Patrimoine en danger, comment protéger les œuvres d'art confinées ?

Le monde tourne au ralenti. Le confinement a généré une situation inédite. Le monde de l'art ne fait pas exception à la règle, les restrictions de déplacement, et donc de personnel, entraînent des risques aggravés pour les musées, professionnels de l'art, mais aussi les particuliers disposant d'un patrimoine de valeur. Si la protection des personnes reste, bien évidemment la priorité, nous devons aussi veiller à la protection du patrimoine culturel.

Des risques aggravés dus au confinement 

Dans la nuit du 29 au 30 mars 2020, les conséquences de la crise sanitaire ont touché le monde de l’art. Le musée de Singer Laren, fermé au public depuis près de deux semaines au moment des faits, s’est vu dérobé un tableau de Van Gogh. Les auteurs de cet acte malveillant ont profité d’une sécurité amoindrie du fait des effectifs réduits. 

Les chiffres présentés par les autorités montrent une recrudescence des cambriolages au sein des établissements actuellement fermés. En effet, les œuvres de valeurs importantes hébergées par certains musées peuvent aiguiser la cupidité de certains. De plus, si des troubles civils devaient survenir comme cela a déjà eu lieu en Angleterre avec la destruction d’antennes 5G, les musées nationaux ou encore les œuvres d’art exposées en extérieur seraient susceptibles d’être prises pour cible et endommagées. 

Du point de vue des collectionneurs d’œuvres d’art, et des particuliers en général, les risques liés au confinement sont à priori moins importants. En effet, les personnes sont à leur domicile, les risques d’intrusion sont donc plus faibles. Statistiquement, on observe d’ailleurs pour l’instant une baisse des cambriolages chez les particuliers depuis le confinement (-44% par rapport au mois de février selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI)).

Cependant, plus d’un million de Franciliens ont quitté la capitale. Une belle opportunité pour les cambrioleurs. De même n’oublions pas les risques moins extravagants mais tout aussi dangereux : variations d’hygrométrie, incendie, dégâts des eaux... Autant de périls, qui, à cause d’une faible surveillance des lieux pourraient avoir des conséquences irréversibles s'ils ne sont pas détectés suffisamment tôt. Certains propriétaires auront peut-être de mauvaises surprises à leur retour de confinement en province.

Le rôle essentiel des assureurs et risk managers dans la gestion des risques 

L'anticipation est clé dans la gestion des risques. Ainsi, tous les musées sont tenus d’élaborer un plan de sauvegarde, ainsi que d’auditer leur sécurité pour chaque péril (vol, incendie, dégâts des eaux, crue, etc.). Si la prévention relève avant tout du bon sens, un œil neuf permet de déceler des situations non identifiées jusqu’alors et potentiellement périlleuses pour les œuvres. 

La prévention est  primordiale : le rôle d’un assureur est d’être présent en cas de sinistre, mais surtout, de tout faire pour l’éviter.  En tant qu’assureur spécialisé dans les œuvres d’art, Hiscox mobilise ses experts au service de ses clients pour les conseiller au mieux. 

Ainsi, les contrats d’assurance en Tous Risques supposent généralement en contrepartie un certain nombre de mesures de prévention et de protection. Généralement peu nombreuses, elles n’en sont pas moins fondamentales et indispensables. Il s'agit la plupart du temps d’une combinaison de mesures de protection mécaniques et électroniques. 

Ces moyens de protection et leur niveau de sécurité sont proportionnels aux valeurs à assurer et notamment à leur sensibilité au vol. Ils représenteront les premières embûches semées sur la route de potentiels intrus. 

Des systèmes de sécurité appropriés pour pallier la diminution du personnel 

Si Rome ne s’est pas faite en un jour, la protection des musées non plus. La mise en place de systèmes de sécurité est le fruit d’un long travail de collaboration entre l’assureur, le risk manager et le musée. Ce système sera mis à l’épreuve lors de ce confinement. En effet, il est de la responsabilité du risk manager ou de la personne en charge de la sécurité du site de se mettre en conformité avec les exigences formulées dans le contrat d’assurance. 

Alors que les sites sont face à des risques accrus, tous les moyens de protection mécaniques et électroniques dont ils disposent doivent être activés. La vidéo-surveillance est clairement un avantage pour pallier une présence humaine moins importante, mais tous les musées n’en sont pas équipés. Pour compenser une présence physique forcément réduite par les mesures de confinement, les protections mécaniques alliées aux protections électroniques (alarme, caméras) sont une très bonne alternative, à condition d’avoir vérifié au préalable que tous ces éléments sont opérationnels. 

Il faut également vérifier que les plans de sauvegarde mis en place pourront effectivement être rapidement activés en cas de problème majeur, tel qu’un incendie dans un musée (comme celui de Notre-Dame que nous avons connu l’année dernière). Les musées doivent donc s’assurer d’avoir le personnel suffisant et formé sur place ou à proximité pour réagir rapidement en cas d’urgence. C’est tout le dilemme auquel les institutions culturelles, doivent faire face avec la situation de confinement actuelle. 

Le contexte  de crise sanitaire actuel créé une situation inédite pour les professionnels de l’art. C’est la collaboration étroite avec l’ensemble des acteurs de la prévention des risques et l’eco système de l’art qui permet de mettre en place les mesures de sécurité adaptées .