L'Île-de-France va subventionner les covoiturages du quotidien

L'Île-de-France va subventionner les covoiturages du quotidien En plus de cette expérimentation qui durera trois mois, l'autorité organisatrice des transports de la région intégrera les offres de covoiturage courte distance à son app de navigation ViaNavigo.

Un soutien financier pour faire décoller le secteur. Île-de-France Mobilités (ex-STIF), l'autorité organisatrice des transports de la région, va subventionner les covoiturages courte distance proposés par 17 sociétés comme Karos, WayzUp ou BlaBlaCar (depuis peu positionné sur ce segment via son service BlaBlaLines). Ce dispositif s'étalera du 1er octobre au 31 décembre. Pour chaque trajet, Île-de-France Mobilités versera 2 euros par passager, dans la limite de 50 000 euros par entreprise de covoiturage pendant cette période. De quoi rendre certains trajets gratuits : un BlaBlaLines coûte par exemple deux euros en dessous de 30 kilomètres parcourus.

"En contrepartie de cette aide, nous demandons aux opérateurs de covoiturage de proposer des incitations financières, soit pour les conducteurs, soit pour les passagers", souligne Laurent Probst, directeur général d'Île-de-France Mobilités. En clair : les entreprises ne sont pas censées se mettre les 2 euros dans la poche pour améliorer leurs marges. L'idée est de propulser le secteur, dont les volumes sont encore assez faibles, et créer de nouvelles habitudes chez les conducteurs.  "C'est une excellente nouvelle qui valide notre vision du covoiturage qui doit être considéré comme un transport collectif", réagit Olivier Binet, PDG de Karos.

Organiser le marché

En plus de ce soutien financier, Île-de-France Mobilités va permettre au covoiturage de gagner en exposition : son application de navigation ViaNavigo propose désormais les services de covoiturage de huit opérateurs lors de la recherche d'un itinéraire, aux côtés des transports en commun et du vélo. Il s'agit de Citygo, Clem', Covivo, RoulezMalin, iDVROOM, Karos, OuiHop' et WayzUp. BlaBlaLines les rejoindra début octobre. Il ne s'agit pas de partenariats : aucun partage de revenu n'est mis en place, et tous les services qui le souhaitent peuvent être référencés sur ViaNavigo, grâce à une interface de programmation (API) open source et standardisée. Une fois l'intégration réalisée, l'application renvoie ensuite vers ces tiers pour effectuer la réservation.

Île-de-France Mobilités se voit comme un agrégateur neutre qui doit permettre d'organiser le marché et l'aider à atteindre une masse critique. "La fragmentation de tous ces acteurs nuit à la rencontre de l'offre et de la demande, nous les réconcilions," explique Olivier Vacheret, responsable des informations numériques transports pour Île-de-France Mobilités. "Si chacun essaie de créer la masse critique dans son coin, bien sûr qu'un acteur va émerger, mais ce sera un acteur dominant, donc il n'y aura pas de partage de données qui pourraient être utilisées au service de la mobilité".

Modèle économique incertain

Si cette intégration à l'application ViaNavigo est définitive, les subventions ne le sont pas. Que se passera-t-il fin décembre, à la fin de ces trois mois d'expérimentation ? Les acteurs du covoiturage courte distance militent pour une forme de financement pérenne de la part des collectivités, sans quoi le modèle économique ne serait pas viable, assurent-ils. Karos et WayzUp proposent déjà des covoiturages gratuits (avec certaines limites) aux détenteurs d'abonnements de transport en commun, financés sur leurs propres fonds, et aimeraient que les collectivités prennent le relais. "Si on dit que la voiture est un transport collectif qui règle des problématiques de dernier kilomètre dans les zones peu denses pour rejoindre les transports en commun, comment justifier de faire payer son covoiturage en plus de son RER ?", s'interroge Olivier Binet.

Du côté de l'autorité organisatrice des transports, on n'en est pas encore là. "Ce sont des acteurs privés, ils doivent devenir rentables seuls. Nous les aidons au démarrage, mais l'idée n'est pas forcément d'aboutir à un soutien pérenne", prévient Laurent Probst. Il précise que le montage actuel ne peut continuer éternellement, sans quoi il s'agirait d'une atteinte au code des marchés publics, puisqu'aucun appel d'offres n'a été passé.

"Je n'ai aucun problème avec les appels d'offres", rétorque Olivier Binet. "En tant qu'opérateurs, nous avons des services à vendre aux autorités organisatrices car nous produisons des lignes beaucoup plus efficaces et moins chères que les lignes traditionnelles." La fin de cette période d'expérimentions coïncidera avec la conclusion des assises de la mobilité, qui commenceront le 19 septembre, et dont l'un des sujets sera justement la manière dont le covoiturage peut compléter l'offre de transports en commun et s'y intégrer. L'occasion de trouver un modèle économique qui convienne à tous ?