Microsoft absorbe GitHub pour 7,5 milliards de dollars

Microsoft absorbe GitHub pour 7,5 milliards de dollars Le groupe américain jette son dévolu sur le réseau social de développeurs. Une plateforme qui compte 28 millions de membres. Mais que va-t-il en faire ?

Microsoft annonce avoir bouclé un accord en vue d'acquérir GitHub. L'opération doit être réalisée par échange d'actions pour un montant correspondant à 7,5 milliards de dollars. Avec ses 28 millions de membres et 85 millions de dépôts de code source, GitHub est le plus important réseau social de développeurs au niveau mondial, loin devant son principal suiveur Bitbucket et ses quelque 5 millions d'adhérents. Basé à San Francisco, l'acteur a levé 350 millions de dollars depuis sa création en 2008. En 2015, il était valorisé environ 2 milliards de dollars d'après Bloomberg.  Le modèle économique de GitHub ? Il repose sur des abonnements payants permettant d'héberger des référentiels de code privés, la gestion de référentiels publics restant gratuite.

L'opération s'inscrit dans une stratégie visant à ouvrir Microsoft sur le monde open source.  Un mouvement en marche depuis une petite dizaine d'années qui s'est notamment traduit par une prise en charge croissante des logiciels libres au sein du cloud Azure de l'éditeur.  Dans le sillage de cette dynamique, l'entreprise s'est par exemple investie dans le portage de Docker sous Windows. Un chantier depuis largement salué au sein de l'écosystème du logiciel. En 2016, elle devient le premier contributeur de codes open source sur GitHub. Début 2017,  son IDE Visual Studio Code se classe même en tête des projets hébergés par le réseau social avec le plus grand nombre de contributeurs

"Microsoft est une entreprise developer-first. En nous associant à GitHub, nous renforçons notre engagement en faveur de la liberté, de l'ouverture et de l'innovation des développeurs", indique Satya Nadella, PDG de Microsoft." "Nous reconnaissons la responsabilité que nous avons envers cette communauté. Nous ferons de notre mieux pour pendre en compte tous les développeurs [...]".

Malgré ses paroles rassurantes, le reprise de GitHub par Redmond n'en restera pas moins difficile à avaler pour une partie des développeurs (notamment ceux qui demeurent marqués par l'époque où le groupe américain s'érigeait contre l'open source).  "En tout état de cause, on ne sait pas ce que Microsoft va faire de GitHub. Ne pourrait-il pas être tenté d'utiliser ce service pour promouvoir ses propres langages, son serveur de données, son cloud... Au détriment des outils open source qui y sont actuellement échangés", se demande Simon Legroux, directeur technique du cabine de conseil Lecko. 

A l'instar du réseau social professionnel LinkedIn acquis par Microsoft en 2016,  GitHub apporte par ailleurs au géant informatique une base de connaissances marketing. Le site regorge d'informations sur les projets de développement qu'il héberge, sur leur contenu, mais aussi sur leurs auteurs (indépendants, fournisseurs d'applications, entreprises...). "Une masse de données de marché que Microsoft peut commercialiser, en les croisant pourquoi pas avec celles issues des profils LinkedIn associés", souligne Simon Legroux. Rappelons que LinkedIn propose depuis plusieurs années déjà un outil d'aide à la vente (LinkedIn Sales Navigator) qui permet d'exploiter son réseau dans le cadre d'opérations de prospection commerciale.

Face à ces doutes, Microsoft se veut rassurant. Tout comme LinkedIn, "GitHub demeurera opérationnellement indépendant en vue de fournir une plateforme ouverte aux développeurs dans tous les secteurs", promet le groupe. "Ses membres pourront continuer à utiliser les langages, outils et OS de leur choix, et déployer leur code sur n'importe quel système, cloud ou appareil." En gage de sa bonne foi, l'éditeur entend placer Nat Friedman, fondateur de Xamarin et vétéran de l'open source (actuellement vice président de Microsoft), à la tête de GitHub. Quant à l'actuel PDG de ce dernier, Chris Wanstrath, il deviendra quant à lui conseiller technique de Scott Guthrie, le patron du cloud de Microsoft. Une nomination qui laisse présager la mise en œuvre de synergies entre le service web et l'offre Azure de la firme.