En 2023, les entreprises attendent plus de leurs analytics

L'époque où la collecte, le traitement et l'analyse des données était vus comme un poste de dépense secondaire est révolue ! Les dirigeants savent que la donnée constitue un actif crucial à exploiter.

Alors que la Banque mondiale redoute une récession généralisée pour 2023, et que le FMI annonce une inflation mondiale à 6,5%, on pourrait craindre que les entreprises revoient leurs dépenses en analytics à la baisse. Surtout lorsque l’on sait que les géants de la tech eux-mêmes sont loin d’être épargnés par la crise, entre licenciements de masse et perte de valeur boursière. Il n’en est rien : l’époque où la collecte, le traitement, l’analyse et l’activation des données étaient vus comme un poste de dépense secondaire semble bel et bien révolue. Plutôt que de rogner sur leurs investissements data au moindre signe de ralentissement économique, les dirigeants savent que la donnée constitue un actif crucial à exploiter pour rester compétitifs sur leurs marchés. Un sondage mené par le CNBC Technology Executive Council auprès de leaders de la tech révèle que 75% d’entre eux s’apprêtent à augmenter leurs dépenses tech. Un constat qu’il convient de nuancer, cependant : d’après la dernière CIO survey de JP Morgan, ces investissements tech croiront en 2023, mais pas aussi vite que l’inflation. Les CIO et autres leaders tech devront bel et bien composer avec une pression économique additionnelle en 2023. Ils continueront d’investir dans des outils tech et data, oui, mais à une seule condition : que ces investissements soient rapidement rentables. L’année sera à la mesure et l’optimisation des retombées concrètes de la BI sur les résultats des entreprises.

Analytics oui, mais avec ROI et donc de l’usage au quotidien

Au cours de la dernière décennie, les outils de BI et d’analytics n’ont cessé de se perfectionner. Aujourd’hui, leur vitesse et leur puissance de calcul suffit à répondre aux besoins de la plupart des entreprises. Comment réussir à les rendre encore plus efficaces et plus rentables ? La réponse ne se situe pas forcément du côté de la prouesse technologique, mais plutôt de l’usage. Pour les entreprises, il ne s’agit donc pas de s’armer d’outils encore plus puissants, mais de s’assurer que les outils existants soient effectivement utilisés par tous les collaborateurs qui pourraient en tirer de la valeur. Longtemps, la question de l’adoption est restée tabou dans le monde de l’analytics : avec un taux d’adoption qui stagne entre 20 et 30%, les outils d’analytics sont loin d'être entrés dans les usages quotidiens de la plupart des entreprises. Pour booster le ROI des outils d’analytics, il s’agira de s’assurer que de plus en plus de collaborateurs aient recours à l’analytics pour mieux faire leur travail et prendre de meilleures décisions. Il sera de plus en plus courant d’intégrer des briques d’analytics dans les outils de travail de toutes les équipes : finance, RH ou commerciales (ce qu’on appelle aussi l’analytics embarqué). Les entreprises se tourneront aussi vers des outils BI de 3ème génération qui mettent l’expérience utilisateur au premier plan et favorise l’autonomie totale des utilisateurs, même les moins experts, sur le cycle de la data. De la sélection des sources de données à leur activation concrète, les utilisateurs métiers pourront créer eux-mêmes les analytics dont ils ont besoin. Grâce, notamment, au progrès de l’intelligence artificielle, ces outils de “BI augmenté” traduisent les demandes faites de manière visuelle ou en langage naturel par les utilisateurs en requêtes “codées”. Plus besoin de savoir coder pour analyser la donnée.

La guerre du cloud aura-t-elle lieu ?

La course à l’adoption ne pourra se faire sans cette innovation qui a révolutionné le secteur au cours des dernières années  : le cloud. Plus élastiques, moins coûteuses, plus performantes, les bases de données analytiques cloud ont conquis les grandes entreprises aussi bien que les petites ou moyennes. Plutôt que d’entreposer leurs données sur des serveurs locaux qu’ils possèdent, difficiles à maintenir et peu aptes à s’adapter aux évolutions du marché, il sera plus courant de se tourner vers les serveurs cloud. Preuve en est : le chiffre d’affaires d’Amazon Web Services, le fournisseur en cloud computing d’Amazon, est en hausse de 33% par rapport à l’année précédente, malgré le contexte économique mondial. La startup d'hébergement de données dans le cloud Snowflake, annonce une croissance annuelle de 67% dans son dernier rapport trimestriel. Seulement voilà, parmi les fournisseurs de cloud les plus prisés, y compris en Europe, on trouve un bon nombre d’entreprises américaines. Ce constat n’est pas anodin, et pose la question de l’accès des autorités américaines aux données des entreprises françaises si celles-ci sont entreposées sur des services outre-atlantique. La data n’est pas simplement un sujet économique. Elle est aussi géopolitique. Dans un contexte international incertain, la question de la « souveraineté numérique » se pose avec toujours plus de force en Europe. D’où l’importance, pour certains acteurs, y compris les organisations publiques, de recourir à des solutions numériques françaises. Cela s’applique à toutes les étapes du parcours de la data, de l’entreposage à l’analytics. Le cloud européen aura pour mission, en 2023, de répondre aux exigences d’un marché sous pression économique et technologique tout en préservant la souveraineté des organisations sur leurs propres données.