faudrait que cela ne dépasse pas 10 % de votre emploi. Mais comment faire si ce n'est pas le cas. Au risque d'être frustré ou stressé, nous vous invitons à en parler TOUT DE SUITE à votre manager, DRH...

Après les qualifications et les compétences, le temps des appétences est arrivé

Explorer l'amélioration du plaisir au travail nous amène à prendre conscience, qu'au-delà de la collaboration, qui est le second levier d'épanouissement au travail, il importe de responsabiliser les salariés sur ce qu'ils aiment et n'aiment pas faire car le management par les compétences n'a pas cet objectif. Le plaisir éprouvé par un travail est un ressenti, propre à chacun. C'est pourquoi l'identification des appétences appartient à chacun. Rares sont les personnes qui peuvent affirmer ce qui provoque le plus de plaisir (au travail) chez les autres, contrairement à la compétence qui peut facilement être appréciée par une tierce personne.
De plus, le but de la gestion des compétences est de savoir si vous savez faire ce que l'on vous demande (pas ce que vous aimez-faire, même si c'est un plus), parce que l'entreprise en a besoin et, si vous ne savez pas faire, d'aller en formation ou de changer de job (c'est un peu radical mais nous ne sommes pas loin de la réalité, non ? Combien de fois entend-on "Ca  ne te plait pas ? Aucun problème, la porte est ouverte ).
L'approche par les appétences, au contraire, a pour but d'identifier les activités qui vous procurent du plaisir et de voir dans quelles mesures il est possible de vous affecter sur des missions récurrentes ou occasionnelles, que ce soit dans le cadre d'une emploi ou d'un projet.
Evaluer le niveau de plaisir au travail évitera aux entreprises de dépenser inutilement de l'argent pour des salles de sport ou des conciergeries (qui provoque tout au plus de la satisfaction, voire qui risque de créer de l'insatisfaction si le dispositif est supprimé faute de succès - exemple réel : la construction d'un terrain de foot en salle où aucun salarié ne se rend car ils n'ont pas envie de rester au sein de l'entreprise quand leurs horaires sont faits) et permettra de s'engager dans une démarche d'innovation managériale dans la manière dont nous avons de valoriser les points forts de chacun et de les mettre au service d'un projet collectif. 

Après le temps des qualifications, des compétences, voici venu le temps des appétences

Dernier point, le plaisir généré par un travail est propre à chacun, il s'agit avant tout d'une démarche individuelle. Le plaisir professionnel collectif s'obtient par la somme des plaisirs professionnels individuels. Cette approche n'est pas nouvelle, elle est utilisée depuis des années dans le milieu sportif.
Comme l'a dit Claude Onesta, entraîneur de l'équipe de France de Hand Ball (équipe de France la plus titrée) "Je n'embauche pas les meilleurs talents mais les talents qui, ensembles, obtiendront le meilleur résultat.
Aussi, pour ceux qui regretteraient
de s'être engagés dans des démarches de prévention du stress, n'hésitez pas à tenter le défi de vous aventurer dans une démarche de développement du plaisir au travail. Cela coûte moins cher et, franchement, les salariés vous en seront reconnaissants.
Comme l'a dit Confucius "Choisissez un travail qui vous procure du plaisir et vous ne travaillerez pas un seul jour de votre vie".