Mobilité partagée : Une charte pour guider les collectivités à mettre en place des services de free-floating

Une fois pleinement déployées, les mobilités partagé²permettront aux villes de répondre aux enjeux écologiques, mais aussi d'offrir aux citoyens un moyen de se déplacer plus flexible et individuel. Mais comment accompagner et faciliter ce changement de paradigme de la mobilité classique aux nouvelles mobilités ?

Paris, ville d’Europe comptant le plus de véhicules partagés

Selon le dernier European Shared Mobility Index de Fluctuo, l’Europe compte actuellement 235 000 véhicules partagés sur ses routes, et Paris arrive en tête des villes disposant du nombre de véhicules le plus élevé. Grâce au free-floating, forme de mobilité partagée qui consiste à laisser à disposition du public un véhicule (vélo, trottinette, scooter voire même voiture) sans que celui-ci ne soit rattaché à une station ou une borne, les franciliens ont accès à un mix de mobilité convaincant qui peut leur permettre de se déplacer librement, de manière flexible et sans pour autant avoir à s’équiper de leurs propres véhicules, avec un total de 21 900 vélos, de 14 000 trottinettes, de 3100 scooters, et de 6100 voitures

Sur l’ensemble des 45 100 véhicules de transport partagés présents actuellement à Paris, un peu plus de 48% sont disponibles selon le principe du free-floating, et non de la boucle fermée. La LOM (Loi d’Orientations des Mobilités), promulguée il y a maintenant plus d’un an, a encouragé le développement de nouveaux moyens de transport tout en définissant un panel d’outils visant à établir une réglementation proportionnée et adaptée pour les offres en free-floating.

Une charte pour encadrer et optimiser le développement du free-floating

Mais, pour les collectivités, il est parfois difficile de passer de l’intention à l’acte en raison de régulations changeantes et de zones d’ombres sur la mise en place de tels services. C’est pour cette raison que les opérateurs de services en free-floating ainsi que les représentants de collectivités locales et services de l'État ont établi la charte free-floating. La LOM est une initiative pertinente et prometteuse, mais il est encore nécessaire d’éduquer le marché et d’accompagner les villes dans le déploiement de ces nouvelles mobilités.

Cette charte, éditée en février 2021, a été signée par les principaux acteurs du free-floating, qui se sont donc engagés à respecter les prescriptions qui y figurent. Ces dernières visent à réglementer différents points clés pour l’adoption des services concernés. Ainsi les opérateurs s’engagent à prendre des mesures pour assurer le retrait des véhicules hors d’usage, le contrôle des émissions, ou encore le respect des règles de circulation et stationnement. Cette initiative permet de créer un terreau fertile à la discussion et aux synergies entre professionnels du secteur et collectivités.

Occupation de l’espace public ou service aux citoyens ?

La LOM a également introduit la notion d’occupation de l’espace public. Cela implique que les opérateurs en free-floating ont l’obligation de payer une redevance par véhicule. Ce facteur est un frein considérable au déploiement plus important des flottes de véhicules par les différents opérateurs présents sur le marché.

Ce point montre bien le paradoxe philosophique actuel autour de la mobilité partagée. Considère-t-on les véhicules comme une simple occupation de l’espace public par un opérateur ? Ou comme un nouveau service proposé aux citoyens dans le but de réduire le taux de motorisation et de rendre nos villes plus agréables ?

Différentes études montrent les effets positifs du covoiturage sur l'espace public. Chaque voiture d'autopartage remplace huit à vingt véhicules privés dans la ville, libérant ainsi de l'espace, réduisant la congestion et la pollution de l'air. De plus, une voiture d'autopartage est-elle utilisée jusqu'à six fois plus souvent qu'une voiture privée.

La crise sanitaire nous a permis de voir que ce type de nouvelles mobilités peut s’avérer être un atout pour les villes. Elles leur permettent en effet de proposer des moyens de transports individuels et flexibles à leurs habitants. La question de l’utilité publique de tels services se posent donc et méritent une discussion de fond entre l’ensemble des parties prenantes.

La multimodalité au cœur de l’adoption

Toutes les initiatives free-floating visent un même objectif : rendre nos villes plus vivables en offrant aux habitants de nouveaux moyens de transport. Mais pour cela, il est nécessaire de réfléchir de manière globale sur l’ensemble des alternatives de mobilité. Ainsi, la présence d’un réseau de transports en commun dense constitue une base de mobilité sur laquelle le free-floating peut se déployer. 

Car si les mobilités partagées veulent répondre aux challenges environnementaux et sociétaux, elles devront travailler de concert avec l’ensemble des moyens de transport existants afin de permettre aux citoyens, à tout moment, de choisir le moyen le plus adapté à son trajet. Les séparations existantes entre les différents services en place, free-floating vs. véhicules en stations ou encore vélos vs. voitures, sont clivantes et retardent l’adoption des nouvelles mobilités. Or, ces services sont complémentaires et répondent tous à des usages différents, mais bien réels.

On observe actuellement une véritable effervescence sur le marché de la mobilité, les différentes initiatives qui y sont présentes nous permettent de mieux comprendre les comportements et les besoins des usagers. Sur la durée, ces observations permettront d’adapter les services et réglementations pour favoriser le déploiement de la mobilité partagée et atteindre notre objectif commun : réduire l’impact de nos déplacements sur l’environnement.

Pour répondre à ces enjeux de mobilité, les villes doivent réfléchir aux leviers et freins à débloquer afin de faciliter ce changement de paradigme entre mobilité classique et mobilité nouvelle.

La loi d’orientation des mobilités va, par exemple, dans ce sens en transformant en profondeur la politique de mobilité avec un objectif simple : des transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et plus propres. Cette loi vise à créer un socle commun à une nouvelle mobilité à l’échelle nationale pour pallier le manque de moyens de transports dans de nombreux territoires et répondre à une urgence environnementale.

Les villes doivent, pour se faire, réduire le nombre de voitures sur leurs routes, tout en étendant leur offre de transports publics et de mobilité alternative. Les offres de free-floating peuvent les aider à atteindre cet objectif car elles permettent, en complément des transports en communs, d’offrir aux citoyens des alternatives pérennes répondant à l’ensemble des usages.