Seed-Up, la hacker house d'un nouveau genre

Seed-Up, la hacker house d'un nouveau genre De jeunes diplômés spécialistes du digital qui vivent dans la même maison et qui conseillent de grands groupes. Le concept lancé par une start-up française se prépare à conquérir l'Hexagone.

C'est une maison bourgeoise située à Chatenay Malabry, une banlieue résidentielle des Hauts-de-Seine. Hormis des poules qui picorent dans le jardin, rien ne la distingue des autres habitations du quartier. Mais le profil des habitants est particulier. Au 10 Grande Voie des Vignes vivent 10 jeunes d'une moyenne d'âge de 24 ans. Diplômés d'établissements scientifiques comme Centrale ou l'Ecole 42, ces développeurs, ingénieurs ou designers ont fait de cette habitation nommée Seed-Up une hacker house.

Nées dans la Silicon Valley (crise du logement oblige), les hacker houses sont des espaces de coworking qui servent également de résidence permanente à une population travaillant en freelance dans le secteur de la tech. Elles permettent de partager une passion commune et de s'associer ponctuellement pour mener à bien des projets. Dans l'Hexagone, seuls deux acteurs sont positionnés sur ce marché, les français HackerHouse Paris et Seed-Up.

Mais Paul Poupet, qui a fondé Seed-Up en 2016, a choisi de pousser le concept encore plus loin en transformant la colocation en société à part entière : "L'idée est simple : les colocataires sont logés gratuitement dans la maison. Ils reçoivent même un salaire de 2 500 euros net chaque mois. Ils ont donc un statut de salarié et un logement garanti", explique le diplômé de Centrale Paris (qui se situe dans la même rue que la hacker house).

Total, Huawei ou le CNRS ont déjà fait appel à Seed up

En contrepartie, les résidents doivent consacrer 40% de leur temps de travail à des missions de consulting réalisées par la société Seed-Up. Plusieurs clients prestigieux font déjà confiance à Seed-Up : Total, Huawei ou encore le CNRS ont notamment choisi de confier à la start-up certaines missions d'architecture web ou de conseil en transformation digitale. "Nous créons ensemble de l'innovation et nous fonctionnons comme une société de conseil à part entière. Nos compétences et notre diversité nous permettent de répondre à de vraies préoccupations et de mener à bien des projets techniques en toute autonomie", s'enthousiasme Paul Poupet, qui ne souhaite toutefois pas communiquer sur le chiffre d'affaires de la société. Celui-ci pourrait toutefois être plus élevé qu'il ne l'est actuellement. Mais, c'est inscrit dans le contrat de travail des résidents : ces derniers peuvent utiliser 60% de leur temps de travail pour mener à bien des projets personnels.

Ceux-ci sont bien souvent menés en groupe et pour le compte de Seed-Up. "C'est collectivement que nous avons par exemple réussi à créer Moore, un système d'architecture de données qui permet d'augmenter les capacités de stockage des entreprises", expose Paul Poupet. L'équipe de Seed-Up est également à l'origine de Bethesound, un service permettant de synchroniser des appareils audio ou encore de ADCV un programme qui a pour objectif de maximiser le taux de regard des publicités. Bien entendu, les résidents peuvent également utiliser les ressources techniques et humaines de la résidence pour mener à bien des projets totalement personnels.

"Au cours de l'année 2017, nous allons ouvrir deux nouvelles maisons en province"

Le concept développé par Seed-Up attire de nombreux candidats. Paul Poupet confie recevoir une centaine de candidatures pour une seule place, le tout sans mener d'actions de communication. "Cela nous oblige à mettre en place un processus de sélection très rigide qui passe par des tests en ligne où nous vérifions des compétences techniques par exemple en matière d'intelligence artificielle ou de programmation. Puis ceux qui réussissent cette étape rencontrent les autres locataires qui font leur choix. Je pense que notre concept répond aux besoins d'une nouvelle génération qui ne recherche pas un CDI dans un grand groupe, mais qui ne se retrouve pas non plus dans le monde des freelances qui comporte une certaine part de solitude".

Heureusement pour les candidats, le nombre de places devrait sensiblement augmenter en 2017. Seed-Up a ouvert une nouvelle maison de dix places à Saint Cloud il y a deux mois. "Au cours de l'année, nous avons l'intention  d'ouvrir deux nouvelles maisons en province". Si la direction de Seed-Up se refuse pour le moment à donner le nom des villes choisies, elle indique que les maisons seront situées à proximité d'établissements scientifiques de haut niveau.