L’inévitable équation du coût dans le choix de sa solution e-commerce

Et si nous parlions sans langue de bois, de façon transparente du TCO, le coût total de possession ou d’utilisation d’une solution e-commerce ? Sujet complexe mais néanmoins essentiel à prendre en compte dans le choix de sa solution!...

Le calcul du TCO(*), critère de choix universel

Lorsque j’accompagne mes clients dans le choix de leur solution e-commerce, ou dans un choix plus large de solutions pour mettre en place une architecture de commerce connecté, j’analyse des solutions en fonction de critères propres au contexte du client. Des critères avec des pondérations qui varient en fonction des enjeux du client et des objectifs du projet.Un critère revient de façon universelle : le coût total de la solution, le fameux TCO (Total Cost of Ownership).
Le TCO (Total cost of ownership), est un concept d'analyse introduit dans les années 1990 par le Gartner Group, visant à quantifier les couts directs et indirects, cumulant les couts d'investissements et d'exploitation, durant le cycle de vie de l'installation et de l'utilisation du logiciel.

2 grandes familles de licences, On premises et SAAS

Avec des solutions On Premises, vous possédez la solution que vous vous chargez de maintenir, d’héberger et d’exploiter. Les licences Open Source rentrent de ce point de vue dans le modèle On Premises, même si la licence initiale est quelque fois gratuite. Les compétences nécessaires peuvent être intégrées ou déléguées, mais dans tous les cas, vous êtes seul maître à bord pour gérer et maîtriser toute la chaîne d’exploitation du logiciel.
Avec des solutions en mode SAAS (Software As A Service), vous ne possédez pas le logiciel, vous l’utilisez, et payez un abonnement dont le montant est indexé à cette utilisation. Les critères peuvent être multiples, liés à la charge d’utilisation (nombre de pages vues, taille du catalogue, nombre d’utilisateurs, …) ou liés au fruit de l’utilisation (chiffre d’affaire généré par la plateforme, le "revenue sharing"). A noter que les modèles liés au fruit de l’utilisation sont assez vertueux puisqu’ils engagent l’éditeur à votre réussite.

On premises, de nombreux paramètres, et des risques à prendre en compte

Le calcul du TCO est compliqué à estimer pour du “On Premises”, et ne reste au mieux qu’une estimation avec des hypothèses.
D’abord parce qu’il intègre de nombreux paramètres, allant des coûts de développements aux coûts de licences et de support, en passant par les coûts de d’hébergement et de nombreux coûts annexes (CDN, architecture, expertises, ...).
Ensuite parce que la possession d’une solution embarque des risques non négligeables, dont il faut estimer les coûts de prévention, la probabilité de survenance et les coûts de résorption. Par exemple, si vous choisissez de posséder votre solution et de piloter votre hébergement, une mauvaise anticipation d’un pic de trafic durant les soldes pourrait vous faire perdre du chiffre d’affaire, voire perdre des clients et dégrader votre image. Ça s'anticipe et ça doit être pris en compte.

On premises, durée de possession, montées de version et obsolescence de la solution 

Avec une solution “on premises”, vous démarrez votre projet sur une version du logiciel et il n’est pas rare que vous ne soyez déjà plus “à jour” lorsque le projet s’ouvre au grand public. Le rythme des versions dépend des éditeurs mais il est globalement toujours plus élevé qu’on le voudrait.
Il est plutôt rare que chaque nouvelle version apporte un ROI business à la hauteur des investissements nécessaires pour faire la mise à jour et aux risques de régressions qui sont liés. Néanmoins, si vous souhaitez bénéficier du support de l’éditeur pour lequel vous payez chaque mois, il est nécessaire de ne pas prendre trop de retard dans le suivi des versions. Si vous décrochez, il viendra un moment où l’éditeur ne supportera plus votre version, ou l’ensemble des couches du socle applicatif deviendront obsolètes (des couches les plus basses du système aux couches intégrées dans le logiciel), vous exposant ainsi à d’éventuelles failles de sécurité qui ne seront pas corrigées.
Enfin l’obsolescence du logiciel, souvent programmée par les éditeurs et nécessaire pour leur permettre de faire passer à leur logiciel une étape de maturité par une nouvelle version majeure.
Cette obsolescence est difficile, voire impossible à estimer en fonction des éditeurs, des contextes et d’un avenir qu’on ne peut qu’imaginer.
Le nombre d’années de production pour la solution est donc très estimatif, et pourtant essentiel dans le calcul.

On premises, la croissance est aussi un paramètre important

Un autre facteur est à prendre en compte: la croissance ! La croissance de l’activité génère un nombre de visiteurs et de transactions plus important, et donc un hébergement plus couteux, nécessitant aussi des architectures distribuées plus complexes.
La croissance internationale nécessite de déployer des sites pays, nécessitant aussi un upgrade de l’hébergement, voire de construire des architectures distribuées sur plusieurs data centers, pour des problèmes de temps de réponse mais aussi d’hébergement local des données.
Cette croissance va nécessiter de faire fortement évoluer la plateforme, l’hébergement, la maintenance et faire varier les coûts de licences de façon importante.

On premises, tentons de poser une équation du TCO

TCO = (Coût Licences + Coût Support_Éditeurs + Coût projet_total (*) + Maintenance Corrective + Evolutions + Montées_de_version + Hébergement + Pilotage Hébergement + Pilotage Prestataire + Pilotage Editeur + Risque Pannes + Risque Changement Hebergeur + Risque Changement Prestataire) x facteur de_croissance / Nb Années Production
Autant dire qu’il est fréquent d’oublier des facteurs de coûts ou de les sous-estimer avant le projet…
Une étude récente du Forrester faisait apparaître que plus de 43 % des programmes e-commerce avaient un TCO bien supérieur aux estimations.

SAAS, une équation un peu plus simple

Dans le modèle SAAS, la maintenance du socle logiciel, l’hébergement et l’exploitation de la solution sont totalement pris en charge par l’éditeur. Les montées de version sont intégrées et transparentes, votre solution est toujours à jour. La croissance est supportée, tant en volume qu’en ouverture pays.
L’équation se simplifie donc fortement, supprimant un certains nombres de facteurs mentionnés au dessus et ne laissant que le loyer mensuel et les charges liées à la gestion des spécificités de votre marque, donc de la création de valeur :
TCO = Loyer_annuel + ( Cout_projet (*) + Maintenance_Corrective_Specifique + Evolutions + Pilotage_Prestataire + Risque_Changement_Prestataire ) / Nb_Annee_Production
Ca ne signifie pas forcément que c’est plus ou moins cher. C’est en revanche bien plus prévisible et maîtrisé, et surtout, vous mettez toute votre énergie dans votre métier en créant de la valeur différenciante de votre concurrence, vous n’en mettez pas dans l’exploitation de la solution.

Comment comparer les 2 modèles ? Lequel choisir ?

C’est un choix stratégique pour lequel il n’y a pas de réponse universelle, pas de bonne ou de mauvaise réponse. Et c’est tout l’objet de mes prestations d’accompagnement.
Pour vous donner quelques pistes, quelques questions à vous poser:
  • Quelles compétences je souhaite intégrer à mes équipes car elles créent de la valeur pour mon business ou sont critiques pour la bonne marche de mon business ?
  • Quels sont les types de prestataires dont je souhaite m’entourer et comment vais-je maîtriser leurs prestations et la synchronisation entre ces prestataires ?
  • Quel équilibre CAPEX/OPEX ?
  • Quelle part de charges fixes et de charges variables par rapport à mon business, à ma croissance et aux risques de volatilité de mes revenues ?
  • Quelle part de risque “technologiques” suis-je prêt à embarquer ?
  • Quelle croissance ai-je prévu ?
  • Quel déploiement international et à quelle rythme ?
Et enfin, une projection sur la base du business plan fera apparaître toute la lumière sur le modèle le plus pertinent.

Avant de finir, démontons quelques idées reçues

Évidemment, j’entends beaucoup de raccourcis ou d’idées reçues, voici donc quelques points importants d'éclaircir :
  • Avec les meilleures solutions SAAS, vous pouvez connecter et synchroniser la solution à votre SI et vous pouvez faire autant de spécifique que sur une solution On Premises.
  • La puissance fonctionnelle et technique des solutions n’est pas liée à leur modèle SAAS ou On Premises, mais à leur positionnement et leur maturité.
  • Non, ce n’est pas parce qu’on le fait soit même que c’est mieux fait, des spécialistes sont souvent mieux outillés. Reste à valider que ça reste intéressant financièrement et que l’engagement de l’éditeur est à la hauteur de vos enjeux business.
  • Non, il ne suffit pas de mettre une solution On Premises sur le cloud pour en faire une solution SAAS. Editer une solution On Premises ou une solution SAAS sont des philosophies et des savoir-faire très différents.
  • Oui la part de SAAS augmente mais non, le “On Premises” n’est pas mort, il continuera de correspondre à de nombreux besoins, à de nombreux modèles.
  • Mais surtout… doit on continuer de parler de coût de possession à l’heure où le SAAS explose? Ne serait ce pas l’heure d’un nouveau modèle de calcul de coüt?...
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