Epargner malgré la chute des marchés, que faire ?

Après une hausse spectaculaire des marchés financiers, les comportements d'épargne des boursicoteurs ont évolué avec la chute brutale des marchés. Comment y faire face avec ses finances personnelles ?

La hausse spectaculaire des marchés financiers après la crise sanitaire a convaincu de nombreux investisseurs particuliers à prendre des positions en bourse. Depuis, les comportements d’épargne des boursicoteurs ont évolué avec la chute brutale des marchés.

A la sortie du premier confinement en 2020, les marchés financiers dopés par les liquidités émises par les politiques monétaires ultra-accommodantes ont atteint des sommets. Le CAC 40 dont la capitalisation avait fondu lors du premier confinement avait réalisé un rebond spectaculaire les mois suivants qui s’est poursuivi jusqu’à fin 2021. Le CAC 40 a ainsi atteint son plus haut historique au-dessus des 7 000 points. Cette performance linéaire a attiré les boursicoteurs à la recherche de rendement.

Du côté des crypto-actifs, la fièvre a emporté les investisseurs. Pendant plusieurs mois, rien ne semblait arrêter l’emballement autour de ces actifs ultra-volatils. La monnaie phare, le Bitcoin, s’approchait des 70 000 dollars en novembre. La machine s’est depuis grippée. Les espoirs de gains faciles des boursicoteurs se sont envolés aussi rapidement que la capitalisation de nombreuses crypto-monnaies. Même constat du côté des marchés financiers avec des indices orientés à la baisse depuis le début de l’année 2022.

Le désarroi des investisseurs particuliers

La période faste n’aura duré qu’un temps. Si courant 2021, le retour de l’inflation et de tensions sur les approvisionnements faisait porter des craintes sur l’évolution de la croissance économique, c’est bien le contexte géopolitique début 2022 qui a mis un terme à la folle croissance des marchés financiers.

Avec la guerre en Ukraine, les craintes sur les approvisionnements futurs en gaz et en pétrole ont fait grimper les prix des matières premières. L’inflation atteint des niveaux records en Europe et aux Etats-Unis, la croissance économique a ralenti et l’euro vaut plus ou moins un dollar. Une parité jamais observée depuis 20 ans. Le risque de récession dans les prochains mois n’est plus un tabou. En conséquence, les marchés financiers ont décroché douchant les espoirs des investisseurs particuliers.

Dans cette situation macro-économique, les néo-investisseurs constatent la perte de valeur de leur portefeuille. Les resserrements des politiques des banques centrales en 2022 pour tenter d’endiguer le dérapage inflationniste impactent les flux financiers sur les marchés. Plus que jamais, l’incertitude pèse sur les évolutions futures des grands indices.

Fuir ou maintenir ses positions sur les marchés financiers

En matière d’investissement sur les actions, il est coutume de dire que tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu. Pour les particuliers exposés sur ces actifs, le réflexe est différent. Dans une période baissière, ils peuvent être tentés d’alléger leurs positions pour réduire leurs pertes.

L’aversion au risque est très élevée en France. Les épargnants sont biberonnés aux placements garantis. Des perspectives de performance moins élevées en contrepartie d’un capital sécurisé. Le succès des fonds euros dans l’assurance-vie ou des livrets réglementés prouve la faible appétence des Français au risque. Dans leurs choix d’investissement, les épargnants ont tendance à surpondérer le risque de perte sur le potentiel de gain. L’impact psychologique des pertes dépasse celui des gains. Dans cet état d’esprit, il est normal de constater une plus faible détention d’actifs risqués dans les portefeuilles. En cela, la période 2020-2021 est atypique avec la ruée de boursicoteurs certains de réaliser des gains importants en un temps record.

Leur méconnaissance du fonctionnement des marchés financiers et des bonnes pratiques en matière d’investissement les a incités à s’exposer davantage sur certains actifs sans diversifier suffisamment leur portefeuille en cas de retournement des marchés. Ainsi, ils sont nombreux à avoir réalisé des moins-values.

L’impact psychologique de cette mauvaise expérience pourrait les détourner pendant longtemps des marchés financiers. C’est regrettable à plus d’un titre. Sur le long terme, l’investissement sur les actions a des potentiels de performance plus élevés que les autres classes d’actifs. Les épargnants en sont même souvent convaincus, mais les craintes sur les évolutions erratiques des marchés financiers l’emportent sur cette conviction. Ils préfèrent dès lors investir sur les produits garantis. Les épargnants ont aussi du mal à se projeter à long terme. Le court terme l’emporte malgré la conscience de devoir préparer leur retraite afin de maintenir leur niveau de vie.

Si la rentrée s’annonce difficile, une note d’espoir est permise. Les marchés financiers ont déjà entériné les mauvaises nouvelles économiques avec des cours en forte baisse. Des ajustements peuvent se produire en septembre et en octobre, mais il n’est pas déraisonnable de penser que les marchés vont se maintenir. Il est peut-être l’heure de prendre des positions dès cet été avant de partir en vacances.