Tatiana de Francqueville (La Tribune) "L'arrivée de CMA CGM nous a permis d'accélérer la mise en production de La Tribune Dimanche"

La directrice générale de La Tribune, qui lance ce 8 octobre son édition dominicale en numérique et en papier, explique sa stratégie pour se différencier.

JDN. La Tribune est un quotidien 100% digital depuis 2020. Vous lancez le 8 octobre La Tribune Dimanche en numérique et en papier. Pourquoi ce retour au papier, n'est-ce pas un peu risqué dans le contexte actuel ?

Tatiana de Francqueville est directrice générale de La Tribune. © La Tribune

Tatiana de Francqueville. Même si le poids du numérique est devenu prépondérant, le papier continue d'être un vecteur très important : beaucoup de lecteurs y demeurent très attachés notamment quand ils ont du temps à consacrer à la lecture, comme c'est le cas le dimanche. Si vous regardez nos confrères du dimanche, la part du papier représente 40% à 50% de leurs ventes. La raison est qu'il s'agit du jour de la semaine où il y a le plus de lecteurs, qui de surcroit lisent plus. Par ailleurs, la pluralité de lecteurs est également plus forte le dimanche : c'est un public très large et varié. En revanche, c'est également le jour où il y a le moins d'offre éditoriale.

C'est pourquoi nous proposerons une offre éditoriale le dimanche plus généraliste qui permettra à nos lecteurs de s'informer, se divertir et prendre de la hauteur sur les sujets d'actualité, en numérique mais également en papier s'ils le souhaitent. Nous aurons certainement le lectorat natif de la tribune, typiquement le cadre ou dirigeant expert de son domaine qui nous lit quotidiennement, mais également de très nombreux nouveaux lecteurs que le dimanche pourra nous offrir.

Mais alors que votre modèle économique n'incluait plus le papier jusque-là, comment faire en sorte d'absorber les coûts importants que ce dernier va induire ?

Plaçons les choses un petit peu dans leur contexte. Il y a dix ans quand Jean-Christophe Tortora (président de La Tribune, ndlr) a repris ce titre, il a fait de La Tribune un média hybride avec trois piliers majeurs : s'affirmer en tant que média économique des territoires ; se concentrer sur le digital (à l'époque le quotidien papier a été remplacé par une édition papier hebdomadaire, disparue depuis 2020) ; et enfin se positionner en tant que "média vivant" au plus près de ses lecteurs à travers l'organisation d'événements conçus à 100% par la rédaction.

Cela explique pourquoi le poids des audiences de La Tribune est depuis assez équitablement réparti entre le numérique avec en moyenne sur l'année 3 millions de visiteurs uniques par mois et l'événementiel. Chacun de ces deux leviers contribue à part égales avec nos recettes : 50% viennent du numérique (abonnements, syndication et publicité), 50%, des recettes issues de l'événementiel porté par la rédaction (partenariats de visibilité avec des annonceurs).

Quel impact l'arrivée de CMA CGM, votre unique actionnaire depuis juillet, a-t-elle eu sur ce projet et ses perspectives ?

L'arrivée de CMA CGM nous permet de renforcer le projet de développement de La Tribune dans son ensemble. Elle nous a permis d'accélérer la mise en production de La Tribune Dimanche, un projet que nous considérions depuis plusieurs mois.

Les lecteurs sont accaparés et leur temps disponible d'attention très limité. Comment émerger dans un univers digital déjà très concurrencé ?

Pour être visible et émerger aujourd'hui, un média, quel que soit son support, doit d'abord affirmer sa différence et sa proposition éditoriale. Cela reste le sujet n°1 pour chaque média. Le contexte n'a jamais été facile, mais un média, c'est d'abord et avant tout une affaire de vision et de conviction. Peu de journaux traitent la proximité avec les territoires et les sujets liés aux transformations économiques comme La Tribune, qui de plus veut rassembler, et non cliver son lectorat.

Pour ce qui est du digital, pour émerger nous devrons bien sûr pousser cette offre en investissant plusieurs canaux : le web certes, sur le site latribune.fr, mais également l'audio, l'environnement applicatif, des canaux de proximité, etc. Nous avons été le premier média en audio augmenté (offrant au lecteur la possibilité d'entendre au lieu de lire les articles via la technologie de text to speech, ndlr.). Nous allons soigner tout particulièrement notre capacité à engager la conversation avec nos lecteurs. Ce lancement est accompagné d'une campagne de communication sur tous les canaux et de la promotion de ventes aux abords des marchands des journaux.