Comment intégrer la notion des fonds d'investissement dans son choix de placement

Alors que la réglementation MIFID II, promettant une meilleure protection des investisseurs et une reconnaissance de la recherche, est entrée en vigueur en début d’année, le marché des fonds d’investissement n’a jamais été aussi vaste.

Ceux-ci offrent la possibilité de placer une partie de son épargne sur des supports diversifiés mais l’investisseur particulier peut parfois s’y perdre devant le large choix qui s’offre à lui. Pour l’aider, certains portails financiers proposent un système de notation. Les plus anciens, tels que Morningstar ou Standard & Poor’s se sont imposés en référence depuis la fin des années 1980. Aujourd’hui les marchés US et britannique sont partagés par de nombreux acteurs développant leur outil de notation. Value Research ou encore Crisil en sont deux exemples. Morningstar jouit toutefois d’une place de leader au niveau mondial.

Le choix de placement pour un investisseur est déterminé par un ensemble de critères définis. L’étude de la composition du fonds, sa stratégie d’investissement (allocation stratégique ou tactique), les frais et coûts liés, la confrontation de la performance passée, de l’horizon de placement et du risque du fonds avec ceux de fonds comparables et avec les objectifs de l’investisseur sont autant de critères à intégrer dans la sélection. Les réponses à ces questions se trouvent en partie dans les rapports mensuels des différents fonds, quelle que soit la société de gestion. Pour compléter la recherche, les portails financiers proposent à la fois des outils de comparaison de fonds et un système de notation.

La notation d’un fonds constitue un point de distinction dès lors que l’étude précédente ne l’a pas permise. En ce sens, chaque fournisseur d’informations financières, ayant élaboré une grille de lecture spécifique, a développé son propre système d’évaluation. Parmi les plus utilisés sur le marché figurent notamment Lipper (Thomson Reuters), fondé sur 5 éléments : la performance passée absolue, la régularité de la performance, la préservation du capital de l’investisseur, les frais réels et l’aspect fiscal, (spécifique aux Etats-Unis), chacun étant noté entre 1 et 5.

Par ailleurs, Quantalys part d’un constat pour développer son modèle : les notations quantitatives fondées sur les performances passées sont instables dans le temps. La méthode utilisée estime d’une part l’habileté du gérant et d’autre part la résistance du fonds aux conditions de marché. Il tient donc compte de l’alpha du fonds, sa performance en regard de celle de sa catégorie, et de son beta, premium du fonds par rapport au marché.

Enfin, Morningstar évalue les fonds au sein de catégories définies selon leur style de gestion et non pas seulement en fonction de celles déclarées par les sociétés de gestion. Les données retenues dans l’analyse sont à la fois quantitatives et qualitatives : la performance ajustée au risque pris, le processus d’investissement, les frais de gestion et l’équipe de gestion.

La complémentarité des approches donne une vue d’ensemble et permet de distinguer certains fonds. Il est cependant à noter que le taux de couverture de chacun de ces portails est très différent. En effet, si Quantalys analyse près de 20 000 fonds sur le marché français, Morningstar suit un peu moins de 570 000 investissements et en note presque 44 000 dans le monde entier. La force de frappe de l’institution américaine réside dans son antériorité, son indépendance et sa capacité à couvrir de nouveaux fonds grâce à ses quelques 500 analystes présents sur les principaux marchés. Ceci explique qu’à note équivalente, une société de gestion privilégie largement l’affichage de sa notation par Morningstar que par un autre organisme.

Des questions demeurent toutefois : si leur utilité dans le choix d’un fonds n’est plus à démontrer, quelle place accorder à ces notes dans le choix d’investissements pour la construction d’un portefeuille, quel qu’il soit ? L’information financière publiée par le fournisseur est fiable et reconnue par le métier, et depuis récemment, par la réglementation, comme en atteste MIFID II. Celle-ci reste toutefois parcellaire car les données pouvant influencer l’évolution d’un fonds sont nombreuses. En outre, les rapports qui ont servi à la notation des fonds ne sont souvent accessibles que par abonnement payant et sont utilisés principalement par les analystes. Pouvant donc apparaître un peu superficielles pour les professionnels, les études sous-jacentes sont d’un abord complexes pour le particulier non averti.

Enfin comment tenir compte de l’évolution de ces notations dans le temps ? Sur la base de notes uniquement quantitatives, seuls 10% des fonds notés 5 étoiles en 2000 ont été maintenus au même niveau 3 ans plus tard. Bien que des paramètres quantitatifs et qualitatifs soient intégrés dans les notes, la performance passée est un élément essentiel dans l’évaluation de la note. En résumé, l’avertissement présent sur chaque reporting indiquant que "les performances passées ne préjugent pas des performances futures" reste toujours à l’esprit de l’investisseur qui tient compte des notations dans ses arbitrages.