Stanislas di Vittorio (Wizaly) "On peut très bien piloter son search de façon précise et sans surcoût sans Google Analytics"

Wizaly fait partie des heureux élus cités par la Cnil comme pouvant être paramétrés pour un usage d'analytics conforme au RGPD. La start-up française annonce une levée de 6 millions d'euros.

JDN. Vous êtes une start-up française lancée il y a cinq ans. La décision de la Cnil de rendre illégal le recours à Google Analytics en l'état et de vous citer dans sa liste de solutions d'analytics pouvant être conformes au RGPD booste-elle votre activité ?

Stanislas di Vittorio est CEO et fondateur de Wizali. © Wizali

Stanislas di Vittorio. Etre cité dans un tel contexte représente un avantage dans la mesure où les gens se posent des questions sur l'outil dont ils vont se servir. Mais ces décisions ne sont pas essentielles à notre activité dont la vocation n'est pas de remplacer Google Analytics. Notre proposition de valeur est beaucoup plus large que celle d'un outil d'analytics, ce qui fait que nous ne sommes pas en concurrence frontale avec Google. L'impact n'est donc pas direct.

Certains acteurs se plaignent du fait que remplacer Google Analytics les coupe des outils publicitaires qui leur permettaient de réaliser des activations alimentées par ces analyses. Une des conséquences directes est de rendre le search plus cher pour l'acquisition de trafic. Quelle est votre opinion ?

On peut très bien ne pas utiliser GA et vivre parfaitement bien en pilotant son search de façon précise et sans surcoût. Google Analytics est juge et partie. Nous essayons de donner à nos clients les outils qui leur permettent d'être juge et d'optimiser leurs investissements aussi bien sur le search sur Google que sur bien d'autres médias et leviers.

Comment continuer de travailler avec précision en ayant le lien coupé entre analytics et outils publicitaires ?

En se basant sur l'intelligence que les données statistiques et par cohortes peuvent vous fournir. Grâce aux différentes données auxquelles on accède, il est possible de déterminer que pour tel profil d'internaute avec un historique de visites donné, tel canal ou message est à privilégier.

Vous êtes une solution d'attribution multicanal qui intègre une brique d'analytics. Quelle est votre spécificité ?

Nous sommes une solution d'attribution multicanal dont l'objectif est d'aider les entreprises à comprendre l'impact commercial de chacune de leurs interactions avec leurs clients online et offline. Nous ne sommes pas un acteur du digital pur : nous travaillons aussi bien avec l'online qu'avec l'offline pour mesurer l'impact des efforts de marketing digital sur l'offline et réciproquement. Nous le faisons avec une vision aussi bien axée sur les produits que sur les audiences pour comprendre comment l'interaction avec la marque se réalise et est impactée par les différentes sollicitations. Ce qui est déterminant pour nous, c'est que nos clients réalisent des économies avec les analyses et les statistiques que nous leur apportons.

""Parmi nos clients, je peux vous citer Conforama, Air France ou Engie"

Quel est le profil de vos clients ?

Nos clients peuvent être toute entreprise pour qui le digital représente un enjeu commercial important. Je peux vous citer Conforama, Air France ou Engie. Pour beaucoup d'entre eux internet reste un enjeu central, alors que la grosse partie de leur business se fait offline. Aujourd'hui les points de contact et d'interaction entre une marque et ses prospects et clients sont multiples et ils ont lieu aussi bien sur le digital que dans la vie réelle. Pour avoir une vision exhaustive, il faut pouvoir tous les intégrer.

Comment faites-vous justement pour accéder à toutes ces données ?

Nous sommes intégrés à l'ensemble de l'écosystème digital - médias, réseaux sociaux, Google, plateformes de display, d'affiliation, outils de CRM de nos clients -) et également en ad hoc avec les systèmes propriétaires de nos clients pour, par exemple, réconcilier les données d'achats online et offline.

Votre activité se base beaucoup sur des données personnelles. Comment pouvoir le faire tout en étant conforme avec le RGPD ?

Nous collectons des données personnelles sans pour autant dessiner de parcours individualisés. Nous n'activons pas du reciblage. Nous produisons des statistiques avec des algorithmes d'intelligence artificielle tout en adoptant la précaution de hasher toutes ces données et d'en garder un minimum. Nous avons deux manières d'y accéder. Soit dans le cadre du consentement ou alors sur la base de l'intérêt légitime. Dans ce deuxième cas, les données sont moins précises et moins nombreuses mais elles ont l'intérêt de nous permettre d'en tirer des enseignements. Par exemple, nous pouvons sur la base de l'intérêt légitime savoir si une personne qui a visité le site a converti sans pour autant en faire une activation ni croiser ses données avec des datas tierces d'achat offline.

Où en êtes-vous de votre développement et à quoi cette première levée va vous servir ?

Wizaly est aujourd'hui une entreprise de 25 personnes servant une grosse cinquantaine de clients dont 20% se trouvent aux Etats-Unis. Un aspect que j'aime beaucoup souligner est qu'Internet est d'abord et avant tout une industrie américaine. Donc vendre une solution française à des Américains, c'est une preuve de la qualité de notre technologie. Nous sommes rentables depuis six mois. Cette levée va nous aider à accélérer le développement technique de la plateforme Wizaly et son déploiement à l'international. Nous avons le projet de nous déployer en Allemagne et en Grande-Bretagne dès l'année prochaine.