Florent Portmann (Moove Lab) "Moov Lab doit créer des synergies entre start-up et métiers de l'automobile"

Le CNPA fédère les professionnels des services automobiles. Son responsable Solutions de mobilité dévoile les start-up sélectionnées par son accélérateur à Station F et explique sa stratégie.

JDN. Moove Lab vient de sélectionner les sept start-up qu'il accompagnera pendant six mois à Station F. Pourquoi une organisation patronale comme la vôtre a-t-elle besoin de lancer un accélérateur ?

Florent Portmann, responsable de l'accélérateur Moove Lab et du pôle Solutions de mobilité au CNPA. © CNPA

Florent Portmann. Parce que Moove Lab s'inscrit dans la ligne stratégique du CNPA. Pendant les états généraux des services de l'automobile, organisés en 2015, notre président Francis Barhtolomé avait lancé un pacte de mobilité.  Il comprenait un soutien des métiers du CNPA à la transformation numérique. C'est important car les métiers de notre filière sont impactés par l'arrivée de nouveaux business et modèles économiques, ainsi que par le numérique.

Nous avons vu dans Station F, qui souhaitait proposer une verticale sur la mobilité, une bonne opportunité de matérialiser cet objectif. Nous n'étions pas les seuls sur ce projet, mais nous avons estimé que nous étions les mieux à même de le gérer. Le CNPA est la seule organisation professionnelle qui gère un programme à Station F, ce qui participe à une certaine diversité des profils.

Qu'allez-vous apporter aux start-up qui vous rejoignent ?

Nous leur proposons un programme de mentoring, des ateliers thématiques ainsi qu'une mise à disposition d'experts sur des problématiques juridiques, fiscales, et autres. En plus de cette accélération classique, nous leur ouvrons notre réseau, car l'objectif principal est de créer des synergies avec les métiers du CNPA.

Quel est le rôle de votre partenaire, l'incubateur parisien VIA ID ?

Nous nous sommes associés à VIA ID car c'est la référence de l'incubation dans les mobilités. Ils accompagneront les start-up durant l'ensemble du programme. VIA ID apportera aussi son expertise sur des thématiques qui intéressent les start-up en phase d'accélération, comme le pricing et la création de valeur. Ils peuvent aussi investir dans l'une de ces start-up s'ils sont intéressés.

Prenez-vous une participation dans les sociétés intégrant Moove Lab ?

Le CNPA n'a pas vocation à prendre des participations. Mais nos membres et partenaires sont libres d'investir dans les start-up que nous accompagnons. Nous sommes vraiment dans une logique de soutien et d'aide à la transformation.

Quels étaient vos critères de sélection et qui a le pouvoir de décision ?

Nous recherchions des projets autour de deux thématiques : les nouvelles formes de mobilité et les services aux acteurs de la mobilité. Un jury s'est chargé de la sélection. Le CNPA possédait trois voix ainsi qu'un droit de véto, VIA ID deux, notre parrain Carglass et nos 9 sponsors avaient un vote chacun.

Quel est le niveau de maturité des start-up qui vous rejoignent ? Certaines semblent être encore dans une phase de conception, alors que d'autres ont déjà lancé leur produit.

Nous ne souhaitions pas prendre des start-up qui en étaient au stade de l'idée, ni des jeunes pousses trop avancées. Elles devaient avoir généré au moins un peu de traction avec une beta ou des tests de produits. Effectivement, certaines sont plus avancées que d'autres, mais ces différences favoriseront les échanges d'expériences.

Parlez-nous des start-up sélectionnées. Pourquoi ont-elles attiré votre attention plus que d'autres ?

Notre volonté était d'avoir des projets relativement éclectiques. La sélection mélange des plateformes, des produits et des services. PayCar et Cocolis, qui travaillent sur le paiement des ventes de véhicules d'occasion et la livraison collaborative entre particuliers, ont séduit par leur robustesse et leur maturité. Il était aussi important pour nous d'avoir une start-up de hardware comme Watchdog System, qui développe un antivol connecté pour les motards et intéressait beaucoup la filière deux roues du CNPA. Avec Ridy et ses ateliers de réparation de vélos mobiles, les mobilités douces sont aussi représentées. C'est un projet intéressant dans la perspective des plans de mobilité que les entreprises doivent mettre en place.

Deux autres start-up de Moove Lab, (Handivalise, Justbip) travaillent sur des solutions adaptées aux personnes à mobilité réduite. S'agit-il d'un besoin des membres du CNPA de trouver des solutions à cette problématique, ou d'un marché inexploité ?

Handivalise met en relation des personnes à mobilité réduite ayant besoin d'un accompagnement et des voyageurs qui réalisent le même trajet (voiture, train, bus avion). Justbip travaille plutôt sur l'accessibilité aux commerces grâce à une application d'assistance. Ils ne sont pas forcément dans une logique économique, mais plutôt sociale, et nous estimons que cela fait partie des problématiques de mobilité. Leurs services peuvent aussi ouvrir des réflexions chez nos membres.

Les deux dernières sociétés qui vous rejoignent (Paycar, Mon Spécialiste Auto) proposent des services autour des véhicules d'occasion. Ce choix est-il judicieux alors que le secteur des mobilités se tourne de plus en plus vers des solutions visant à faire disparaître la possession de véhicules ?

Il y a effectivement une tendance de la possession vers l'usage. Mais il y a aussi un aspect de gestion du parc roulant et de sécurisation des transactions qu'on ne doit pas négliger. Les possesseurs de véhicules sont encore nombreux et il reste un travail de transformation numérique à faire dans nos métiers. Ces services sont importants pour les acteurs de la mobilité.

Les start-up sélectionnées intégreront Moove Lab en septembre. Comment auront-elles évolué six mois plus tard ?

Chaque entreprise a des besoins différents. Mais nous considérerons comme un facteur de succès le fait qu'elles aient viabilisé leurs projets et développé des synergies avec les acteurs de l'écosystème CNPA. Et pour les projets qui en seront à ce stade, nous espérons que leur sortie du Moove Lab pourra déboucher sur une levée de fonds.