Investir dans les cryptos : comparatif des offres de DCA
Selon les données du site analytique Messari.io, environ 31 millions des adresses bitcoin sur 84 millions sont au 8 janvier 2023 dans le rouge avec un cours à 16 956 dollars (15 778 euros), soit 37% des adresses. D'ailleurs, on peut constater qu'au 17 décembre 2017, la première fois où Bitcoin a touché le seuil des 20 000 dollars (18 610 euros), le réseau comptait environ 60 millions d'adresses, soit peu ou prou le nombre étant actuellement encore en positif en termes d'investissement.
Avec un record à près de 69 000 dollars (64 000 euros) atteint en novembre 2021, les malheureux étant entrés sur le marché à ce moment-là doivent s'armer de patience pour espérer retrouver ces cimes et un solde en monnaie fiduciaire créditeur. Une autre méthode consiste à se montrer proactif et lisser son investissement, communément appelée de l'anglais DCA pour "dollar cost averaging" : un achat à intervalles réguliers, quel que soit le prix du moment. Une méthode issue de la finance traditionnelle qui permet de lisser le risque, d'investir sans disposer d'une somme conséquente et de s'initier à l'investissement. De nombreuses sociétés ont créé des plans spécifiques à cette stratégie d'investissement dans le secteur du Bitcoin et des cryptomonnaies mais toutes n'apportent pas le même service.
Les entreprises bitcoin-only
Première cryptomonnaie, plus grosse capitalisation, le bitcoin incarne en dépit d'une volatilité encore bien persistance la valeur-étalon du secteur crypto et pour beaucoup encore, le seul investissement légitime sur ce marché. C'est pour cette raison que des sociétés se sont spécialisées dans des solutions DCA uniquement dédiées au bitcoin : en France, StackinSat et Bitstack; en Suisse, Relai, Pocket Bitcoin et Bittr ; aux Etats-Unis, Swan.
Accumuler des satoshis (la plus petite unité d'un bitcoin, dénommé après son créateur Satoshi Nakamoto), et uniquement des satoshis, est donc la proposition de ces entreprises. Elles se différencient en revanche par certaines caractérisques : tout d'abord, les frais de commission qui s'ajoutent aux frais de minage pour chaque transaction.
En ce qui concerne les wallets, Pocket Bitcoin et Bittr ne conservent jamais les bitcoins des utilisateurs tandis que StackinSat, BitStack et Swan proposent cette possibilité. A noter que Relai permet même la création d'un wallet auto hébergé alors que StackinSat est quant à lui directement intégré à Ledger Live, l'interface wallet conçue par Ledger.
Parmi les développements techniques qui nous intéressent le plus, mais qui s'adressent aux initiés, Pocket Bitcoin, Bittr et Swan permettent d'utiliser xpub, une clef publique étendue : une fois configurée, cette solution technique permet à l'utilisateur de recevoir sans intervention manuelle son achat sur une nouvelle adresse à chaque transaction, un avantage en termes de confidentialité. StackinSat nous a d'ailleurs confié réfléchir à l'ajouter. Chez Bitstack, l'une des solutions intéressantes est de proposer un arrondi à l'euro supérieur des dépenses quotidiennes réalisées en carte bancaire pour le convertir en bitcoin de façon hebdomadaire.
Petite déception néanmoins, en ce qui concerne Lightning Network, ce layer-2 Bitcoin qui offre des transactions plus rapides, discrètes et moins onéreuses. A l'heure de l'écriture de ces lignes, aucune de ces plateformes ne permet ce réseau, mais Ruben Waterman, fondateur de Bittr, nous indique un lancement "probablement pour la fin du mois de mars". StackinSat en fait l'une "de ses priorités", BitStack nous confirme également "l'avoir sur sa roadmap", Pocket Bitcoin travaille également dessus et Relai évoque sur son site un soutien technique pour le dernier trimestre 2023.
A noter qu'à la différence des brokers, aucune de ces plateformes dédiées au DCA ne prélève de frais de retrait.
En ce qui concerne les procédures d'identification, Stackin Sat et BitStack l'appliquent dès le premier euro, conformément à la réglementation PSAN. La concurrence étrangère, elle, n'a pas à répondre des mêmes obligations.
Les brokers
Les plateformes d'échanges de cryptomonnaies ont pour la plupart développé des solutions d'épargne par des achats récurrents. Une fois de plus, ces programmes se distinguent avant tout par leurs frais : ceux de Coinbase et l'application mobile Kraken, par exemple, présentent des frais très onéreux et nous conseillerons donc aux utilisateurs de ces plateformes de privilégier une méthode manuelle sur Coinbase Pro et Kraken Pro ou… de se tourner vers la concurrence.
Les PSAN Binance, Coinhouse, Crypto.com et Paymium sont des alternatives intéressantes mais il faut souligner que dans ses conditions d'utilisation, l'offre Auto-invest de Binance s'accompagne par exemple d'une clause comme le transfert des actifs achetés vers sa plateforme Earn, éligible à des intérêts. Un choix qui ne sera peut-être pas au goût de tous.
Pour toutes ces plateformes, il n'est en revanche pas possible de réaliser des retraits automatiques de ses actifs : l'utilisateur devra le faire manuellement s'il désire les placer sur ses portefeuilles auto-hébergés.
Le Comptoir des cybermonnaies a quant à lui la particularité d'être une enseigne physique, basée à Bordeaux, enregistrée PSAN, et offre des achats mensuels de bitcoin et d'ether avec une commission fixe de 9,90 euros pour l'ouverture du compte puis une commission de 2,99% pour les achats suivants.
Quant à l'offre de Trade Republic, elle ne permet la détention des actifs numériques que via son infrastructure centralisée, sans possibilité de retrait*. Une solution qui intéressera davantage un public ne partageant pas d'intérêt pour la notion de propriété numérique, si chère aux usagers Bitcoin et Web3.
Des solutions alternatives
Lancée en 2022 et enregistrée PSAN, Ambrosia ne propose pas encore de solution de lissage d'investissement bien que ce soit sur sa feuille de route. Pour l'heure, il s'agit d'une solution d'investissement grand public, sans frais et uniquement constituée d'achats de stablecoins. La plateforme s'occupe de diversifier ces placements sur des plateformes de finance décentralisée et propose un rendement limité à 5,5% par an. Elle se rémunère sur les intérêts supplémentaires générés. Pour l'heure, le montant minimum à investir s'élève à 1 000. Enfin, si Ambrosia assure constituer une réserve de sécurité financée par les intérêts générés, elle ne garantit pas le capital investi.
Pour les investisseurs plus fortunés, la société Mon Livret C propose à un public majoritairement constitué de conseillers de gestion de patrimoine et de family offices une offre DCA sur un portefeuille de cinq cryptomonnaies, majoritairement investi sur du bitcoin et de l'ether. L'investissement initial minimum est de 1 000 euros et le versement mensuel minimum est de 200 euros, avec 2,2% de frais de gestion trimestriels. A noter que l'équilibrage de ce portefeuille-index est réalisé à la discrétion des financiers de la société et qu'il n'y a pas de retrait possible des actifs numériques, uniquement en fiduciaire.
* Il était précédemment écrit que les cryptoactifs présentés dans l'offre de Trade Republic étaient des représentations synthétiques, or les actifs numériques sont bien conservés par le prestataire.