Comment les réseaux sociaux et la supply chain ont volé Noël
Les réseaux sociaux sont devenus un facteur clé dans la consommation de fin d'année, changeant les tendances de la demande et obligeant les détaillants à s'adapter de manière inédite.
Cependant, l'année écoulée a été témoin d'un virage vers la sobriété. Confrontés à des pressions financières, les consommateurs se montrent plus stratégiques dans leurs achats. Une étude récente révèle que l'augmentation des coûts a réduit le budget moyen des cadeaux de fin d'année à 446 euros en 2023, en baisse de 20 euros par rapport à 2022. Pour un quart des Français, ce budget n'a même pas dépassé 200 euros. La tendance actuelle penche vers des cadeaux plus économiques, reflétant une volonté de mieux gérer son budget dans un contexte économique difficile.
Il est raisonnable de dire qu'avec les pressions liées au coût de la vie, les perturbations des supply chains et le fait que près de la moitié des consommateurs français ont dépensé moins en général, les cadeaux et les jouets ne se sont pas envolés – ni ne sont arrivés massivement – des rayons cette année.
Des grands moments pour des petits prix
Si plusieurs facteurs expliquent le resserrement des cordons de la bourse, la conséquence directe est une pression accrue sur les fournisseurs et les détaillants afin d’abaisser les prix.
Pour ne pas que l’on pense que le Père Noël est une ordure, les consommateurs ont redoublé d’ingéniosité en se tournant vers des vêtements de seconde main, des appareils électroniques à bas prix ou des gourmandises. Cependant, Le défi majeur réside dans l’anticipation afin de deviner où et comment ces besoins vont se manifester et en particulier pour les produits avec de longues supply chains et dont les stocks sont planifiés longtemps à l’avance.
Bien que des événements à grande échelle tels que l'augmentation du coût de la vie, la pandémie de COVID et les sempiternelles catastrophes de transport maritime aient un impact considérable sur les dépenses et les supply chains, les problèmes commencent souvent à une échelle beaucoup plus petite, parfois juste à notre porte. Des changements imprévus dans les demandes des clients – concernant ce qu'ils achètent, quand et où – peuvent provoquer des perturbations tout aussi importantes. Même en l'absence de pénuries critiques de nourriture, par exemple, certains produits peuvent se raréfier en stock à cause de difficultés dans la gestion des inventaires, en particulier lors de changements importants ou rapides de la demande.
La demande à l’épreuve de la frénésie des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la stimulation de la demande. Un produit peut devenir populaire et se retrouver en rupture de stock en quelques secondes. Ce phénomène s'est répété à maintes reprises en 2023. Les acheteurs cherchent désespérément à acquérir les derniers articles tendance, espérant trouver, au bout de l'arc-en-ciel, non pas un pot d'or, mais un coupe-faim révolutionnaire ou une fabuleuse machine à sorbet.
Les supply chains ont dû s’adapter de manière inédite et cette fin d’année nous montre qu’il y a encore des leçons à apprendre. Les entreprises doivent adopter de nouvelles manières de surveiller et de prédire les fluctuations de la demande en plus d’un contexte global toujours aussi incertain. Si elles échouent, la prochaine fois, il sera inutile d’accuser le Grinch, car ce seront bien les réseaux sociaux qui pourraient voler les cadeaux.