Les vélos électriques, véhicules de la décentralisation

Devant les enjeux climatiques, les mobilités douces pourraient considérablement supporter le décongestionnement des centres-villes, faciliter les déplacements et réduire la pollution atmosphérique des métropoles.

Les VAE au service de nouveaux enjeux environnementaux et sociétaux

Moins cher, plus agile, disponible à des personnes de tout âge, sans nécessité de permis, le vélo électrique constitue une alternative intelligente, économe et verte à la voiture, notamment à l’heure où l’étalement urbain s’accentue. Le Covid a eu pour effet de pousser bien des gens à délaisser le mode de vie ultra-urbain pour trouver refuge dans des zones moins denses et plus arborées.

Or, loin des centre-villes, les transports en commun viennent bien souvent à manquer pour couvrir des distances qui s'allongent à mesure que les lieux d’habitation deviennent moins denses. Et à l’heure où la lutte pour le climat se fait urgente, l’utilisation de la voiture n’est plus envisageable. Dès lors, la question se pose : comment se déplacer dans ces zones périurbaines qui attirent un nombre croissant de Français ?

Les  VAE comme vecteur du changement dans toute la France

À entendre leurs détracteurs, on pourrait croire que ces nouveaux modes de déplacements, alternatives à la voiture, tels que les VAE, ne se développent finalement que dans le cadre restreint de l’Ile-de-France. Mais ce serait une erreur : les vélos électriques ne sont pas le propre de populations franciliennes habitant dans l’hypercentre, vivant dans une bulle parisienne déconnectée des réalités du reste du territoire, bien au contraire.

Dans les faits, l’engouement pour le vélo électrique ne connaît pas les frontières, et son influence s’étend dans la France entière, comme en attestent les nombreuses initiatives liées au VAE, originaires de toutes les régions (Biarritz, Nantes, etc.) avec des primes à l’achat régionales. Les distances parcourues à vélo augmentent avec le VAE, tout comme les infrastructures prévues par les collectivités : les pistes cyclables, le stationnement ou l’embarquement des vélos sont des clés qui permettent l’augmentation des transports multimodaux en régions.

Une prise de conscience politique

Le monde politique se met peu à peu au courant des nouvelles évolutions liées aux mobilités et intègre de manière croissante les vélos dans leurs politiques de transports. Les débats lors des régionales l'ont montré : il existe un consensus, à droite comme à gauche, autour de la nécessité de développer les mobilités cyclistes. En Ile-de-France comme en région PACA, les candidat-e-s ont été nombreux à s’engager à créer plus de pistes cyclables. En parallèle, les services de vélos soutenus par les régions ou collectivités se multiplient : Vélib’ et Véligo à Paris, V’Lille à Lille, Vélo’v à Lyon, V3 à Bordeaux… Les initiatives en “V” ne manquent pas et ont vocation à étendre leur emprise dans toutes les métropoles françaises. Ces dynamiques sont d’ailleurs soutenues et renforcées par une offre grandissante de VAE proposée par le secteur privé, à l’instar de Lime qui avait remplacé Jump, de Dott ou encore de TIER.

Cette effervescence pousse les villes à investir des sommes toujours plus élevées dans les infrastructures cyclables, et qui devraient atteindre près d’un milliard d’euros entre 2020 et 2026. Ces aménagements ne manqueraient pas de valoriser les territoires en les faisant bénéficier de nouvelles formes de tourisme, de la création d’industries locales ou tout simplement d’une qualité de vie accrue. Les nouveaux projets quadrillent une France de plus en plus “vélo-friendly” : ici, une piste pour relier Estaires et Neuf-Berquin ; là, une autre entre Aguessac à Millau ; de nouveaux aménagements sont sur le point de voir le jour à Jullouville, Caen ou encore Cambrai. Cet élan ne vient pas du seul chef des collectivités, mais est une obligation inscrite dans la loi, disposée d’abord dans la loi LAURE (loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie) de 1996, et réaffirmée ensuite en 2019 par la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) ainsi que par le projet de Loi Climat et Résilience.

La révolution des déplacements prend la forme d’une complémentarité des transports

Le basculement qui s’opère aujourd’hui en faveur des vélos électriques constitue les prémices d’une réelle révolution des transports. Les VAE ne représentent finalement qu’une pierre à l’édifice du revirement structurel immense en faveur de déplacements multimodaux, définis comme l’utilisation d’au moins deux types de transports lors d’un déplacement, alliant transports en commun, voitures co-partagées et mobilités douces. La multimodalité est l’occasion pour les utilisateurs des transports collectifs, notamment pour les habitants de zones périurbaines pour qui les distances quotidiennes à parcourir sont plus longues, d’optimiser le temps passé à se déplacer tout en réduisant considérablement leur impact carbone. Les entreprises de transport l’ont bien compris, et certaines, telles que la RATP ont déjà commencé à s’adapter aux attentes des cyclistes et les aider à allier vélo et transports en commun. Reste encore, pour que la multimodalité se démocratise plus encore, à développer et généraliser la création de passes de transport régionaux complets qui permettraient d’accéder non seulement aux bus, tramways et métropolitains, mais également à des services de vélos, mécaniques et électriques.

On le voit, l’essor des mobilités douces - notamment motorisées - s’émancipe des stéréotypes en touchant toutes les régions, toutes les zones urbaines, qu’elles soient peu peuplées ou dans le voisinage direct des plus importantes métropoles françaises  Plébiscités tant par les autorités publiques de tout bord, que par les citoyens de toutes les régions, les VAE portent et incarnent avec force la révolution nationale des transports  et l’émergence d’un nouveau paradigme au centre duquel les déplacements multimodaux auront la part belle.