Guerre en Ukraine : la souveraineté numérique n'a jamais été aussi stratégique

Chaque crise, chaque événement perturbant notre mode de vie, notre système de valeurs ou nos institutions est suivi par de profondes interrogations quant à ce que nous sommes.

Chaque crise, chaque événement perturbant notre mode de vie, notre système de valeurs ou nos institutions est suivi par de profondes interrogations quant à ce que nous sommes et des volontés de transformation de la société dans laquelle nous vivons.

La pandémie de COVID-19 a eu deux effets majeurs, elle a fait prendre conscience que l’Europe devait être capable de pouvoir se soigner par elle-même et elle a aussi accéléré la numérisation de nos activités.

Le numérique au cœur

Nous avons ainsi délégué des pans entiers de notre vie professionnelle et personnelle aux acteurs du numérique. Ces derniers bénéficient ainsi un poids économique toujours plus importants chaque année. Tous les acteurs de la vie sociale sont affectés : les citoyens, les entreprises et les États.

La guerre en Ukraine accentue ce constat et ravive les craintes. Pour y faire face, le monde numérique doit se transformer pour devenir multipolaire. Et en particulier dans ce contexte, l’Europe doit enfin trouver sa place. Le continent compte beaucoup de grandes entreprises technologiques mais pratiquement aucune plateforme numérique importante. Notre continent représente moins de 4% de la capitalisation boursière des 70 plus grandes plateformes numériques mondiales (l’Amérique en détient 73% et la Chine 18%). Et au-delà des chiffres déjà implacables, une réalité : l’Europe manque de vision globale et surtout de projets numériques fédérateurs.

Vers une vraie souveraineté numérique européenne

Pour un monde numérique vraiment multipolaire, l’Europe doit émerger en tant que nouvelle puissance. C’est pourquoi, il est dans l’intérêt de tous que l’Europe soit une puissance numérique équilibrant les forces entre les États-Unis (GAFAM) et l’Asie (BATX).

Les autorités publiques nationales ou communautaires doivent donner un cadre, fixer des règles, créer une éthique mais aussi investir autant sur le plan financier que sur le plan humain afin de créer un écosystème fort, mettre la recherche et l’industrie en son cœur, développer les infrastructures de demain et permettre l’émergence d’acteurs européens du numérique qui ne seraient pas uniquement des alternatives aux acteurs étrangers mais aussi des partenaires.

Bâtir une souveraineté numérique européenne permettra d’assurer un équilibre mondial du numérique. Il est temps de conjuguer indépendance et attractivité pour enfin faire de l’Europe l’un des centres névralgique du numérique de demain.