Etablir les fondements des villes numériques européennes de demain

Les fonds de relances européens doivent être consacrés à la construction d'un noyau numérique urbain destiné aux villes de demain, moderne et prêt pour l'avenir.

En 2050, la population mondiale dépassera les 10 milliards d’individus, avec la majeure partie concentrée au sein des villes. Cela aura un impact direct sur la sécurité, la mobilité, la qualité de vie et bien évidemment l’environnement. L’urbanisation et la numérisation représentent deux tendances-clé pour façonner les villes de demain. En effet, L’Europe souhaite "reconstruire en mieux", et c’est à l’intersection de ces deux volontés que se nichent les opportunités. De plus, les villes numériques intelligentes peuvent aider l’Europe à rebondir après les difficultés induites par la crise sanitaire et réduire l’impact environnemental. En adoptant les technologies de Smart City et l'Internet des objets (IoT), les villes peuvent notamment faire face aux défis associés à ces projets.  

Les fonds de relance gouvernementaux qui encouragent la reprise et la résilience au sein de l’Union européenne, combinés à l’objectif stratégique de l’Union d’accélérer le déploiement de nouvelles technologies telles que la 5G, l’IA, le cloud et l’Edge Computing, doivent être mis à profit afin de créer les villes écologiques et numériques de demain. Une collaboration qui permet la mise en œuvre d’une relance fondée sur les données, capable de redéfinir les infrastructures, tout en réinventant les principaux aspects de la vie en société et des services publics.

Selon Gartner, les défis urbains tels que la sécurité, les embouteillages ou encore les catastrophes naturelles, sont souvent abordés séparément. L’ouverture, la collaboration et une approche centrée sur l’individu sont essentielles dans l’utilisation de ces technologies. Des espaces transparents, interopérables, sécurisés et ouverts sont ainsi nécessaires pour favoriser l’accès aux données, à une application, à des démarches administratives ou encore à de nouveaux services.

L’un des premiers défis à relever est le suivant : l’OT (Operational Technology) doit définir des points de mesure pertinents, puis l’IT (Information Technology) doit mettre en place une infrastructure « Edge – Core – Cloud » capable de gérer le volume colossal de données issus des capteurs. L’organisation des données pour qu’elles soient exploitables en temps réel est cruciale, à la fois pour comprendre les indicateurs et prendre des décisions immédiates pour alimenter un Data-Lake. Ceci permettra à l’IA de digérer les données et fournir des informations prédictives ou créer un jumeau numérique permettant de réaliser des simulations.

Le secteur public s’oriente davantage vers de nouveaux modèles de création de valeur basés sur le partage des données ou le Edge computing. Le partage de données aidera 85% des villes européennes qui ne bénéficient pas encore des avantages de l’open data, tandis que l’Edge computing jouera un rôle clé dans la rationalisation de la prestation des services publics.

Les récentes initiatives de l’UE et le développement de valeurs européennes dans le domaine du numérique sont cruciales. Il s’agit également de promouvoir la réutilisation des données du secteur public par le biais du Data Governance Act (règlement sur la gouvernance des données) et de garantir l’accès à des ensembles de données de grande valeur. Une telle approche accompagnera non seulement les villes dans le traitement et l’analyse de leurs données, mais jouera également un rôle de premier plan dans la définition d’espaces pan-européens, tels que celui dédié aux villes « climatiquement neutres » et intelligentes. Cela permettra à l’Europe d’atteindre ses ambitions en matière de transition écologique et de souveraineté des données.

Actuellement, les villes consomment plus des deux tiers de l’énergie mondiale et émettent des niveaux similaires de gaz à effet de serre[1]. Il est de plus en plus évident que les activités humaines des 100 dernières années sont à l'origine d’un réchauffement climatique sans précédent dans l'histoire de notre planète. Les villes ont sans nul doute un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de l’objectif de l’UE, consistant à réduire les émissions de CO2 à 55 % des niveaux de 1990 en l’espace d’une décennie.

Pour suivre le rythme intense de l’urbanisation, il est important que les secteurs publics et privés poursuivent leurs efforts de développement durable. De nombreuses technologies telles que le Smart-Lightning, le Traffic-Control, le Parking-Control, le Smart-Grid, ou le Smart-Buildings peuvent aider à piloter la demande croissante en énergie, améliorer la gestion des déchets ou encore augmenter les services liés à la mobilité. Une adoption généralisée pourrait réduire les émissions de CO2 de 30 % [2] selon le BCG.

La construction d’une Smart-City commence souvent par un projet de Safe-City. L’association de la technologie et du savoir-faire humain permet de créer des services très évolués pour répondre aux signes avant-coureurs d’une urgence, d’une alerte et ainsi d’avoir une réaction rapide et coordonnée. Le citoyen au centre de cet écosystème est protégé des menaces potentielles. Les personnes à mobilité réduite pourront être par exemple proactivement aidées dans leurs tâches du quotidien ou spécifiquement prises en charge lors d’un sinistre.

Les urbanistes étendent l’usage des technologies au cœur de leurs activités quotidiennes et déploient des infrastructures numériques, en prenant en compte les risques digitaux pour assurer la pérennité des projets. La résilience des infrastructures et des communications est intimement liée à la criticité des services gérés. En effet, plus le Edge étend son réseau tentaculaire sur les villes, plus la surface d’attaque augmente et donc les opportunités de cyberattaques.

Alors que l’UE devrait approuver les plans de relance de chaque pays membre dans les semaines à venir, il est essentiel que les fonds soient consacrés à la construction d’un « noyau numérique urbain destiné aux villes de demain » moderne et prêt pour l’avenir. Les villes numériques sont plus qu’un simple concept : elles constituent un mouvement visant à améliorer nos sociétés, nos communautés et nos entreprises.

[1] https://www.c40.org/why_cities

[2] https://etno.eu//downloads/reports/connectivity%20and%20beyond.pdf