Temu, un espion chinois encore plus dangereux que TikTok ?

Temu, un espion chinois encore plus dangereux que TikTok ? L'application Temu s'achète une respectabilité avec un siège aux US. Mais c'est la maison mère chinoise qui traite les données des clients, y compris certaines qu'elles ne devraient pas demander.

Depuis quelques mois, l'application de marketplace Temu a envahi l'espace public. Publicité sur les réseaux sociaux, collaborations avec des influenceurs, tous les moyens sont bons pour se faire connaitre auprès du consommateur français. Et cette stratégie marketing agressive semble fonctionner : Temu est devenue la 6e marketplace la plus utilisée par les Français, selon Foxintelligence. De plus, les internautes y commandent des paniers moyens 2 à 3 fois plus importants que chez son concurrent bien implanté, AliExpress. Pas étonnant puisque Temu séduit des consommateurs plus âgés, au pouvoir d'achat plus élevé : en France, la part des utilisateurs de plus de 40 ans dans le chiffre d'affaires de l'application est 65% au-dessus du poids habituel de cette classe d'âge dans le milieu du e-commerce, d'après Foxintelligence.

Mais qui se cache derrière Temu (prononcez Timou) ? Sur le papier, l'application de marketplace ultra low cost a été lancée aux Etats-Unis en septembre 2022. Mais il ne faut pas creuser très longtemps pour s'apercevoir que sa maison mère est, elle, de nationalité chinoise. Son nom : Pinduoduo, alias PDD.

Or, si Temu est bien sous juridiction américaine, PDD ne l'est pas et c'est elle qui s'occupe de la gestion des données clients, comme nous l'explique Cyril Polac, country director France chez NordVPN : "Ce renvoi des données utilisateurs vers la Chine est tout à fait officiel. C'est inscrit dans la charte d'utilisation que doit signer le consommateur avant d'avoir accès à Temu. Et donc l'intégralité des datas clients sont expédiées en Chine. Si dans le milieu du e-commerce il est courant que la compagnie exploite ses données utilisateurs, Temu est la seule à les renvoyer à sa maison mère".

Ces données, une fois sous le contrôle de PDD, sont potentiellement revendues et exploitées, et cela sans respecter le RGPD. Cette migration de la donnée sans protection peut avoir pour conséquence que les adresses mail et numéros de téléphone des clients tombent entre de mauvaises mains. Ce qui pourrait notamment les exposer à du phishing ou à d'autres types de cyberattaques. *

Mais ce n'est pas le plus gênant chez Temu, il y a même bien pire : l'application aurait la capacité d'espionner ses clients, assure Cyril Polac : "Pour commencer, des versions pirates de Temu, avec lesquelles on pouvait tout de même acheter des produits sur la marketplace, déployaient des malwares chez les utilisateurs. On parle de véritables applications fonctionnelles qui sont disponibles au téléchargement en dehors du store. Sur la version légale, un autre problème apparait : Temu demande un grand nombre d'autorisations d'accès à des capacités non-essentielles pour cette application."

Notamment, Temu demande à connaître la localisation, à rester active même lorsque que l'utilisateur ne l'utilise pas, à avoir accès à l'ensemble des fichiers contenus sur le smartphone, et pour finir l'application bloque le scan de debug, ce qui empêche d'avoir une vision claire de son activité. Et ce ne sont là que quelques exemples.

Aux Etats-Unis, l'application est soupçonnée d'être plus dangereuse que TikTok pour la sécurité nationale du pays, d'après une étude de Grizzly Research. Selon ce même document, le doute n'est pas permis, Temu a pour mission de récolter un maximum de data sur la population occidentale pour le compte de PDD, qui ensuite fournirait ces data au gouvernement chinois. Pour ces chercheurs, Temu complèterait TikTok en termes de renseignement collecté, et il faut urgemment bannir ces applications chinoises des stores occidentaux. Autre indice que Temu est bien un outil d'espionnage, l'application ne serait pas du tout rentable. Le Royaume-Uni imite Washington et certains membres du gouvernement de sa majesté demandent l'ouverture d'une enquête.

Enfin pour conclure ce tableau déjà peu reluisant, les prix pratiqués par Temu pourraient s'expliquer par l'utilisation d'une main d'œuvre peu chère, voire gratuite. Autrement dit, elle serait basée au sein des camps de travail et de concentration de l'Etat chinois, les laogais.