Comment stocker nos données avec le moindre impact environnemental ?

Il y a dix ans, les datacenters privilégiaient la sécurité, la disponibilité ainsi que la gestion thermique. Depuis ont été ajoutées de nouvelles propositions en vue d'une décarbonation totale.

Les besoins en énergie ont considérablement diminué au fur et à mesure que les données des entreprises ont été transférées des anciennes infrastructures vers des spécialistes du cloud. La transition du secteur vers les énergies renouvelables a également eu un impact considérable. À tel point que, malgré la croissance exponentielle de la demande, la consommation d'énergie et les niveaux d'émission n'ont pas augmenté proportionnellement. Selon l’ADEME, en France, en 2022 10 % de ma consommation électrique annuelle vient des services numériques. Parmi les outils numériques les plus impactant, on compte les terminaux utilisateurs (65 à 90 % de l’impact environnemental), les centres de données (entre 4 et 22 %) et enfin les réseaux (entre 2 et 14 %)

Deux facteurs clés doivent encourager les entreprises du secteur sur cette voie qui gagnent en importants au fil du temps : la réglementation d’une part, la demande croissante des clients pour des solutions plus durables et les opportunités commerciales qui en découlent.

Ce n’est pas la taille qui compte

Tous les grands fournisseurs de cloud exploitant des centres de données s'efforcent d’apporter une contribution nette positive à l'environnement. Et les progrès réalisés en matière de consommation énergétique par le secteur en à peine 10 ans sont impressionnants. Amazon, par exemple, est aujourd'hui le plus grand acheteur d'énergie verte au monde et vise une énergie 100 % renouvelable d'ici à 2025. Au cours des cinq dernières années, Google a couvert l’intégralité de sa consommation annuelle d'électricité par des achats d'énergie renouvelable. Plus localement, OVHcloud a développé et utilise depuis déjà 20 ans sa propre technologie de refroidissement par eau afin de limiter les dépenses en électricité, en eau et les émissions de chaleurs.

Malgré les améliorations apportées à l'efficacité énergétique au cours des dernières années, des progrès plus rapides doivent être réalisés si l'industrie veut vraiment réduire les émissions et atteindre le niveau zéro. Cela concerne notamment les fournisseurs cloud plus petits qui, parce que leurs clients gèrent leur propre infrastructure informatique, peuvent avoir du mal à atteindre les mêmes niveaux d’efficience énergétique que les grands acteurs du secteur. Ils peuvent néanmoins travailler en collaboration avec leurs clients pour s'assurer qu'ils utilisent les baies les plus efficaces possibles, mais également qu’ils sont au fait des dernières pratiques et règlementation en la matière.

Des contraintes réglementaires croissantes

L'expansion du secteur des centres de données dépendra de la capacité de tous les acteurs de l’industrie à démontrer qu'ils ont un impact positif sur les communautés et les infrastructures locales, au lieu d'être un fardeau. Les codes de conduite volontaires des entreprises, dont certaines sont largement précurseurs, cèdent désormais la place à une réglementation directe aux niveaux national et régional, la législation sur les performances environnementales aux États-Unis et le futur code de conduite de l'UE sur l'efficacité énergétique dans les centres de données plaçant la barre beaucoup plus haut. Certains pays comme les Pays-Bas, l'Irlande et Singapour ne semblent d’ailleurs pas totalement convaincus et ont gelés la construction de centres de données à plusieurs reprises au cours des dernières années. Des empreintes carbones minimales, une efficacité énergétique et opérationnelle maximale ainsi que la réutilisation de la chaleur résiduelle figurent parmi les nouvelles exigences mondiales actuelles. D'autres sont attendues, en fonction des besoins de chaque région, et les exploitants de centres de données doivent donc garder une longueur d'avance en dépassant toutes les exigences réglementaires dans l'ensemble de leur écosystème.

Comme l'a montré la pandémie de Covid-19, l'adoption de nouveaux modes de travail hybrides peut réduire considérablement les émissions liées aux déplacements vers les locaux professionnels, mais ce nouveau monde numérique génère malgré tout une vaste empreinte carbone liée à la production d'électricité - une moyenne de 36 g d'équivalent CO2 par Mo selon les meilleures estimations du Climate Neutral Group, ainsi qu'une importante consommation d'eau. Les données des télétravailleurs sont en effet plus souvent dirigées vers des espaces cloud et des serveurs distants, qui ont besoin de ces deux ressources pour fonctionner et être refroidis. À l'échelle mondiale, on estime que les centres de données consomment environ 3 % de l'électricité mondiale et sont responsables d'environ 2 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Ces chiffres ne font qu'augmenter, ce qui ne laisse aucune place à l'autosatisfaction mais bien une marge de progression.

Soutenir les objectifs des clients en matière de développement durable, c'est aussi du bon sens commercial

Les entreprises prennent de plus en plus au sérieux la question du développement durable. Dans un contexte de crise climatique, les entreprises se sont peu à peu fixées des objectifs ambitieux en la matière. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à l’intégrer au sein de leurs stratégies globales. En 2021, plus de 13 000 entreprises - représentant plus de 64 % de la capitalisation boursière mondiale et près d'un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre - ont ainsi publié les chiffres d’émissions carbone auprès du Carbon Disclosure Project. Les rapports sur l'impact climatique sont également de plus en plus complets et incluent les émissions indirectes provenant des chaînes d'approvisionnement et de l'utilisation des produits en aval. Et puisque toute industrie qui souhaite réaliser des profits se doit de répondre aux besoins de ses clients, ici en matière de données, d'infrastructures critiques et d’atteinte des objectifs de développement durable, les acteurs du secteur ont tous à la fois un rôle et une carte à jouer.

La prochaine décennie sera déterminante dans la lutte contre le changement climatique, et les centres de données seront scrutés par l’ensemble de la population qui s’attend à les voir soutenir un changement positif. La durabilité ne peut être améliorée que par une collaboration intersectorielle avec les gouvernements, les organismes de normalisation et les clients, par le biais de milliers de petits changements progressifs soigneusement contrôlés. Il est essentiel que les entreprises technologiques informent leurs clients de l'impact environnemental de la numérisation et du stockage des données, afin qu'ensemble, ils consomment moins, même s'il est nécessaire de stocker davantage.