Julien Cadot (Humanoid) "Perplexity va changer le modèle de rémunération de ses publishers partenaires"

Julien Cadot, COO de Humanoid, éditeur partenaire de Perplexity, confirme ne toucher pour l'instant aucun revenu en contrepartie de l'accès à ses données.

JDN. Humanoid a annoncé en février avoir signé un deal avec Perplexity. Combien touchez-vous aujourd'hui et quel est votre modèle de rémunération ?

Julien Cadot est le COO d'Humanoid © Humanoid

Julien Cadot. Nous avons négocié un modèle de rémunération publicitaire potentiel. Perplexity a créé une feuille de route qui inclut ses partenaires mais l'engrenage réel de rémunération n'est toujours pas lancé en Europe. Il est prévu qu'il ait lieu fin septembre. Nous n'avons pas encore touché un seul centime.

Le modèle que nous avons négocié est un partage de revenus publicitaires vu que Perplexity en libre accès était censé être financé par la publicité. Le modèle consiste à pondérer par média la somme que la publicité a rapporté.

Pour illustrer, pour chaque résultat fourni par Perplexity aux utilisateurs, si Frandroid comptait pour 60% du contenu, Frandroid aurait 60% du revenu publicitaire généré lors de cette consultation moins la commission de Perplexity. Cette base, ce modèle, est certes imparfait mais c'est un point de départ.

A combien se monte la commission de Perplexity ?

Nous ne sommes pas arrivés à ce niveau de détail. Nous nous sommes basés sur une matrice de calcul qui était à revoir dès que le produit serait lancé. La source du financement prévue par Perplexity au moment de la signature de notre contrat en décembre dernier était publicitaire.

"Nous n'avons pas encore touché un seul centime"

Mais j'ai le sentiment que tout cela est en train de changer…et que Perplexity est en train de revoir son modèle : le lancement de leur régie publicitaire ne semble plus à l'ordre du jour. 

C'est en tout cas le bruit qui court depuis le lancement du programme basé sur "Comet Plus".

C'est cela. On parle désormais d'un modèle basé sur une somme fixe, qui serait partagée entre les différents publishers, un peu à la manière des droits voisins. C'est ma compréhension de ce qu'ils entendent annoncer prochainement en Europe.

Vous avez donc accepté de partager vos articles et archives sans contrepartie financière ?

Nous nous positionnons en amont en sachant pertinemment que cette industrie est naissante, que les entreprises d'IA dépensent beaucoup plus qu'ils ne facturent et que tout cela est en train de se mettre en place. Dès que les sources de financement seront disponibles, nous serons déjà là et nous toucherons notre part. N'oublions pas que toutes ces entreprises savent scrapper les données des éditeurs. En attendant nous disposons d'un accès technologique et des avantages en nature.

"Notre deal avec Perplexity ne nous offre pas davantage de visibilité dans ses réponses"

Dans les détails en effet nous avons fourni à Perplexity un flux RSS complet qui leur envoie l'intégralité de nos articles passés et présents. En contrepartie, et en attendant d'être rémunérés pour l'usage qui est fait de nos contenus, nous nous servons sans aucun frais de la technologie de Perplexity à la fois pour nos besoins internes et pour le confort de nos lecteurs. Nous bénéficions d'un accès gratuit à Perplexity Enterprise, qui nous permet de créer différents outils basés sur l'IA pour un usage interne (création de tableaux, lecture d'image et retranscription en texte, traduction, etc.). Nous sommes également reliés à Perplexity par API pour nos lecteurs : ces derniers font désormais des recherches sur nos sites en posant des questions au moteur d'IA.

Le fait d'être partenaire de Perplexity vous garantit-il plus de visibilité dans ses réponses ?

C'est ce que j'aurais souhaité et espéré mais nos tests nous démontrent que cela ne se produit pas. Il n'y a pas d'avantages à ce niveau.

Souhaitez-vous signer ce type d'accord avec d'autres entreprises d'IA sachant que la traçabilité reste un point faible majeur dans ce type de deal ?

Aujourd'hui, ces IA sont des boîtes noires : les éditeurs ne disposent d'aucun moyen pour tracer et contrôler le volume d'articles qu'ils produisent qui sont utilisés par ces IA. Ceci étant, des start-up se créent pour devenir demain les analytics des IA. Ces outils se mettent petit à petit en place et ils joueront demain le rôle de tiers de confiance.

Quant aux autres moteurs d'IA, nous serions plus que ravis de pouvoir signer avec eux des deals de la même nature de celui que nous avons signé avec Perplexity. OpenAI semble vouloir s'ouvrir davantage, il serait souhaitable que Mistral s'intéresse davantage aux éditeurs également.