Comprendre - enfin- les enjeux du cloud computing, c'est possible.
Le cloud computing change tout. Certaines administrations ont saisi les avantages offerts par cette technologie dans des domaines comme l'éducation, la police ou l'approvisionnement. D'autres hésitent. Que pouvons-nous apprendre des premières expériences dans le nuage ?
Il ne fait aucun doute
que le cloud computing permet aux administrations de transformer leurs
opérations tout en réduisant leurs coûts. Certaines d'entre elles l'ont déjà
compris. Aux États-Unis par exemple, Vivek Kundra, directeur fédéral des
systèmes d'information au sein de l'administration Obama, a lancé la stratégie
de cloud computing du gouvernement en février dernier. L'administration du
président Obama adopte actuellement ce qu'elle appelle l'approche « Cloud
First », qui vise à privilégier le modèle du cloud computing plutôt que le
modèle classique, et à partir de 2012, les agences fédérales devront adopter
des solutions de cloud computing par défaut.
En 2009, au Royaume-Uni,
le directeur des systèmes d'information du gouvernement britannique de
l'époque, Suffolk John, a proposé la mise en place d'un cloud gouvernemental,
le G-Cloud. Deux ans plus tard, au début du mois d'octobre de cette année, le
Cabinet Office a annoncé son intention de commencer à acheter des services pour
le G-Cloud, avec la publication d'un avis d'appel d'offres pour un contrat
cadre à signer plus tard dans le mois.
Des initiatives sont
donc prises et pas seulement aux États-Unis et au Royaume-Uni. Par exemple, le
gouvernement australien travaille avec des fournisseurs de technologies sur le
développement de services de cloud computing gouvernementaux. Dans le cadre
d'un avant-projet publié au début de l'année 2011, le gouvernement australien a
fixé la date butoir de décembre 2012 pour le développement d'une
« boutique » ou d'un catalogue en ligne de services de cloud
computing pré-approuvés destinés aux organismes gouvernementaux fédéraux.
Cette transition vers le
cloud computing au sein des administrations reflète l'adoption de cette
technologie par le grand public et les entreprises. Où en serions-nous sans
Google, par exemple ? La plupart des personnes qui accèdent à Google Maps
ne savent pas où se trouvent le contenu et l'infrastructure sous-jacente. Ce
qui est important pour elles, c'est de disposer de l'information au moment
opportun. Combien de personnes savent que cette opération est intrinsèquement
sécurisée et n'implique aucun transfert de données ?
Différentes possibilités.
Dans les
administrations, cette approche du cloud computing à la demande peut améliorer
la qualité des services fournis grâce à des données centralisées et des
plates-formes partagées. Dans les pays nordiques, Capgemini travaille déjà avec
un certain nombre de DSI du secteur public pour étudier un « cloud
nordique ». Des données publiques pourraient ainsi être mises à la
disposition de divers pouvoirs publics pour qu'ils puissent les exploiter de
l'intérieur de leurs frontières organisationnelles, plutôt que de travailler à
partir de leurs propres bases de données en silo. Capgemini définit cette nouvelle stratégie comme
« outside-in » et elle diffère notoirement du modèle traditionnel
« inside-out » qui se contente de supporter par des moyens
externes les services gouvernementaux internes.
Dans le modèle
«outside-in», nous invitons les administrations à impliquer les
usagers dans la définition des services qui leur sont destinés. La flexibilité
du cloud computing permet le développement de services qui sont ainsi définis à
partir des préoccupations des usagers et d’informations qui leur parlent.
Ainsi, dans cette approche « outside-in », la flexibilité et la
fourniture de services à partir des attentes des usagers peuvent être obtenus
sans les contraintes, notamment en termes de sécurité, qui pèsent sur le modèle
traditionnel « inside-out ».
Les DSI nordiques
figurent parmi ceux qui ont rapidement compris le large éventail de
possibilités offertes par les clouds, notamment en termes de service client ou
d'exécution des fonctions de l'entreprise. En Écosse, un autre exemple illustre
parfaitement ce qu'est, par essence, un G-Cloud privé. eProcurement Scotland
(ePS) est une plate-forme d'approvisionnement multi-agence lancée en 2002.
Aujourd'hui, cette plate-forme est un système partagé évolutif fourni en tant
que service auquel il est possible d'ajouter de nouveaux utilisateurs et
organismes à tout moment. Actuellement, elle représente près d'un tiers de
l'ensemble des services publics d'achat en Écosse. Elle a considérablement
amélioré l'efficacité du secteur public et a apporté une forte valeur ajoutée
aux services publics.
Aux Pays-Bas,
l'implémentation d'un système de cloud computing sécurisé, appelé Information
Pool, est actuellement testée. Conçu pour être utilisé dans des situations
d'urgence, ce système permet à plusieurs organismes publics d'échanger leurs
données sur une même plate-forme pour le partage rapide d'informations en temps
de crise. Au Royaume-Uni, la plate-forme IWP (Information Workplace Platform)
du ministère de l'Éducation facilite la gestion du contenu à la demande, la
collaboration, le déroulement des opérations, la gestion de l'information,
ainsi que les recherches sophistiquées via un navigateur Web. Elle permet au
ministère de fournir rapidement et à moindre coût de nouveaux services
d'information et de collaboration, avec un haut niveau d'engagement des
utilisateurs.
Cinq caractéristiques du cloud computing.
Les exemples mentionnés
précédemment ne sont que quelques-unes des applications qui démontrent déjà
l'impact du cloud computing. Ils présentent tous une partie ou l'ensemble des
cinq caractéristiques essentielles du cloud computing, telles que définies par
l'Institut national américain des normes et technologies (NIST).
Ces
caractéristiques sont les suivantes :
* Service à la demande : mise à disposition de
ressources informatiques au moment opportun.
* Accès réseau étendu : possibilité d'accéder aux
ressources d'un réseau avec divers appareils.
* Mutualisation des ressources : mutualisation des
ressources informatiques pour qu'elles soient exploitables par plusieurs
utilisateurs.
* Élasticité rapide : ressources mises à disposition
rapidement, dans certains cas automatiquement.
* Service mesuré : possibilité de surveiller,
contrôler et mesurer l'utilisation des ressources
L'argument en faveur de la valeur, de la flexibilité et de la qualité apportée par ces fonctionnalités est si convaincant que la transition vers le cloud computing va définir le paysage technologique des administrations au cours de la prochaine décennie. Toutefois, la transition vers le cloud computing présente des difficultés pour certaines administrations. Bon nombre d'entre elles sont découragées par la complexité des questions liées à la sécurité des données, aux rôles et aux modèles commerciaux.
Une approche plus simple.
Il faut apporter des
réponses à ces questions complexes. Dans une étude publiée récemment par
Capgemini « The Government Cloud:
Time for Delivery », nous proposons des éléments de réponse à ces
questions et expliquons que le rejet et le retard ne sont pas une bonne
stratégie en ce qui concerne le G-Cloud. Celles qui implémentent une solution
de cloud computing rapidement réaliseront des économies au plus tôt. Celles-ci
pourraient représenter 25 % des coûts de fonctionnement dans certains
secteurs. Dans les ministères et organismes qui essaient de s'adapter aux
coupes budgétaires, ce type d'avantage financier ne peut pas être négligé.
Que les administrations
adoptent le cloud computing ou pas, des changements sociaux importants vont
continuer de se produire et risquent de submerger les administrations publiques
qui résistent à l'évolution du comportement et des besoins des citoyens,
provoquée par l'explosion des services Web à la demande. Par exemple, les
citoyens, les fonctionnaires et les politiciens utilisent les réseaux sociaux
tels que Facebook pour commenter et comparer les services gouvernementaux. Les
administrations ont besoin d'une stratégie leur permettant de tirer parti des
opportunités offertes par ces réseaux sociaux ou risquent qu'ils deviennent une
source incontrôlée d'informations fausses et de critiques.
Un nouvel état d'esprit.
L'adoption d'une
stratégie de cloud computing nécessite un changement de mentalité. Les
responsables gouvernementaux doivent considérer l'impact du cloud computing sur
la stratégie globale de leur organisation et sur leur modèle de prestation de
services. Ils doivent aborder l'adoption de cette technologie de manière
cohérente, en évaluant les points de contact potentiels, y compris les parties
prenantes internes et les organismes partenaires.
L'impact des nouveaux
modèles sur les services frontaux et fonctions métier doit être étudié pour
s'assurer que la technologie est alignée sur la politique appliquée. En
transférant ses fonctions métier vers un cloud externe, une organisation réduit
ses coûts, optimise ses performances et gagne en flexibilité. De même, des
modèles de cloud computing innovants peuvent placer l'environnement extérieur
(clients, partenaires et chaîne de prestation de services) au cœur de
l'entreprise et permettent de se concentrer davantage sur les clients, d'offrir
plus de choix, d'optimiser le partage des données et de décloisonner la
fourniture des services.
Pour Capgemini, cette
stratégie repose sur le modèle « outside-in » par rapport au modèle
informatique classique qui sous-tend les services administratifs internes,
appelé « inside-out ». Dans le cadre du modèle
« outside-in », l'administration implique le client dans sa
prestation de services. La flexibilité du cloud computing permet de développer
des services centrés sur des événements logiques pour le client. Dans le cadre
du modèle « outside-in », la prestation peut être flexible et axée
sur le citoyen, sans les contraintes ou les questions de sécurité du modèle
informatique « inside-out » existant.
Étant donné que les
technologies changent fondamentalement les modes d'interaction des citoyens
avec leurs administrations, les organes gouvernementaux doivent désigner un
responsable du cloud computing, définir une feuille de route stratégique impliquant
les activités et les technologies, et tester le potentiel de cette technologie
avec la mise en œuvre d'un projet pilote. L'étude annuelle de Capgemini sur les
services publics en ligne en Europe intègre désormais le provisioning des
services de cloud computing et les nouveaux modèles économiques. Les
administrations européennes peuvent ainsi comparer leurs transitions vers le
cloud computing.
Obtenir plus de résultats avec moins de moyens dès
maintenant !
Dans la période
d'austérité actuelle, les administrations souhaitent obtenir plus de résultats
avec moins de moyens, mais pour atteindre cet objectif, elles doivent
comprendre que le « plus » implique de répondre aux attentes des
citoyens en leur offrant des services en ligne plus sophistiqués, et la technologie
de cloud computing a un rôle crucial à jouer en ce sens, et que le
« moins » fait référence à la réduction du coût des systèmes
informatiques existants, qui requiert une approche complètement différente du
déploiement de la technologie de cloud computing.
Une stratégie de cloud
computing permet de répondre à la nécessité d'obtenir plus de résultats avec
moins de moyens et d'équilibrer les coûts des départements avec les attentes
des citoyens. Cependant, il ne faut pas sous-estimer l'ampleur des changements
que les départements informatiques des administrations et leurs partenaires
devront mettre en œuvre pour y parvenir.
Notre utilisation des technologies
dans le cadre de nos systèmes informatiques actuels est très différente de la
façon dont la technologie est mise à disposition dans un cloud. Néanmoins,
l'utilisation du cloud computing comme un outil d'amélioration permettant de
répondre aux enjeux actuels en matière de coupes budgétaires, d'efficacité et
d'orientation client va redéfinir les prestations de services du secteur public
dans les prochaines années.