Matthieu Chéreau (Tigerlily) "La communication sur Facebook peut être un travail fastidieux"

Tigerlily a lancé en décembre 2010 une plate-forme permettant aux annonceurs de maitriser leur communication sur Facebook. Un marché en plein boom.

JDN. Quels atouts Tigerlily apporte-t-elle aux marques pour leur communication sur Facebook ?

Matthieu Chéreau. Tigerlily est une plateforme qui permet aux marques de gérer de manière automatisée des applications sur Facebook. C'est une tâche techniquement pointue et fastidieuse que beaucoup de marques ne savent pas ou ne veulent pas prendre en charge. Outre le travail de présentation de l'entreprise, avec des photos et des vidéos, nous leur proposons notamment un outil de dialogue avec les fans qui leur permet de publier des messages, mais aussi de surveiller les commentaires des utilisateurs, de contrôler les éventuels écarts etc. Yves Saint Laurent a créé un onglet avec notre outil, "My YSL Experience", qui interroge les fans sur ce qu'ils pensent du parfum "Touche Eclat", ou ce qu'ils ont vécu lors d'un évènement qui a eu lieu Boulevard Haussmann au mois de novembre 2010. En même temps, nous voulons montrer aux marques qu'il n'y pas besoin d'un développeur pour faire quelque chose de performant sur Facebook.

Est-ce qu'un community manager ne suffit pas ?

Tigerlily apporte une fluidité à la gestion des modules. Virgin, qui a utilisé notre plateforme pour implémenter une option que seuls les fans peuvent voir – il s'agit de rendez-vous pour les fans – dispose d'un community manager, mais il a eu recours à notre outil car il facilite la mise en place du service. Il permet de modifier la disposition des modules et les contenus très facilement. D'autre part les agences de communication proposent généralement un processus manuel, donc plus long.

Outre l'animation des pages, que conseillez-vous pour recruter des fans ?

C'est l'autre grand volet de notre offre. Notre outil permet d'organiser des campagnes de bons de réductions ou d'invitations réservées aux fans. Seuls les visiteurs qui "likent" la page de l'entreprise ont accès à ces offres. Or ce sont des procédés très favorisés par les entreprises car ils permettent de récolter les informations personnelles des fans. Un internaute qui clique sur le bouton "like" d'une marque voit s'afficher un message lui demandant s'il accepte de dévoiler ses données privées. La marque a ainsi accès aux profils complets des utilisateurs. Cela leur permet ensuite de mieux cibler les offres ou les messages.

Proposez-vous un outil d'analytics ?

Oui. Outre les données personnelles, Tigerlily donne la possibilité de repérer les membres le plus actifs, quels sont les heures de la journée où il y a le plus de messages, ou encore les pages préférées des internautes.

Comment démarre une campagne de communication autour d'une offre commerciale sur Facebook ?

C'est simple il faut publier l'offre sur le mur de la page fan. Notre outil "Wall Manager" permet de faire cela. Les fonctions de partage du réseau font le reste.

Les marques viennent-elles vous voir avec une exigence de rentabilité ?

Oui, c'est dans cette optique que nous avons conçu Tigerlily. Le back office permet une coordination des pages mais aussi d'établir des statistiques. Mais chaque marque a sa problématique. Dans une campagne menée avec l'agence Performics, le groupe M&M's France a fait appel à Tigerlily. En 18 jours, la marque est passée de 72 000 à 138 000 fans. En 2009, Tigerlily a permis d'élaborer une page fan pour un magasin de skates à Montpellier. Il s'en est suivi une augmentation de 10 % de ses ventes via Facebook.

Avez-vous des concurrents directs ?

En France pas à ma connaissance. Les agences ne proposent pas une gestion automatisée des applications. Il y a des acteurs aux Etats-Unis, mais ils font généralement des études de faisabilité qui prennent du temps, et les prix ne sont pas toujours transparents.

Comment Tigerlily se rémunère-t-il ?

Nous sommes une plateforme "libre service". Les marques choisissent les instruments qui les intéressent. Les prix sont affichés. Dans un premier temps les marques font des tests pour optimiser les coûts. Après nous délivrons des licences mensuelles ou annuelles. Les marques sont en générales demandeuses de contrats à long terme car une page fan demande un suivi.

Est-ce que vous pensez à vous diversifier sur d'autres réseaux sociaux ?

Nous travaillons actuellement sur Twitter. Ce n'est pas encore un réseau pertinent pour les marques, car il s'agit d'un public d'initiés du web. Depuis le cas Dell aux Etats-Unis, qui avait transposé une partie de son service après-vente sur le site, il n'y pas beaucoup de cas signifiants. Mais nous regardons avec attention comment cela évolue.

Matthieu Chéreau est P-dg de Tigerlily et associé de HappyFannie. Successivement chargé d'études (ministère de la Culture, Google), critique (Cahiers du Cinéma), sélectionneur (Festival de Cannes), community manager (Eyeka), il est spécialisé dans les médias sociaux et les nouveaux médias. Il conseille des groupes du CAC 40. Diplômé de Sciences-po Paris, il est à l'initiative du portail Communitymanagementjobs.fr.