La capacité d'agir des ONG passe maintenant par la maîtrise des données

Donner aux ONG les mêmes moyens que les entreprises en matière d'analyse des données pourrait révolutionner leur capacité d'agir.

Stocker, analyser, comprendre et exploiter des données est créateur de valeur, c’est indéniable et ce n’est plus à prouver. Les entreprises  les plus modernes n’en ont désormais plus le monopole, puisque les organisations de toutes tailles, issues de tous les secteurs d’activités et accueillant une large variété de métiers, l’ont bien compris.

Cependant, même si l’on assiste à une adoption globale de techniques avancées liées aux données et à l’amélioration du niveau de data literacy en entreprise (soit les compétences liées à la compréhension, l’analyse et l’utilisation des données), certains restent à la traîne, en particulier les ONG. Ces dernières sont dans cette situation, non pas par manque de bonne volonté, mais à cause d’un accès limité à l’expertise et aux outils nécessaires pour instaurer une culture data-driven au sein de leur structure. 

En effet, comme pour les organisations privées, les données peuvent jouer un rôle clé pour stimuler les opérations et les activités des organismes caritatifs et autres entités à but non lucratif. En revanche, ces dernières peuvent encore avoir du mal à y accéder. Par conséquent, le défi à relever pour les ONG n’est pas tant d’avoir accès aux informations dont elles ont besoin, mais de savoir comment utiliser et interpréter efficacement les données en question et y accéder en temps réel - ce qui revient à disposer des outils et des compétences adéquats.

L’essor de la « fracture des données »

En cas de perception de dons ou d’autres types de revenus, les organismes caritatifs et les ONG ont le devoir d’investir l’argent perçu dans la prestation de services aux personnes et aux communautés dans le besoin. Il en résulte que l’investissement dans les nouvelles technologies et le versement des salaires des travailleurs hautement qualifiés passent toujours au second plan.

À l’instar de la fracture numérique, selon laquelle ceux qui ont accès à Internet ont un avantage inhérent sur ceux qui n’en bénéficient pas, la « fracture des données » qui existe entre les entreprises privées et les ONG pourrait avoir des répercussions durables sur les efforts de ces dernières. En d’autres termes, si les organisations caritatives et autres organismes de ce type ne peuvent accéder à ou exploiter des enseignements provenant des données, leurs efforts pourraient être considérablement entravés. S’Il ne s’agit pas dans le cas présent de se laisser distancer par ses concurrents, il s’agit de prendre conscience des possibilités considérables qu’offrent les données pour faire avancer les causes caritatives et humanitaires.

La clé réside dans les données… dès lors qu’elles sont maîtrisées

Si de grandes avancées sont réalisées grâce aux données pour soutenir de belles causes, le secteur privé reste bien mieux équipé pour les mener. Par exemple, les technologies alimentées par les données, telles que l’IA, l’IoT et l’analytique, sont régulièrement perçues comme essentielles dans la conduite d’initiatives environnementales. Ainsi, un rapport récent d’Accenture a révélé que 60 % des entreprises utilisent l’IA pour réduire leurs émissions. Pour déployer ces technologies avec succès, il est indispensable de disposer d’importants volumes de données et de faire en sorte que les collaborateurs issus de chaque service sachent les exploiter et les manipuler correctement, pour utiliser les outils analytiques de manière efficace.

Par ailleurs, la forte réduction des budgets limite les ONG à n’utiliser que des données et des outils dont elles disposent déjà, ce qui rend l’optimisation de leur valeur encore plus déterminante.

Qui devrait en assumer la responsabilité ?

Les ONG sont les organisations les plus engagées dans la conduite d’un véritable changement sociétal et environnemental positif. Si le secteur privé cherche à améliorer ses performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), ce sera toujours un objectif secondaire par rapport à la génération de revenus. Alors, qui devrait prendre la relève ?

D’une part, les gouvernements ont un rôle à jouer en apportant un soutien spécifique au secteur non lucratif pour que ce dernier puisse améliorer son niveau de data literacy. De nombreuses ONG ont été créées pour combler les lacunes du financement du secteur public, qui est souvent restreint puisque les gouvernements ne peuvent pas se permettre de s’engager à long terme. Pourtant, le soutien recherché par les organisations caritatives et autres ONG est lui à court terme : il s'agit de renforcer les compétences des équipes et de leur donner accès aux outils qui leur permettront d’exploiter ces nouvelles capacités.

D’autre part, il existe un fort potentiel de partenariats entre les entreprises dotées de connaissances en matière de données et celles qui en sont dépourvues. Cela permettrait aux ONG de bénéficier de l’expertise et des ressources du secteur privé, tout en offrant aux grandes entreprises la possibilité d’inclure des liens avec des organisations caritatives dans le cadre d’initiatives ESG existantes. Par ailleurs, les formations en data literacy proposées par les entreprises privées et les initiatives industrielles se sont fortement démocratisées et sont désormais abordables et accessibles à presque tous.

En définitive, les ONG ont besoin de tout le soutien possible pour révéler le pouvoir des données et affronter les grands défis de ce monde. Il est aisé d’imaginer ce que ces organisations caritatives et ces ONG pourraient accomplir si elles disposaient d’un meilleur niveau de data literacy. Le manque de ces compétences - et plus largement, la « fracture des données » - ne font que retarder le déploiement de solutions concrètes pour endiguer les problèmes que les ONG tentent de résoudre.