Ces administrations qui ont choisi l'Open Source Firefox ne chôme pas à Pôle Emploi

La fusion des Assedic et de l'Anpe de 2009 aura soulevé de nombreuses questions sur l'évolution de leurs systèmes d'information. Parmi elles, le choix du navigateur ne pouvait pas être négligé. Déployé sur 50 000 postes de travail, ce dernier doit, entre autres, supporter toutes les applications Web développées par Pôle Emploi.

A cette époque, le navigateur qu'il faut changer est Internet Explorer 6, car il est installé à l'origine sur tous les postes, majoritairement équipés de Windows XP. Le risque d'une migration doit évidemment être minimisé le plus possible, afin de ne pas perturber le fonctionnement de ce service public.

"Nous sommes dans une logique d'opportunisme" (Jean-Luc Donio - Pôle Emploi)

IE versus Firefox

Il y avait alors deux choix : soit passer à une version suivante du navigateur de Microsoft, soit opter pour celui de la fondation Mozilla. Les autres, essentiellement par manque d'ancienneté, sont écartés. Les deux navigateurs partent avec un handicap commun : "En termes de gestion du changement, passer à une version ultérieure d'IE était à peu près équivalent à passer à Firefox", explique Jean-Luc Donio, responsable du département Ingénierie Poste de Travail et Messagerie à Pôle Emploi.

Plusieurs réflexions guident alors le choix. "Firefox respectait alors mieux les standards W3C. Il faut aussi savoir que dans certaines agences de Pôle Emploi, des postes d'accès à Internet, sont déjà équipés d'une distribution Novell Suse de Linux et embarquent Firefox. Dans la mesure où il n'est par ailleurs pas exclu qu'à l'avenir, d'autres terminaux s'équipent d'un système d'exploitation libre, l'ouverture multi-plateforme de Firefox est un critère qui a pesé dans la décision. Enfin, nous avons une politique de sécurité et un usage des certificats importants. Il ne fallait pas négliger ce point", justifie Jean-Luc Donio.

Dernier argument important : les tests internes révèlent une amélioration "sensible" avec Firefox des performances notamment du Javascript. Or, beaucoup des applications Web maisons l'utilisent.

Bascules et calendrier

Pensé depuis 2008, le projet s'accélère en 2010. La migration big bang jugée trop risquée est écartée. Choisi pour "son expérience en la matière", la SSLL Linagora a apporté son expertise lors de la phase d'intégration du projet. Tous les paramètres, plus ou moins visibles, ont ainsi été expliqués afin de faciliter l'administration centralisée des 50 000 postes. Une extension Firefox sera aussi développée spécifiquement pour répondre aux besoins de Pôle Emploi.

l'actuelle version du navigateur de la fondation mozilla.
L'actuelle version du navigateur de la Fondation Mozilla. © Mozilla


Le premier objectif de bascule, fixé pour mi-octobre, est de pouvoir lancer un premier lot d'applications métiers internes avec le nouveau navigateur. En parallèle, toutes les applications Web doivent donc avoir été testées et éventuellement (re)pensées pour Firefox. A l'origine, la feuille de route prévoyait que l'intranet devait aussi s'ouvrir via Firefox à cette date. Ce qui semble aujourd'hui trop ambitieux. Pôle Emploi a donc préféré repousser cette échéance selon un calendrier revu. En juin 2011, Firefox devrait être le navigateur par défaut de tous les postes de travail.

A terme, il est envisageable que Pôle Emploi opte de nouveau pour d'autres logiciels Open Source. "Nous sommes dans une logique d'opportunisme et nous étudions à chaque fois les possibilités et la faisabilité d'utiliser des logiciels libres ", explique Jean-Luc Donio, plus pragmatique que militant.