Les entrepreneurs ont besoin de visibilité : stop à la girouette fiscale !
Depuis des années, et au-delà de la crise politique actuelle qui ne fait qu'exacerber une instabilité chronique, les entrepreneurs sont déboussolés face à l'inconstance fiscale des gouvernants.
Alors que le macronisme était né dans la célébration de la « start-up nation » et de l’enthousiasme d’entreprendre, certaines récentes propositions fiscales, souvent perçues comme complexes ou difficiles à mettre en œuvre pour de nombreux chefs d’entreprise, suscitent des interrogations. Hélas, cette situation ralentit l’élan de ceux qui ont eu le courage de se lancer.
Un climat d’instabilité qui épuise… surtout les plus petits
La dernière illustration de ce paradoxe, c’est le projet de loi de finances 2026. Il prévoyait de modifier profondément le régime des auto-entrepreneurs en abaissant les seuils de franchise de TVA. Dès 37 500 euros de chiffre d’affaires, un micro-entrepreneur aurait dû facturer et reverser la TVA à l’État. Et pour le secteur du BTP, le seuil aurait été ramené à 25 000 euros. Autrement dit : taxer ceux qui gagnent à peine leur vie et alourdir la paperasse de ceux qui n’ont pas encore consolidé leur activité.
Heureusement, la réforme ne devrait finalement pas être adoptée. Mais le simple fait qu’elle ait été envisagée en dit long sur le climat du moment. Car, depuis des mois, les indépendants vivent dans une angoisse permanente : chaque nouvelle loi de finances semble remettre en cause un équilibre fragile. On ne sait plus à quoi s’attendre. Et dans un pays où la bureaucratie pèse déjà lourd, cette imprévisibilité devient un fardeau supplémentaire.
Les entrepreneurs ne veulent ni privilèges, ni de traitement de faveur. Ce qu’ils attendent avant tout, c’est de la visibilité, de la clarté et un environnement de confiance. Ils ont besoin de savoir sur quelles bases ils peuvent construire leur avenir, car l’incertitude complique naturellement leurs décisions et leur développement.
Lorsqu’un indépendant démarre son activité, chaque euro compte. Entre les charges, les assurances, les déplacements, les périodes creuses, les cotisations, la moindre variation de régime fiscal peut faire basculer un équilibre précaire.
Le régime de la micro-entreprise, créé en 2009, est un tremplin. Il permet de tester une idée, de trouver ses premiers clients, de franchir la première marche vers l’indépendance. Et c’est précisément parce qu’il fonctionne qu’il faut le protéger. Le fragiliser, c’est envoyer le message que la France n’encourage pas la prise d’initiative — qu’elle la pénalise.
Le syndrome français : réformer sans cohérence
Depuis vingt ans, la France souffre d’un mal chronique : la réforme permanente. Chaque gouvernement veut “simplifier”, mais finit par complexifier encore davantage. On crée un régime, puis on le modifie. On promet un cap, puis on l’abandonne. On parle de stabilité, puis on change les seuils, les plafonds, les critères…
Ceux qui ont besoin de prévisibilité, notamment les artisans, indépendants ou auto-entrepreneurs, naviguent à vue et doivent s’adapter à un environnement incertain.
Cette situation a un impact sur le tissu économique local qui en pâtit, puisque derrière chaque entreprise, se trouvent des familles, des partenaires, des clients, parfois un territoire tout entier.
À force d’envoyer des signaux flous, on finit par provoquer ce qu’on voulait éviter : le repli, la méfiance, la résignation. Certains retardent leur projet, d’autres abandonnent leur activité ou pensent à quitter le pays pour des environnements plus lisibles. Et tout cela au moment même où la France a besoin de redynamiser son économie et de recréer des emplois de proximité.
La priorité nationale devrait être d’encourager l’entrepreneuriat, plutôt que de compliquer les démarches ou d’alourdir la fiscalité de ceux qui osent. Les entrepreneurs, petits ou grands, jouent un rôle majeur dans la création de valeur, d’emplois et de lien social. Chaque indépendant qui réussit devient un modèle, un employeur potentiel, un acteur du lien local. Les freiner, c’est ralentir la croissance.
Et il ne s’agit pas de défendre un statut figé : il s’agit de préserver un écosystème de démarrage, une porte d’entrée vers l’économie réelle. Si la micro-entreprise devient un champ de mines administratives, alors elle perdra son sens. Et avec elle disparaîtra une part essentielle de l’énergie entrepreneuriale française.
Restaurer la confiance pour relancer l’entreprenariat
La France ne se relèvera pas sans un pacte de confiance avec ceux qui entreprennent. Cette confiance ne se décrète pas, elle se construit. Elle passe par la stabilité fiscale, par la lisibilité des réformes, par une parole publique claire et tenue. Les entrepreneurs ne craignent ni l’effort, ni le risque — ils vivent avec. Ce qu’ils redoutent, c’est le changement permanent des règlementations.
On peut comprendre la volonté de mieux encadrer certains statuts, d’éviter les abus, de garantir l’équité fiscale. Mais cela doit se faire avec méthode, concertation, et surtout constance. Changer les seuils, suspendre une mesure, la réactiver quelques mois plus tard : c’est précisément ce qui tue la confiance, l’investissement et la créativité.
Les entrepreneurs sont les employeurs de demain, les innovateurs d’aujourd’hui et la richesse collective de notre avenir. Leur confiance est essentielle pour dynamiser l’économie, et un manque de soutien peut ralentir le développement national. Ce dont la France a besoin, c’est avant tout de stabilité et de confiance pour accompagner ceux qui entreprennent.
Laissons les entrepreneurs respirer : ils sont notre meilleure assurance-vie économique.