Stop au recrutement compulsif : les entreprises doivent se réinventer

Recruter a toujours été compliqué pour les entreprises et ça l'est d'autant plus aujourd'hui en raison des nouvelles attentes des salariés post crise sanitaire. Démissions en série, pénurie de profils … les entreprises vivent une période charnière et doivent redoubler d'effort et d'ingéniosité pour répondre aux besoins des collaborateurs. Alors, le recrutement tel qu'on le connait est-il voué à disparaître ?

Des salariés toujours plus exigeants face à des entreprises perdues

C’est un fait rare pour le noter, sur la période d’octobre à décembre 2021, la prévision nette d’emploi (différence entre la part des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs effectifs et les entreprises qui prévoient de les diminuer) est de +37% selon le baromètre Manpower. Les intentions d’embauches n’ont jamais atteint un tel niveau alors que le marché du travail fait actuellement face à réelle pénurie de main d’œuvre. En effet, et toujours selon le même baromètre, près de 64% des employeurs français peinent à trouver et recruter les bons candidats du fait du manque de profils qualifiés. Une situation paradoxale qui place les entreprises dans une course effrénée aux talents très coûteuse et pas forcément fructueuse.

Une problématique renforcée par la crise sanitaire et le rôle qu’elle a joué sur les attentes et les exigences des collaborateurs vis-à-vis de leur emploi. En effet, les périodes de confinement que nous avons traversées ont poussé les travailleurs à produire une réflexion qui porte aussi bien sur leurs conditions de travail que sur leurs missions. Quand certains aspirent à un autre cadre de vie, via le télétravail notamment, d’autres sont en quête de sens dans leurs tâches (et parfois les deux en même temps). Un phénomène qui peut aboutir à une fuite des talents, lesquels sont tentés d’adopter une posture de plus en plus sélective envers le marché du travail.

L’ère de la Great Resignation est-elle aux portes de nos entreprises ?

La question relative aux nouvelles attentes des collaborateurs, non sans être nouvelle, prend désormais une ampleur à même d’inquiéter les entreprises dans leur stratégie. Le cas de la Great Resignation aux États-Unis, désignant une vague de démissions très importante chez les travailleurs américains depuis le début de l’année 2021, pose de sérieux problèmes aux entreprises qui doivent comprendre ces mouvements de fond pour proposer autre chose à leurs salariés. Si nous n’en sommes pas arrivés à ce niveau en France, la menace d’une telle configuration plane et les entreprises se doivent de proposer de nouvelles perspectives aux collaborateurs, via la mobilité interne notamment, afin de rester attractives.

L’objectif est de fournir aux salariés les moyens de se projeter dans l’entreprise et non pas en dehors de celle-ci. C’est maintenant que les managers doivent engager une révolution copernicienne et interpeler leurs collaborateurs : « avant de partir, regardez ce que l’on pourrait vous offrir ». Il ne s’agit pas seulement de mobilité verticale mais aussi de mobilité horizontale, transverse ou fragmentée qui permet, dans ce dernier cas, d’être mobilisé sur différents projets tout en conservant son poste. Les solutions sont donc multiples pour tirer parti au mieux des compétences présentes en interne. Et s’il convient de ne pas arrêter la machine du recrutement, il semble essentiel de l’ajuster pour ne pas tomber dans un cercle vicieux où celle-ci génère plus de coûts que de bénéfices.

Repenser le rôle des RH pour un management plus proche

Pour répondre aux attentes et besoins des collaborateurs, la proximité et la qualité du dialogue avec les RH sont essentielles pour entamer et valoriser des projets de mobilité interne. C’est une dynamique qui se veut de plus en plus prégnante au sein des entreprises et la crise sanitaire l’a très clairement accélérée. De fait, un nombre croissant de sociétés redonnent à leur service RH un rôle de recruteur interne pour accompagner la mobilité. Il s’agit de fournir aux managers les moyens de trouver des ressources nécessaires pour aider les collaborateurs à se procurer des opportunités.

Un management plus proche qui tend à s’inscrire dans le temps et notamment vis-à-vis des jeunes générations dont la versatilité peut conduire à un turnover excessif. Les entreprises auraient donc tout intérêt à mobiliser leur engagement dès le début pour éviter de subir les conséquences d’un recrutement qui serait plus palliatif que productif.