La consommation responsable, sacrifiée sur l'autel de l'inflation ?

Dans un contexte inflationniste, les dépenses des Français sont de plus en plus contrôlées. Les ménages font donc des choix stratégiques pour maintenir leur pouvoir d'achat.

La consommation responsable aura longtemps souffert de sa réputation de consommation luxueuse. C’est uniquement ces dernières années et avec les preuves irréfutables du changement climatique que la mentalité a commencé à changer. De plus en plus réclamée auprès des enseignes, ces biens de consommation pâtissent aujourd’hui de l’inflation qui impose aux foyers de nouvelles priorités.

En effet, une étude récente d’OpinionWay, révèle que 85% des Français sont pessimistes concernant leur pouvoir d’achat. Au sein de cette population, ils sont 34% à indiquer que leur pouvoir d’achat ne leur permet pas de vivre confortablement. Des chiffres qui peuvent faire peur !

Les enseignes doivent faire preuve d’agilité et de créativité

Une chose est donc certaine : ces dernières années n’ont pas été clémentes avec les acteurs du retail. Si la distribution s’était vue imposer une digitalisation à marche forcée par une pandémie inédite, l’inflation conséquence d’une crise géopolitique majeure vient une nouvelle fois bouleverser un équilibre fragile. Répondre aux attentes changeantes des consommateurs tout en maintenant sa performance économique et en répondant aux enjeux écologiques contemporains est un travail de funambule complexe.

Les distributeurs ne pourront réussir cet exercice qu’en acceptant de remettre en cause leur modèle économique pour opérer une transformation drastique à tous égards. Certains, comme Monoprix, le groupe Fnac Darty ou encore Carrefour, l’ont bien compris. Ces géants de la distribution ont fait passer leurs offres de produits vers une offre servicielle. L’offre d’abonnement Darty Max permet par exemple de renvoyer son produit endommagé pour le faire réparer, plutôt que simplement remplacer le modèle. Un moyen de fidéliser les clients tout en créant un flux de revenus fixes, indispensable pour compenser une éventuelle baisse des ventes. Mais également, pour le consommateur, de profiter de produits correspondant à leurs impératifs de durabilité et d’économiser en s’épargnant, dans le cas de notre exemple, le prix d’un produit neuf.

Gagner en granularité pour oser expérimenter

Pour trouver le modèle de demain, les distributeurs doivent donc tester, expérimenter en grandeur réelle et mesurer. A cet égard, une vision granulaire de toute la chaîne de valeur est un prérequis indispensable. Pour cela, l’analyse des données n’est plus une option. Elle doit même devenir une priorité dans la division budgétaire des entreprises. L’inflation en est la preuve. Les attentes des consommateurs envers les circuits de distribution ont changé. Désormais éclairés vis-à-vis des enjeux d’une consommation durable, les consommateurs doivent néanmoins composer avec des impératifs de budget incompressibles. Grâce aux données, les distributeurs peuvent ainsi adapter leurs assortiments de produits et proposer des gammes de prix raisonnables sur une sélection d’articles.

Les enseignes doivent donc aller plus loin. Mais cela demande une connaissance fine de leur clientèle. Cette dernière semble d’ailleurs être prête à accompagner les entreprises dans leur quête d’adaptabilité. Selon une étude Kantar, 60% des Français seraient disposés à partager leurs données personnelles pour obtenir des promotions. Ainsi, des cartes de fidélité ou des systèmes d’abonnement peuvent être de bonnes solutions pour inciter à l’achat en vrac ou de produits bio.

Bref, les possibilités sont nombreuses pour réussir de balancer la durabilité et l’inflation. Mais tout cela demande une stratégie analytique béton qui n’est pas toujours évidente.

La chaîne d’approvisionnement, le nerf de la guerre

Certes, la réflexion sur les données clients est nécessaire et urgente. Mais la stratégie la plus simple et la plus rapide pour baisser les coûts, tout en améliorant la durabilité de l’entreprise, est de perfectionner l’efficacité des processus de fabrication et de la chaîne d’approvisionnement. Les capacités de forecasting, amenées par un usage intelligent de la donnée, permettent ainsi d’optimiser la gestion des stocks et de l’approvisionnement. Un moyen efficace pour lutter contre tout surplus de marchandises.

Autre enjeu phare de la supply chain, la question du dernier kilomètre, crucial en matière de durabilité, peut être optimisée grâce à une analyse de bout en bout de la chaîne opérationnelle. Il peut, pour certains distributeurs, être plus rentable – et par effet de ricochet, plus durable – de réduire la fréquence d'approvisionnement, d'utiliser des camions de capacités différentes, d'augmenter ou de diminuer les politiques de stock. Aujourd’hui, certaines innovations comme les Digitals Twins sont largement adoptées par le secteur de l’industrie et de la distribution pour qualifier et améliorer les schémas décisionnels pour réduire l’empreinte carbone tout en maintenant une profitabilité optimale.

L’inflation doit donc nous obliger à repenser des modes de fonctionnement historiques, moins pertinents dans le contexte actuel. Voyons cette période complexe comme un épisode charnière, une opportunité d’augmenter et d’améliorer les services proposés vers plus de durabilité. Les acteurs du retail sont assis sur une mine d’or de données, qui n’attendent qu’à être exploitées. Mettons-les à profit !