De nouvelles armes face au fléau du sexisme en entreprise
Alors que 80% des femmes subissent le sexisme au travail et qu’elles gagnent 24% de moins que les hommes, des communautés féministes organisent une riposte innovante.
La note globale tient compte autant de l’écart de salaire à
poste égal que de toute différence de promotion ou d’augmentation liée au sexe
en tenant compte du congé maternité (qui fait déjà l’objet d’une loi de 2006) ou
encore de la représentation des femmes au sein des plus hautes rémunérations.
La ministre n’entend pas divulguer le nom des cancres avant mars 2020 (aujourd’hui la plus mauvaise note descend à 45/100) et se réjouit que cette mesure ait déclenché "une dynamique" parmi les entreprises pour – enfin – mesurer la discrimination et s’en occuper. Selon Muriel Pénicaud, beaucoup de patrons "n’avaient pas pris la mesure de la situation et sont désormais résolus à agir", convaincus que "leur réputation et leur capacité à attirer des talents" sont liées à leur image "égalitaire". Une vision positive de la lutte contre l’inégalité partagée par le Medef, qui perçoit la note de l’index comme "un outil pour progresser" plutôt qu’un "couperet".
Seulement 14% des dirigeant.e.s sont des femmes
Le ton est donc donné. Maintenant, place aux actes, car ces données, issues du monde économique, confirment des inégalités bien ancrées. Certes, Christine Lagarde dirige le FMI et Ursula von der Leyen s’apprête à faire de même pour la Commission européenne, emboîtant le pas à Angela Merkel ou d’autres femmes de premier plan. Mais aujourd’hui, à part Isabelle Kocher, qui pilote Engie et Sophie Bellon, présidente de Sodexo, aucune autre femme ne dirige une entreprise du CAC 40.
Seulement 14% des sociétés françaises ont une patronne. Les femmes gagnent toujours en moyenne 24% de moins que les hommes et partiront en retraite avec une pension 42% plus faible qu’eux. Au-delà des considérations de rémunération, 80% d’entre elles sont confrontées au problème du sexisme au travail, selon une étude du conseil supérieur pour l’égalité professionnelle, tandis qu’à la maison c’est toujours elles qui assurent 70% des tâches ménagères.
Plus de 5000 milliards, c’est ce que pourrait rapporter à l’économie mondiale une plus grande égalité entre les femmes et les hommes au travail
Après les manifestations féministes de la génération précédente, nous les femmes de 2019, lançons de nouvelles pistes pour nous défendre et faire avancer l’égalité des sexes. Communautés en ligne, blogs, partages d’expérience, ateliers d’inspiration et de conseils, tiers-lieux, coaching… Il n’a jamais été aussi facile de se connecter, de se rencontrer, d’apprendre, d’échanger des idées et des bonnes pratiques, aussi bien en ligne que dans la vraie vie. La force du changement viendra du collectif.
Ne plus être victime de sexisme, faire avancer l’égalité hommes-femmes dans vos équipes, réclamer une augmentation de salaire pour atteindre la rémunération de vos collègues masculins, revenir de congématernité sans ressentir que votre travail n’a pas avancé et qu’il va falloir redoubler d’effort... Voilà des sujets concrets qui concernent tout le monde en entreprise, et pour lesquels les femmes doivent être mieux armées, mieux préparées.
La lutte pour l’égalité est d’abord éthique, morale et fondée sur le respect mutuel, mais est aussi économique : il est démontré que davantage d’égalité entre les sexes au travail serait largement bénéfique à l’économie mondiale : l’Organisation internationale du travail (OIT) chiffre ce gain à plus de 5000 milliards d’euros. Alors aux armes, citoyennes !