Le métavers : opportunité ou mirage pour les entreprises ?

Goldman Sachs estime que le marché du métavers pourrait atteindre, à maturité, les 12 mille milliards de dollars.

Selon Bloomberg, la valorisation totale du métavers s’élevait déjà à 47,69 milliards de dollars en 2020. Ces chiffres stupéfiants expliquent les investissements massifs réalisés par de nombreuses entreprises sur ce front récemment. Motivées par les avantages que pourrait leur conférer le statut de pionnières sur ce marché, elles ne se font pas prier pour s’y implanter, tant que leur budget le permet. Epic Games consacre 1 milliard de dollars pour y exécuter sa stratégie. Facebook, dix fois plus.

Les plus cyniques pourraient y voir un cas classique « d’anxiété de ratage » (ou FOMO, Fear Of Missing Out, en anglais) : la peur de passer à côté d’un événement majeur qui est un levier fort pour inciter à la dépense. Effectivement, le métavers n’aura de succès que si les consommateurs mordent à l’hameçon. Et la partie est loin d’être gagnée.

Moins de virtuel, plus de réel

Selon une récente étude réalisée par YouGov*, près de quatre personnes sur cinq considèrent le métavers comme une mode vouée à disparaître rapidement. Pire : plus de la moitié (59%) des répondants ne savent même pas de quoi il s’agit.

Ces chiffres reflètent une tendance sociétale plus globale : après avoir deux ans de virtualisation contrainte, nous avons soif de monde physique. En outre, compte tenu de la méfiance grandissante envers la gestion par des tiers des données personnelles, les consommateurs ont de sérieuses réserves quant à cet aspect du métavers : qui le contrôle, qui le supervise, et qu’en est-il de l’enregistrement de nos activités dans cette espace ? Pour l’instant le fossé entre le grand public et les entreprises au regard de l’adoption de cette technologie est encore vaste. Comment le combler ?

Si l’on s’intéresse aux précédentes révolutions technologiques (de la machine à écrire à l’iPhone), toutes ont radicalement et sensiblement changé les comportements des individus en offrant des bénéfices clairs et évidents. Le métavers fait face au même défi. Il doit encore trouver un usage qui mette pleinement ses qualités en valeur.

A la recherche de l’application star

Cette situation est précisément ce qui rend la phase actuelle du métavers si intéressante. Le Saint Graal recherché est la convergence, avec d’un côté des équipements, et de l’autre la plateforme et ses applications susceptibles d’effectivement améliorer notre quotidien. C’est à ce moment précis que l’engouement du public se cristallisera et que les entreprises s’étant positionnées en premier sur le marché se féliciteront de leur flair. Il va sans dire que tout ceci nécessitera un modèle de monétisation adéquat qui permette aux acteurs du métavers de rentabiliser leur présence. Si on nous avait dit il y a quinze ans qu’il serait possible de naviguer sur un site où des utilisateurs pourraient rédiger des commentaires limités à 140 caractères, et que ce site aurait du succès, personne n’y aurait accordé la moindre importance. Aujourd’hui, Twitter est en passe d’être vendu pour dizaines de milliards de dollars.

Bien que des technologies désormais aussi répandues que la réalité augmentée et la réalité virtuelle nous ouvrent une fenêtre sur l’avenir, il reste bien du chemin à parcourir avant que cette promesse ne se réalise. En effet, le métavers ne pourra exprimer pleinement son potentiel que lorsqu’il aura ses applications star.

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