7 conseils pratiques pour rédiger un CV optimisé pour l'IA

7 conseils pratiques pour rédiger un CV optimisé pour l'IA Sur la forme comme sur le fond, il convient de respecter un certain nombre de prérequis afin de s'assurer que son CV sera lu et retenu par les systèmes automatisés d'IA. Voici les conseils avisés d'experts RH.

Vous avez envoyé votre candidature à la société de vos rêves et vous attendez une réponse ? Sachez qu'il y a de fortes probabilités que votre CV soit "lu" la première fois par une machine, du moins dans les grandes entreprises. La quasi-totalité d'entre elles recourent à un système ATS (Applicant Tracking Systems) pour opérer une présélection des candidatures. Le taux d'adoption s'élève à 97,8 % chez les compagnies du Fortune 500 selon une étude de Jobscan.

Avec les apports de l'IA générative, ces logiciels ATS ne se contentent pas de scanner un CV et d'en extraire des mots-clés pour établir un "matching" entre le profil du postulant et les attentes du recruteur. Afin d'évaluer plus profondément la pertinence du profil par rapport aux besoins spécifiques du poste convoité, ils procèdent à une analyse contextuelle des expériences et des compétences y compris des compétences comportementales (soft skills) plus difficiles à formaliser.

En rédigeant son CV, un candidat doit avoir ces nouvelles contraintes en tête. Il serait dommage de voir sa candidature rejetée avant même qu'un recruteur s'en saisisse tout simplement parce que la machine n'a pas réussir à la "lire" ou que le score de confiance obtenu est trop faible.

Jouer la carte de la sobriété

Mauvais nouvelle pour les esprits créatifs, l'IA privilégie la clarté et la sobriété à l'originalité. Parcourant le CV de gauche à droite et de haut en bas, les systèmes ATS se perdent dans les mises en page complexes et sophistiquées. Les tableaux, les colonnes ou les encadrés sont perçus comme autant d'obstacles à l'analyse. De même, les caractères spéciaux, les images, les textes flottants ou les liens hypertextes perturbent les robots. Les mots en couleur ou un texte blanc sur fond noir sont également à bannir. En revanche, les listes à puces qui facilitent la lecture des ATS sont recommandées.

"Privilégiez une typographie claire et simple avec des polices de caractères courantes de type Arial, Calibri ou Times New Roman sans mise en forme particulière comme du texte en italique", complète Christine McKay, conseillère Apec. Autre interdit : mettre un logo à la place du nom d'une entreprise ou d'un organisme de formation, cette image ne sera tout simplement pas lue. De quoi frustrer les adeptes de CV originaux qui espéraient ainsi sortir du lot. "Il est possible de créer une section plus créative si, dans le reste du document, les informations essentielles sont présentes", rassure Patrice Poirier fondateur et CEO de l'éditeur Sigma RH.

Revenir à un format traditionnel

Alors que, suivant la tendance anglo-saxonne, le CV avait tendance à s'étaler sur deux voire trois pages, il convient de revenir au bon CV français et de s'en tenir à une page. Concis, clair, sans fioritures, axé sur les chiffres et les réalisations, le CV dit "finance" est aussi apprécié par les algorithmes. "Leur structure permet aux ATS de repérer facilement les compétences clés, augmentant ainsi leurs chances de passer l'étape cruciale du tri automatisé", observe Laurent Girard-Claudon, fondateur du cabinet Approach People Recruitment.

Le format sous lequel est enregistré le document a également son importance. "Il peut être rédigé depuis un traitement de texte, comme Word, puis exporté en PDF pour s'assurer que la mise en forme restera intacte", conseille Christine McKay. Attention de ne pas envoyer de PDF dit "image", non éditable. Illisible, le robot ne pourra en extraire aucune information.

Structurer son CV avec des entrées explicites

Dans la structuration du CV, il convient, là encore, de se conformer à la tradition. On retrouvera, dans le titre du document, l'intitulé du poste recherché puis les entrées classiques que sont les expériences professionnelles, les compétences et la formation. Le nom de ces rubriques est écrit en gras. "L'IA a le niveau d'analyse d'un adolescent de 15 ans, il faut lui faciliter la lecture du document, rappelle Patrice Poirier. A la rubrique expérience, elle s'attend, par exemple, à trouver, le poste occupé, le nom de l'entreprise et des dates d'entrée et de sortie qui lui permettront de calculer la durée".

Au rayon des compétences, il convient de mentionner, outre les compétences techniques, les langues parlées ou les logiciels pratiqués. "La maîtrise d'outils d'IA est un atout à préciser tout particulièrement dans les métiers du numérique", note Christine McKay. En ce qui concerne les formations, on indiquera les certifications indispensables à l'exercice du poste convoité et les formations continues suivies. "Pour la formation initiale, mentionnez le dernier diplôme obtenu sans toutefois remonter jusqu'au Bac", poursuit la conseillère de l'Apec.

Donner des éléments factuels et chiffrés

Grâce aux progrès de l'IA, les outils de recrutement permettent de mieux identifier les compétences des candidats et surtout les compétences comportementales (soft skills) plus difficiles à identifier. "Plutôt que de proposer un descriptif de poste de chacune de ses expériences, le candidat mettra en avant sa valeur ajoutée, ses réalisations marquantes", estime Christine McKay. Le CV se concentrera pour cela sur des éléments factuels et synthétiques avec des données chiffrées comme les résultats obtenus ou le nombre de personnes encadrées.

"Un candidat qui met en avant son talent de leadership doit le relier à une expérience de management, confirme Patrice Poirier. Il en va de même pour la gestion de projet." Pour Laurent Girard-Claudon, "les soft skills font soit l'objet d'un paragraphe à part soit sont intégrées dans les autres catégories et notamment dans la rubrique expériences. Un candidat précisera, par exemple, que c'est son esprit d'équipe qui a lui permis de réussir tel projet."

Intégrer les bons mots-clés

Comme les méta-tags qui optimisent le référencement naturel d'un site web, il faut intégrer dans son CV des mots-clés bien choisis qui se rapportent au métier et au secteur d'activité. Autant que possible, le candidat reprendra les mots-clés contenus dans l'offre d'emploi afin d'être aligné avec le champs lexical du recruteur. "Si une compétence SQL est demandée dans l'annonce, on indiquera SQL plutôt que base de données relationnelles", illustre Patrice Poirier.

Cette nécessaire personnalisation suppose de partir d'un CV générique et de l'adapter en fonction du poste convoité. Attention également à ne pas chercher à duper l'IA en insérant des mots-clés invisibles, écrits en blanc sur fond blanc. "Le robot y verra une tentative de tromperie, baissera son indice de confiance voire rejettera la candidature", prévient Patrice Poirier.

Demander son avis à ChatGPT

Qui mieux qu'une IA pour savoir si votre CV est optimisé pour l'IA ? Nos experts RH conseillent de demander son avis à un outil d'IA générative comme ChatGPT d'OpenAI, Gemini de Google ou Perplexity. Voici mon CV et l'annonce à laquelle je postule. Qu'est-ce que je dois modifier pour être plus pertinent ? A partir des premières pistes d'amélioration, le candidat peut challenger l'IA afin de rendre son CV plus percutant, développer telle formation ou traduire un paragraphe en anglais.

"Pour cela, il faut composer le bon prompt, rappelle Christine McKay. L'IA doit se mettre dans la peau d'un recruteur français - sinon, par défaut, il se considéra comme un employeur anglo-saxon – en spécifiant bien le métier et le secteur d'activité." Sur son site, l'Apec propose un prompt prêt à l'emploi pour un CV "ATS friendly".Christine McKay déconseille, en revanche, d'utiliser des applications de scan de CV de type CVwolf, qui établissent un score de compatibilité avec les ATS. "Ils sont conçus pour un contexte international."

Selon Laurent Girard-Claudon, l'IA peut aider les profils atypiques à donner une cohérence d'ensemble à leur projet professionnel. "Un candidat peut avoir un parcours décousu, non linéaire. Ce n'est pas un problème si on parvient à l'expliquer. Il ne faut pas laisser des points d'interrogation et un blanc de trois ans sur un CV".

Attention toutefois à ses données personnelles. En passant par des outils d'IA grand public, vous vous exposez à rendre des informations sensibles publiques comme votre état-civil. Il est conseillé de soumettre une version tronquée de son CV sans nom, adresses mail et postale ou numéro de téléphone. Enfin, il ne faut pas prendre pour argent comptant les résultats de l'IA et conserver un esprit critique. Dans le ton, candidat doit aussi se reconnaître, s'approprier le rendu final pour ne pas dénaturer sa personnalité.

Ne pas oublier l'humain derrière le robot

Dernier conseil : ne pas oublier, qu'après le robot, il y a un humain, fait de chair et d'os, qui prendra ou non la décision de convoquer le candidat présélectionné à un entretien d'embauche. Le CV doit s'adresser à lui avant tout. Laurent Girard-Claudon conseille ainsi d'utiliser les mots-clés avec parcimonie. "Gonfler un CV de mots-clés rend sa lecture indigeste par le recruteur. Il faut trouver le bon équilibre."

Côté employeur, l'ATS doit, selon lui, se cantonner à son rôle de prétraitement. "Un processus de recrutement entièrement déshumanisé ne donnerait pas envie à un candidat de rejoindre une entreprise". Par ailleurs, si les tests techniques sont conçus par une IA et que le candidat utilise une autre IA pour les passer, c'est un jeu à somme nulle.

Enfin, Christine McKay conclut en rappelant que les technologies évoluant très vites, les conseils d'aujourd'hui ne seront peut-être plus les mêmes demain. "Il convient donc de faire évoluer son CV tout au long de sa carrière et de se tenir informé des évolutions des pratiques de recrutement."