Geoffroy Boulard (Métropole du Grand Paris) "Je souhaite doubler le nombre de communes concernées par les Quartiers Métropolitains d'Innovation"

Maire du 17e arrondissement de Paris, et vice-président délégué à l'innovation à la communication et au numérique de la Métropole du Grand-Paris, Geoffroy Boulard a détaillé au JDN ses projets à venir, à l'occasion du salon Innopolis à Paris.

Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement de Paris et vice-président de la Métropole du Grand Paris. © Innopolis / Geoffroy Boulard

JDN. A l'occasion du salon Innopolis, vous avez évoqué les projets menés dans le cadre du programme "Quartiers Métropolitains d'Innovation". Où en est-il ?

Geoffroy Boulard. Le dispositif Quartiers Métropolitains d'Innovation (QMI), opéré par Paris&Co, est le plus grand programme européen d'innovation urbaine. Il a débuté en mars 2023, avec quatre communes (Aulnay-sous-Bois, Meudon, Noisy-le-Grand et Sceaux, ndlr) qui concentrent une trentaine d'expérimentations sur les terrains choisis. L'objectif de QMI est de lever les freins à l'innovation en ville. Les collectivités ne connaissent pas toujours le potentiel d'innovation et de transformation de la ville à travers les partenariats publics-privés. Et elles sont confrontées à certains obstacles, comme le manque d'accompagnement ou les contraintes du code des marchés publics qui ralentit les initiatives. Avec QMI, on accélère les expérimentations. Maintenant que les projets sont déployés, nous allons entamer une phase intéressante nous permettant d'observer comment les habitants s'approprient et réagissent aux innovations qu'ils ont vu apparaître : le basculement du réseau de chaleur urbain du gaz à la géothermie, la collecte de déchets intelligente ou encore la construction d'un écoquartier à Meudon, le photovoltaïque à Aulnay-sous-Bois, éclairage intelligent ou l'optimisation énergétique à Noisy-le-Grand.

Quelle est la prochaine étape ?

Il reste encore un an d'accompagnement dans le programme. Mais nous en préparons dès à présent l'acte deux, pour début 2024. Mon ambition est de doubler le nombre de communes impliquées, pour les porter à huit. Cette deuxième édition va s'organiser sur le même modèle que la précédente : nous allons d'abord lancer un appel à manifestation d'intérêt à destination des maires, pour qu'ils nous disent à partir de quel terrain ou quel bâtiment ils aimeraient innover. Ensuite, il y aura un appel à candidature général, ouvert à l'ensemble des acteurs, locaux, internationaux ou associatifs, pour qu'ils nous présentent leurs innovations. Nous les associerons alors en fonction des demandes des maires. Pour la première édition, nous avions enregistré 25 marques d'intérêt de maires et reçu 200 candidatures d'acteurs, alors que l'on ne pouvait en garder que 32. Nous nous réjouissons de cet intérêt des acteurs à travailler avec les collectivités, nous espérons que l'engouement sera le même.

L'organisation des Jeux olympiques a-t-elle un impact dans l'essor des projets de smart city ?

Oui, les JO les accélèrent. Par exemple, la Métropole du Grand Paris a la maîtrise d'ouvrage du centre aquatique olympique, en face du stade de France, et participe au financement de nombreux autres équipements. L'enjeu n'est pas juste d'accueillir les épreuves mais, derrière, de développer la pratique de la nage. La natation dans le Grand Paris reste compliquée et coûteuse, on manque de piscine. Nous avons tenu à rendre ce centre aquatique vertueux, en diminuant les émissions de CO2 dans sa construction et ensuite ses dépenses énergétiques dans son exploitation par un système connecté de gestion des fluides. Une start-up innove d'autre part afin de construire les sièges en bouchons de plastique recyclé.

Vous êtes également maire du 17e arrondissement de Paris, quels sont vos prochains projets IoT ?

Nous sommes en train déployer massivement des capteurs mutualisant les usages sur les mâts d'éclairage publics, dans le quartier ancien des Batignolles. Cela fait un an que nous travaillons sur ce projet. L'idée est de pouvoir analyser les flux, en respectant le RGPD, pour apporter des solutions à des problématiques, comme aux livreurs dans les zones très denses, afin d'éviter qu'ils ne perdent du temps à chercher une place à proximité de leur lieu de déchargement.

Quels sont les défis à venir ?

L'un des enjeux de la Métropole est de développer son programme de tiers lieux (des espaces partagés et collaboratifs, ndlr). Nous accompagnons les communes dans leurs projets, que nous pouvons financer à hauteur de 200 000 euros. Par exemple, nous travaillons sur un projet à Saint-Maur-des-Fossés sur le site d'une ancienne usine d'Essilor. Nous devons par ailleurs renforcer notre accompagnement auprès des maires car la difficulté majeure pour eux, c'est l'accès à l'information. Ils ne se rendent pas compte que certains projets sont à portée de main. Pourtant la technologie est là et souvent nécessite que peu de moyens pour rendre la ville durable. Nous avons ainsi au sein de la Métropole du Grand Paris un comité, "Innover dans la ville", qui leur permet d'avoir gratuitement des listes de bonnes pratiques mais aussi des réflexions d'acteurs privés sur la manière de façonner la ville avec les enjeux climatiques et écologiques. Et puis nous commençons à réfléchir aux questions démographiques, parce qu'on n'en parle pas beaucoup. Or, le vieillissement de la population est un vrai sujet qui a trait à la mobilité et à l'accessibilité et va susciter des questionnements de la part des maires à l'avenir.

Normand d'origine, Geoffroy Boulard engagé en politique depuis près de 20 ans, d'abord en tant que militant puis comme élu du 17e arrondissement depuis 2008. Il est élu maire du 17e arrondissement de Paris, et vice-président délégué à l'innovation à la communication et au numérique de la Métropole du Grand-Paris en juillet 2020. Il est également cadre d'entreprise.