Autopartage : comment DriiveMe est devenu rentable avec des trajets à 1 euro

Autopartage : comment DriiveMe est devenu rentable avec des trajets à 1 euro Cette start-up française met en relation des clients à la recherche d'un trajet avec des loueurs, concessionnaires ou gestionnaires de flottes ayant besoin de déplacer leurs véhicules.

Depuis 2012, la start-up française d'autopartage DriiveMe construit patiemment un business d'autopartage rentable et autofinancé, qui jusqu'au confinement générait 10 000 locations par mois en Europe. L'entreprise propose à des utilisateurs des locations en aller-simple à 1 euro. Si elle peut se permettre d'offrir un prix si bas, c'est parce que ces utilisateurs sont en fait des prestataires, et les véritables clients des loueurs qui ont besoin de déplacer leurs véhicules. 

"Un gros loueur dépense en moyenne 15 millions d'euros par an en France juste pour déplacer des voitures entre ses agences pour répondre à la demande et gérer leur turnover de véhicules en leasing à acquérir et à rendre", explique Geoffroy Lambert, co-fondateur de DriiveMe. L'entreprise trouve donc des particuliers qui cherchent à réaliser le même trajet que la voiture du loueur devant être déplacée. Une prestation facturée 70 euros par véhicule. "Si le loueur veut le faire lui-même avec un camion porteur, c'est en moyenne trois fois plus cher", assure Geoffroy Lambert. 

Niche très profitable

La start-up travaille avec la plupart des loueurs du marché français : Avis, Hertz, Europcar, Enterprise, Sixt, Ada ou encore Ucar. "Ils ont des flux récurrents de véhicules, nous nous concentrons sur les grands axes routiers, sur lesquels nous sommes certains de réussir à trouver des conducteurs", précise Geoffroy Lambert. Les contrats passés avec des loueurs internationaux lui ont permis de se développer facilement hors de France, avec une présence en Espagne, au Portugal, en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne. DriiveMe propose aussi ses services à des concessionnaires automobiles, comme Peugeot, Renault ou Toyota, ainsi qu'à des gestionnaires de flottes d'entreprise (Canon, IBM, Orangina...), qui font face à des défis similaires. 

Si le marché de DriiveMe est une niche, il est très profitable – en tout cas jusqu'à la crise. L'entreprise a peu de frais et dégage d'importantes marges sur chaque location, puisqu'elle ne possède pas les véhicules et n'a pas à payer ceux qui les acheminent. Ce qui lui a permis d'être rentable au bout d'un an d'existence et de financer son développement sans passer par des levées de fonds. 

Mais le recours aux particuliers n'est pas toujours adapté aux missions B2B. Un particulier ne peut pas nettoyer le véhicule, le livrer dans un endroit trop excentré, où réaliser des déplacements de véhicules de courte-distance. Depuis trois ans, l'entreprise fait donc appel à des chauffeurs autoentrepreneurs (1 000 par mois en moyenne). "Le professionnel peut amener le véhicule exactement où le client le souhaite, être suivi en temps réel, et prévenir de son arrivée via une notification push ou SMS", détaille Geoffroy Lambert. DriiveMe prépare aussi un service en marque blanche de livraison à domicile des véhicules pour le compte des loueurs, en s'appuyant sur ces autoentrepreneurs pour les acheminer. 

Livraisons sans contact

"Le bénéfice est équivalent à celui réalisé sur nos services avec des particuliers", assure-t-il, car la prestation est facturée 200 euros, au lieu de 70. Mais DriiveMe ne perçoit cette fois-ci que 30% des revenus, le reste allant aux autoentrepreneurs. Ces deux activités peuvent aussi être complémentaires, avec le trajet longue distance fourni par un particulier, puis une prestation plus locale et complexe apportée par un autoentrepreneur. 

DriiveMe a généré un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros en 2019 et prévoyait d'atteindre les dix millions cette année, avant que ne frappe la crise du coronavirus. "Nous ne réalisons plus que 10 à 30 transports par jour, contre 300 en moyenne d'habitude", déplore Geoffroy Lambert. En cette période difficile, l'entreprise se focalise sur la livraison à des particuliers de véhicules achetés chez des concessionnaires. "Nos clients chez les constructeurs veulent continuer à vendre des véhicules tout en prenant 0 risque. Nous sommes en train de développer pour leur compte un protocole de livraison sans contact", ajoute Geoffroy Lambert. Il espère ainsi capitaliser sur cette nouvelle activité, une fois la crise passée, pour rattraper les mois perdus.