L’adaptive Learning ou le Big Data au service de l’apprenant !

La révolution digitale est en train de transformer en profondeur le monde de l’éducation, les évolutions sont le plus souvent disruptives, à la fois sur la manière d’enseigner mais aussi sur la manière d’apprendre...

Le Digital, une révolution inéluctable pour la pédagogie

La déferlante des MOOC (Massive Open Online Courses) et des SPOC (Small Private Online Courses) ne sont qu’une première grande étape de la transformation digitale, comme l’ont été les plateformes d'e-learning à l’origine. Les Big Data, masses de données disponibles collectées sur nos profils et nos habitudes de surf sur Internet, permettent de mieux cibler nos attentes et d’adapter le contenu d’un cours en fonction des spécificités de chaque étudiant, c’est l’Adaptive Learning. Grâce à des algorithmes de plus en plus complexes nous entrons dans une logique désormais possible de personnalisation avancée, déjà bien connue, et qui a fait ses preuves dans les stratégies marketing.

Mais il ne s’agit pas ici de vendre mais bien d’identifier de nouvelles compétences à acquérir en allant à l’essentiel tout en accélérant la capacité d’apprentissage de manière ciblée. Plus encore il s’agit aussi, grâce à l’analyse prédictive, de définir le meilleur parcours pédagogique possible pour un étudiant et ainsi de lui assurer la meilleure réussite professionnelle possible. Dans cet objectif, ce mode d'enseignement semble particulièrement efficace et permet d’ores et déjà de relever une meilleure motivation et implication de la part de l’apprenant.

Pourquoi cette innovation reste encore trop « confidentielle » en France ?

Dans ce parcours idéal, pourquoi l’Adaptive Learning est-il  encore peu diffusé en France ?  Aux États-Unis plusieurs universités se sont lancées dans des expérimentations depuis plus de deux ans avec des résultats très prometteurs, comme l’université d’Arizona ou l’université de Cambridge qui selon elles, ont augmenté leur taux de réussite de manière significative grâce à cette méthode. Une étude récente de Tyton Partners relève que l’impact positif de l’Adaptive Learning sur l’enseignement supérieur serait de 66%, comparé à 42% en ce qui concerne les MOOCs.

En France, l’innovation ne se tarit pas comme nous l’avons encore constaté au dernier CES de Las Vegas. Nous sommes alors en droit de nous poser la question de savoir si le manque de spécialiste du sujet de la pédagogie numérique aurait un impact sur le développement de cette approche ? Lelivrescolaire.fr producteur de manuels numériques et plus récemment Hachette Livre, se sont engagés dans ce dispositif adaptatif avec la société Américaine Knewton. Pourtant, de belles initiatives françaises existent, la start-up Unow, fondée par Jérémie SICSIC, veut avec sa plateforme innovante MOOC « créer la meilleure expérience d’apprentissage en ligne », peut-être une première étape avant de s’engager sur l’adaptive learning…

Les bons outils au bon moment et une phase d’assimilation incompressible

Même si ces plateformes innovantes ne restent qu’un outil numérique, elles sont un prérequis indispensable pour analyser et cartographier le meilleur parcours étudiant possible. Knewton.com, pionnier dans ce domaine, a construit une plateforme qui permet à toute entreprise ou développeur de créer de puissantes applications d’adaptive learning basées sur l’utilisation faites de leurs API. Une stratégie d’ouverture « gagnant-gagnant » pour développer toute une communauté autour du phénomène. Cependant pour les enseignants, une phase d’assimilation de ces nouveaux outils est indispensable. Pour cela l’expérimentation est une étape nécessaire pour mieux en assimiler les concepts. On pourra alors par exemple s’inspirer des différentes étapes du processus de Design-Thinking pour mettre en œuvre ce type d’expérimentation et ainsi donner un terrain fertile à la co-création source d’innovation.

Et le rôle de l’Humain dans tout cela ?

Selon Tyton Partners, les décideurs institutionnels doivent s’interroger s’ils doivent s’orienter vers ce schéma en le considérant  comme une innovation disruptive, c’est-à-dire une manière de repenser totalement la manière d’aborder la pédagogie dans ce contexte, ou comme « simplement » un moyen d’accompagner la transformation numérique en adaptant le contenu des cours existants… Voire pourquoi pas un mix des deux ?

C’est alors toute la culture de l’organisation qui sera impactée, la transformation digitale s’opère au cœur même des institutions, en transversalité et  par une conduite de changement elle aussi adaptée… Les aspects humains du changement, doivent créer les conditions nécessaires pour que tous les niveaux de l'organisation puissent comprendre, s'approprier, et contribuer à cette transformation digitale permanente. Une analyse de la maturité de l’organisation pour conduire ce changement est sérieusement à envisager ainsi que la prise en compte du phasage entre le prototypage, la mise en pratique effective du dispositif et le début d’un nouveau cycle d’enseignement…

Toujours est-il que du point de vue de l’apprenant, l’aspect personnalisé de ce mode d’enseignement est très séduisant. Le Big Data, ses possibilités et ses promesses pour le monde de l’éducation sont presque infinie… Il n’en reste pas moins que le rôle de l’humain évoluera encore dans l’éducation numérique tout en restant déterminant, que ce soit dans la conception ou dans l’accompagnement d’un système éducatif « hybride ». La combinaison de ces facteurs devrait permettre une personnalisation très poussée et  emmener ces nouvelles formes d’apprentissage adaptatif bien au-delà des possibilités actuelles de nos modèles d'éducation de masse.