Développer l'expertise climatique grâce aux données météorologiques dynamiques

Le dernier rapport publié par l'assureur Swiss Re, indique qu'au premier semestre 2022, les pertes liées aux catastrophes naturelles dans le monde se sont élevées à environ 69 milliards d'euros.

Alors que des milliers d’hectares sont ravagés par les flammes dans le sud de la France et dans de nombreuses régions du monde en raison de la sécheresse, affirmer que le changement climatique pose un véritable défi au secteur de l’assurance serait un euphémisme. Aujourd’hui, non seulement les sinistres liés aux conditions météorologiques augmentent en volume, en intensité et en coût, mais l’accélération du changement climatique lui-même se traduit par un paysage en constante évolution. La recherche des données adéquates à l’appui de la stratégie est loin d’être une évidence, même dans un secteur doté d’une expertise en matière d’analyse.

Cependant, de même que les gouvernements et les institutions spécialisées dans le climat du monde entier s’efforcent de ralentir le rythme du réchauffement de la planète – malheureusement avec un succès limité jusqu’à présent –, les assureurs doivent également trouver des moyens de se prémunir et de protéger leurs clients contre tout risque évitable. Pour certains, cela peut impliquer de revoir la manière dont ils ingèrent les données et les traitent afin d’étayer leur processus de bout en bout, de l’intégration à la gestion des sinistres.

Il ne s’agit pas d’un simple exercice de gestion de l’exposition au risque, mais d’une exigence d’ordre concurrentiel. Ainsi, avec le recours croissant à l’intelligence artificielle (IA) et au machine learning (ML), les compagnies d’assurance sont confrontées à de nombreux défis qu’elles peuvent désormais relever en adoptant les mesures et approches adéquates afin de mieux appréhender les risques.

Rechercher de nouvelles sources de données météorologiques

Selon les projections climatologiques à l'horizon 2040 Drias – Météo-France, de nombreuses villes de France, leurs habitants et les entreprises basées dans ces zones seront confrontées à d’importants épisodes de sécheresse, de pénurie d’eau et de risques climatiques au cours des prochaines années. De telles projections témoignent de la disponibilité de solutions et de données permettant aux assureurs d’anticiper les risques et de se préparer à tous les scénarios sur la base de ces informations.

Une importante partie des sinistres serait, d’après diverses analyses, liée aux conditions météorologiques. La recherche de nouvelles sources de données météorologiques constitue donc un prolongement logique des efforts déployés jusqu’à présent par les assureurs. Le rôle du climat et de la météo est en effet plus que jamais incontestable dans ce secteur d’activité.

Disposer des compétences internes pour l’analyse des données

Certaines des initiatives ou des organisations les plus impressionnantes en matière de science des données appartiennent ainsi au secteur des assurances. À l’heure actuelle, la création de certaines compagnies d’assurance repose à 100 % sur les données. Non seulement ces dernières savent comment évaluer les données, mais elles sont également capables de les modéliser et d’en tirer des enseignements, en formant des bots d’IA sur la base de ces informations.

Certaines compagnies d’assurance de renom sont même allées jusqu’à engager des météorologues pour interpréter ces données. Pour l’essentiel, il est nécessaire que les deux ensembles de talents de l’organisation — la météorologie et les données — collaborent afin de replacer les données dans le bon contexte.

De surcroit, chaque organisation étant différente, la création de départements d’analyse des données et de postes de Chief Information ou Data Officer au sein des entreprises permet de tirer parti de ces éléments de données pour le compte des autres silos ou fonctions. En effet, le type de modélisation des données utilisé pour la création de produits ou l’établissement des prix se retrouve également dans la modélisation météorologique comme un élément essentiel du processus de souscription ou de devis.

Toutefois, la gestion des informations climatiques et météorologiques est plus complexe que dans d’autres domaines, et bon nombre de ses aspects sont complètement abstraits du fait de son imprédictibilité. Or si des spécialistes du domaine sont nécessaires pour les cerner, il existe cependant d’autres ensembles de données qui sont directement exploitables et très explicites, et permettent aux responsables des sinistres de savoir si un certain événement météorologique s’est produit le jour du sinistre, par exemple.

Ainsi, dans le cas d’un nouveau bien à couvrir, il peut s’agir simplement de consulter les informations historiques : le bien a-t-il déjà été touché par des intempéries ? Des propriétés similaires dans la même zone ont-elles été touchées ? Quelle était la gravité de la tempête de grêle ? Autant d’informations simples mais néanmoins très utiles.

En ce qui concerne le changement climatique dans son ensemble, les données d’historiques ne sont pas nombreuses et assez récentes. Or, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à la COP26 en passant par les gouvernements, les prédictions générales sur le réchauffement climatiques incitent à l’anticipation et à la prévention. Il n’est donc pas prématuré pour les compagnies d’assurance de s’engager dans cette voie. En effet, celles-ci disposent de suffisamment d’informations, pour être à même de projeter les risques à plus long terme. L’inertie étant l’ennemie du bien, pour rester compétitives, mais surtout pour protéger les intérêts des clients, particuliers et professionnels, les compagnies d’assurance doivent d’ores et déjà analyser et exploiter ces données pour anticiper les prochaines années.