Avec Bolero Music et la blockchain, tout le monde peut investir dans la musique

Avec Bolero Music et la blockchain, tout le monde peut investir dans la musique Le nouveau produit de la start-up française, Song Shares, permet d'acheter des parts d'un morceau d'un artiste, et de toucher des royalties en fonction du succès de celui-ci.

Ces dernières années, plusieurs start-ups issues de l'écosystème Web3 se sont développées avec l'ambition de révolutionner notre manière de consommer de la musique. Audius, Pianity ou encore Opulous proposent par exemple différents modèles reposant sur la blockchain. Pour tenter de se démarquer, la plateforme française Bolero Music, fondée en 2022 par William Bailey et Arthur Amon, a lancé en début d'année un nouveau modèle, baptisé Song Shares.

Celui-ci permet d'acheter une fraction du master d'un morceau de musique, et de toucher ensuite des royalties en proportion de son investissement et du nombre d'écoutes. Cela inclut les revenus des ventes physiques, des ventes numériques, des placements (quand une chanson est utilisée dans un film, une émission de télévision, etc.), et bien sûr du nombre d'écoutes sur les plateformes de streaming ainsi que sur YouTube. En d'autres termes, les fans deviennent des investisseurs, acquérant une part de la propriété intellectuelle de la chanson.

Rilès et Agoria en têtes d'affiche

Le 30 juin dernier, Bolero Music a procédé à la toute première distribution de royalties, avec le premier paiement de royalties pour la chanson "Brothers" du rappeur français Rilès. "Nous avons collecté les revenus du 1er février au 30 avril", détaille William Bailey, le CEO de Bolero, au Journal du Net. "L'investissement dans ce morceau certifié platine et sorti en 2016 a généré un retour sur investissement de 9,2% sur un an".

Le DJ et producteur de techno français Agoria a également participé au lancement de ce nouveau modèle. Le modèle adopté ici est sensiblement différent, puisqu'il s'agissait d'un morceau composé spécialement pour l'occasion, "Agorians". "La sortie d'Agoria a constitué pour nous un tournant majeur, car c'était le premier enregistrement master dont les royalties ont été distribuées à 100%", explique William Bailey.

De plus, Agoria, qui est également un artiste visuel qui produit des NFT, avait souhaité distribuer la majorité des revenus à ses collectionneurs. "Sur les 2500 parts créées, 265 ont été vendues en 6 heures, et le reste a été réclamé par les collectionneurs, à 80%", explique William Bailey. Habituellement, les artistes partagent entre 5% et 15% des droits de leurs morceaux.

William Bailey tire ainsi des enseignements positifs de ce lancement. D'une part, l'exemple de Rilès a démontré selon lui qu'il était possible d'exploiter le catalogue des artistes en proposant d'investir dans des morceaux sortis il y a plusieurs années. Et d'autre part, le partenariat avec Agoria a démontré qu'il était possible de faire le lien entre la musique et le Web3. "Dans ce projet, nous avons collaboré avec le distributeur du label d'Agoria, plusieurs médias musicaux et différents points de relais dans l'industrie", explique le dirigeant.

Galvanisé par ce lancement qu'il considère comme réussi, William Bailey a déja plusieurs pistes de développement en tête. "Nous étions principalement concentrés sur le hip hop jusqu'à présent, mais nous commençons à nous engager avec des artistes techno et électro", dit-il. La start-up vise également un déploiement à l'international, avec l'Afrique subsaharienne, le Canada, l'Angleterre et les États-Unis en ligne de mire.

Avec les Song Shares, William Bailey veut croire que Bolero a désormais trouvé un véritable cas d'usage du Web3, dans un secteur doté d'un potentiel immense: "Cela peut favoriser l'adoption, introduire un nouvel outil dans le modèle économique des artistes, et répondre aux besoins du consommateur de musique moyen et des fans".

L'objectif ultime est ambitieux, puisqu'il s'agit ni plus ni moins d'inventer un nouveau modèle pour l'industrie musicale, décentralisé, ou les artistes gagneraient davantage sur les ventes et où leurs fans gagneraient également de l'argent au lieu d'en dépenser. A ce jour, plus de 30 artistes ont rejoint l'aventure, et d'autres pourraient suivre, selon William Bailey, qui laisse entendre que de grosses annonces pourraient intervenir à la rentrée.