Achat d’art : quelle méthode adopter ?
Que ce soit par plaisir ou pour investir, l’acquisition d’une œuvre d’art n’est plus réservée aux gros portefeuilles. Voilà comment s’y prendre.
Le marché de l’art se porte bien : en 2014, il s’est vendu dans le monde l’équivalent de 15,2 milliards de dollars d’œuvres dans les ventes aux enchères selon le rapport Artprice, soit 26% de plus que l’année précédente. Un engouement qui s’explique en partie par l’émergence de grandes fortunes dans certains pays comme la Chine, par exemple, qui concentre à elle seule plus du tiers des transactions mondiales, mais aussi par la prise de conscience qu’une œuvre d’art est, aujourd’hui, un actif patrimonial comme un autre… Avec, tout de même, ses propres singularités : une œuvre ne s’acquiert pas de la même façon qu’une action, mais dans des lieux dédiés.
Acheter en salle des ventes est une mauvaise idée si vous ne savez pas précisément ce que vous voulez
Les salles de ventes comme Drouot, à Paris, sont idéales pour tout néophyte souhaitant se faire la main dans le domaine. "Trop de personnes oublient que ces endroits sont publics. Vous pouvez y admirer les pièces en exposition, les toucher et obtenir des renseignements précis", commente Delphine Couturier Brochand, fondatrice de Fin’Art Consulting, une société de gestion de patrimoine artistique. Un excellent moyen, donc, de prendre la température du marché et d'affiner ses propres goûts. D’autant que ce sont les prix d’adjudication qui confèrent aux artistes contemporains leur "cote" sur le marché, consultable sur des plateformes comme Artnet. En revanche, acheter une œuvre en salle des ventes est peu recommandé si vous n’avez pas d'idée précise quant à la pièce que vous souhaitez acquérir.
Les ventes de gré à gré
Les ventes de gré à gré constituent une alternative aux ventes aux enchères. A commencer par celles qui se déroulent dans les galeries. "Elles constituent une belle façon d’entrer dans le monde de l’art", assure Caroline Etter, consultante en art et créatrice de la société City Art Insider. "Il ne faut pas hésiter à en pousser la porte et poser des questions, sur le prix, par exemple, qui est rarement affiché en France" poursuit-elle.
"Il ne faut pas hésiter à pousser la porte des galeries et poser des questions"
Visiter plusieurs galeries d’art permet de se familiariser avec le marché et de découvrir des artistes ou des courants auxquels vous n’aviez peut-être pas pensé. "C’est là, et dans les foires, que vous trouverez les artistes avant qu’ils ne soient dans tous les journaux", renchérit Caroline Etter. Avant, donc, qu’ils n’obtiennent une cote aux enchères et deviennent moins abordables en termes de prix.
Autres lieux de découverte, les foires, donc. Plusieurs sont organisées tout au long de l’année en France, comme la Fiac – plutôt réservée aux gros investisseurs et collectionneurs – Outsider Art Fair ou Slick Art Fair. "Ces événements permettent de voir ce qu’il se fait partout dans le monde et ce qui se vend de plus cher", explique Caroline Etter. L’occasion également de rencontrer les artistes, d'échanger avec eux et de découvrir plusieurs de leurs œuvres en même temps.
Quid d’Internet ?
Comme dans plusieurs secteurs d’activités, les ventes en ligne ont gagné du terrain sur le marché de l’art. Plusieurs sites permettent d'acheter de l'art aujourd’hui, des plus généralistes, comme Amazon, aux interfaces spécialisées, tel que Kiobuy, fondé par des experts en art. "Internet a permis de développer le marché, avec l’émergence d’un nouveau type de clients qui ne se déplaçait pas en vente", analyse Delphine Couturier Brochand.
Pour les oeuvres de grande taille, demandez un état de conservation
Si ces plateformes ont l'avantage de présenter une multitude d'œuvres pour tous les budgets, elles posent aussi la question de l’authenticité des œuvres. "Pour se rassurer, l’acheteur peut se rendre directement sur les sites créés par des professionnels reconnus sur le marché, car ils auront fait un travail de sélection et de vérification des pièces", conseille la fondatrice de Fin’Art Consulting.
Quelle que soit la manière dont elle a été acquise, les deux spécialistes s’accordent à dire que l’authenticité, la qualité et le prix de la pièce doivent être vérifiés par l’acheteur. En plus d’un certificat remis par le galeriste, "vous pouvez demander un état de conservation, notamment pour les œuvres de taille significative", préconise Delphine Couturier Brochand. Se renseigner sur le passé de l’artiste, le contexte de l’œuvre et son parcours – dans quelles galeries a-t-elle été exposée ? – est essentiel. "Il ne s’agit pas d’un achat compulsif, que vous pourrez facilement revendre par la suite, avertit Caroline Etter. Il faut être patient."