Angoissé(e) ? Réussissez à faire le vide

Vos angoisses vous suivent tout au long de la journée, si bien que vous finissez par vous y habituer. A les confondre avec votre propre pensée et à les prendre en compte dans vos décisions. Sachez les mettre de côté.

Sphère privée et sphère professionnelle sont bien souvent envahies par leurs lots d’angoisses journalières. Et souvent le professionnel déborde sur la vie privée et le privé sur la vie professionnelle. Si au travail, pris dans des tâches cognitives, nous arrivons plus ou moins à nous concentrer, de retour à la maison notre esprit, sans catalyseur, vogue d’une pensée anxiogène à une autre.
« Je ne vais pas finir mon travail à temps », « je n’atteindrai pas ma target », « j’ai de mauvais rapports avec untel », «  j’ai un salaire insuffisant » ; ou toutes les autres angoisses relatives à votre vie personnelle : « Je ne suis pas satisfait de ma vie », « j’aurais dû… je n’aurais pas dû… » !
Ces pensées qui vous suivent jusqu’à la fin de votre journée, issues de votre monde du travail, vous poursuivent jusqu'à l’intérieur de votre intimité.
Si votre temps est découpé entre le temps passé au bureau et celui passé chez vous, le temps du psychique, lui, est constamment pris dans votre flot d’angoisses. C’est ce qui vous use, vous épuise, et contribue à votre incapacité à gérer stress et pression.  Pour maîtriser vos angoisses, investissez vos moments de transition.

Moments de transition

Les moments de transition sont ceux où l’on passe d’un état à un autre. Le matin avant d’aller au travail. Le soir lorsque vous quittez votre lieu professionnel. Entre midi et deux lorsque vous prenez votre pause hors de votre travail. La nuit avant de vous endormir, ou le matin au réveil. Tous ces petits moments pourraient être un sas mais ils deviennent vite le réceptacle de vos angoisses.
Du coup le soir vous êtes mutique devant votre télé, vous fuyez les discussions. La communication avec vos proches tourne autour de bricoles de la vie quotidienne, tandis que ce qui vous tracasse reste au fond de vous, bien tranquille à tourner en rond.
Lorsque vous sentez que des pensées vous préoccupent ou que vous n’êtes pas tranquille, prenez un temps pour vous, durant une de ces phases de transition, pour couper d’avec votre travail et vous attarder sur une autre activité. Par exemple, lorsque vous finissez votre boulot, prenez quelques minutes pour lire le journal, jouer sur une application de votre smartphone, écouter de la musique. Si vous avez plus de temps, faites un sport, ou une activité relaxante. Mais ne rentrez pas directement chez vous si vous sentez que votre lot d’angoisses journalières vous suivra.

Cassez vos routines

Les angoisses sont des pensées subjectives qui spéculent généralement sur un possible problème à venir, sans objet précis ; contrairement à la peur, qui est « peur de ». On en à tous. Plus ou moins fortes, plus ou moins lucides. Parfois c’est notre être entier qui est anxieux, et c’est cette anxiété, cette énergie diffuse, qui se dépose à peu près partout dans nos vies. La première étape est de les repérer. Le contexte dans lequel elles se développent, les moments de la journée où vous vous sentez le plus embourbé dans des pensées de ce type.
Si vous repérez qu’un moment de la journée est plus anxiogène qu’un autre, cassez votre routine. Souvent nous avons tendance à répéter les mêmes choses jour après jour et cela même lorsque l’on sent que ce comportement est fruit de l’insécurité.
Vous vous sentez mal le matin, au lever, sans savoir pourquoi ? Changez vos routines de réveil.
Prenez le petit-déjeuner dehors, lisez un livre qui vous passionne, levez-vous plus tôt et allez courir avec votre chien. Tous les moments qui revêtent pour vous une tournure anxiogène sont autant de scénario à modifier, jusqu'à ce que vos pensées soient moins infiltrées par vos angoisses. Il ne s’agit pas de fuir, au contraire, il s’agit d’être actif. Car on est là où l’on a décidé d’être. Si vous continuez jour après jour à rentrer directement du bureau angoissé par votre journée et par celle qui s’ensuit, ou que vous choisissez de vous réveiller tous les matins dans la même routine, c’est vous et vous-même qui choisissez de suivre un chemin qui favorise l’apparition de vos angoisses.

Vos angoisses ont une histoire

Les angoisses sont toujours issues de votre vécu. Si vous angoissez continuellement à l’idée de conduire, ce n’est pas parce que vous raisonnez sur la réalité mais parce que, dans votre vécu, vous raccrochez la voiture à quelque chose de dangereux. Les liens qui vont ont mené à cette association sont dans votre histoire de vie psychique. Tout comme quelqu’un qui angoisse à l’idée d’un meeting.
Ce n’est pas la réunion et les enjeux objectifs qui lui fournissent ce stress mais l’idée qu’il se fait de son possible échec. Et l’idée de son possible échec liée au meeting est aussi issue de son histoire de vie psychique.
Pourquoi psychique ? Parce que la réponse ne se trouve pas forcément dans votre vie concrète jour après jour, mais dans ce que vous avez vu des autres (vos parents, vos amis d’enfance, des professeurs, l’université). Vos associations se sont faites dans toutes les sphères que vous avez fréquentées, ou seulement côtoyées, depuis que vous avez ouvert les yeux sur ce monde.
Cette femme qui ne veut pas conduire associe peut-être « voiture » et « danger » parce que, petite, elle a été témoin d’un accident de l’autre côté de l’autoroute. Elle n’accède pas à ce souvenir puisqu’il a été traumatique, et pourtant il régit un petit bout de sa vie. Idem pour cet homme qui est stressé à l’excès à l’idée des meetings. Il n’en a jamais raté un, mais pour lui toute réunion est le risque de s’y prendre mal, car, dans son inconscient, il existe cette association entre « les autres », comme une masse indistincte, et « l’échec ».
Pour remonter le fil de vos associations, pensez à la situation qui génère angoisse pour vous et notez toutes les pensées qui s’enchaînent durant les cinq minutes qui suivent. Même si cela vous semble déconnecté ou sans lien, notez tout sur un papier. Dans cette avalanche de mots que vous coucherez sur le papier, se trouvera un peu de ces connexions qui vous habitent sans que vous en ayez conscience.

Regardez vos angoisses bien en face, ne les fuyez pas

Une fois que vous aurez repéré le contexte qui favorise l’apparition de vos angoisses, ne luttez pas contre ces pensées. Ne cherchez pas à les évacuer d’un « je n’y pense pas », car elles seront toujours bel et bien en vous. Au contraire, laissez vos pensées anxiogènes vous traverser, et analysez-les.
Ne les combattez pas, domptez-les. Si par exemple le matin des pensées à teneur négative vous envahissent, prenez-en note et cherchez à mettre des mots sur ce que vous craignez. Puis, dans le déroulement de la journée, il y a fort à parier que jamais la situation ne dégénérera comme vous l’aviez imaginé. Car l’idée que l’on se fait des choses est toujours pire que la réalité.
Le soir prenez conscience qu’aucune de vos craintes, de vos attentes ainsi construites, ne s’est déroulée comme vous l’aviez imaginé. Ce travail vous aidera, à la longue, à ne plus vous fier à vos angoisses et à comprendre qu’elles ne sont jamais un pressentiment, elles n’ont pas le pouvoir de déclencher quoi que ce soit, mis à part celui d’inhiber votre personnalité si vous y prêtez une attention particulière.

Si cette stratégie ne marche pas sur vous, apprenez alors à les affronter, ces pensées, ces angoisses, à travers la méditation. Lorsque vous sentez que vos angoisses toquent à la porte de votre conscience, interrompez d’emblée avec un exercice de méditation simple. Respirez une dizaine de fois en suivant le déroulement de votre souffle. Créez-vous une imagerie mentale positive. Bref,concentrez votre esprit sur une activité intérieure qui vous aidera à couper avec le brouhaha anxiogène de votre pensée.
Évitez dans ces moments la télé ou autre support visuel qui ne vous aide pas à faire le vide, au contraire, et donne l’occasion à vos angoisses de continuer à s’installer sans que vous en ayez conscience.