Développement d'applications sans code : deux approches se distinguent
Les outils de développement d'applications sans code font partie des quatre grandes familles de solutions no code aux côtés des environnements de développement de sites web, des systèmes d'automatisation de workflow et des bases de données. "Cette catégorie de solutions qui permet d'aboutir à des produits finis en un temps record se découpe elle-même en deux grandes familles. La première revêt une approche monolithique, la seconde une logique plus modulaire", explique Valentin Bert, CEO de Nocode Factory.
Caractéristique | Adalo | Bubble | Flutter-Flow | Glide | Power Apps* | Softr | WeWeb |
Environnement monolithique | X | X | X | ||||
Prise en charge de code personnalisé | X | X | X | X | X | X | X |
S'adosse historiquement à une base de données externe | X | X | X | X | |||
S'adosse historiquement à un backend externe | X | X | X | ||||
IA générative d'app | X | X | X | X | X | ||
App mobile cœur de cible | X | X | X | ||||
Export du code source | X | X |
*Power App est le builder d'app proposé par Microsoft au sein de sa Power Platform.
Dans le cas des outils monolithiques, les environnements regroupent à la fois l'interface utilisateur (ou front office), la logique applicative (backend) et la base de données. C'est le cas de Bubble, d'Adalo ou de Microsoft Power Apps. "Cette approche est très pratique pour réaliser un développement rapide sans se prendre la tête. Elle cible les citizen developers qui n'ont aucune connaissance en codage", souligne Valentin Bert, CEO de l'agence web Nocode Factory. Principal défaut de cette approche : sa standardisation limitera la personnalisation de l'interface à sa plus simple expression. "Ces outils permettent néanmoins de réaliser de plus en plus d'adaptations, notamment via la prise en charge de code personnalisé", estime Melinda Ferda, engineering manager pour l'agence Alegria.group, avant de relativiser : "Malgré son approche monolithique, Bubble se révèle plus complexe à prendre en main qu'un Glide par exemple (qui, lui, est historiquement modulaire, ndlr)." Yann Prigent, développeur au sein de l'agence Hyperstack, précise : "A la différence de Softr, Glide est équipée d'une fonction d'automatisation interne. Ce qui lui permettra d'orchestrer nativement des workflows." Cet outil se situe par conséquent au milieu du gué.
Une frontière mouvante
Quant aux outils purement modulaires, ils s'adossent à une base de données voire à un backend tiers. Cette voie est évidemment plus complexe à mettre en œuvre, mais elle n'en reste pas moins plus flexible. Par ailleurs, elle permettra souvent de mieux tenir la charge sur des volumes de trafic importants. Sur ce segment, on retrouve typiquement des produits comme FlutterFlow ou WeWeb. "De leurs côtés, Softr et Glide sont historiquement des outils purement orientés vers le front office qui intègrent désormais leurs propres bases de données", précise Lucien Tavano, chief AI & innovation officer chez Alegria.group. Et Arthur Corré, no code ops et product builder chez Hyperstack, d'ajouter : "Glide pousse désormais ses propres sources de données au détriment des bases tierces qu'ils supportent historiquement." L'outil confirme ainsi sa position intermédiaire entre monolithique et modulaire.
"Les couples Glide-Airtable ou Softr-Airtable fonctionnent bien"
"A l'image de Bubble, WeWeb est une option robuste. Il est utilisé par des entreprises comme PWC. Ce qui démontre sa solidité. Il s'agit aussi d'une solution française", insiste Yann Prigent. "Travailler avec des solutions comme WeWeb découplant le backend et la base de données du frontend répond aux standards de développement classique, ce qui est gage de scalabilité et de fiabilité. C'est aussi un moyen de réutiliser une base de données existantes, reposant sur PostgreSQL par exemple." WeWeb pourra venir s'adosser à un backend comme Xano qui a été développé en parallèle et une base de données telle que Supabase. "Les couples Glide-Airtable ou Softr-Airtable fonctionnent également bien", complète Yann Prigent. "En revanche comparé à Weweb qui est très riche fonctionnellement, ces solutions sont au niveau zéro de la personnalisation. Elles seront par conséquent adaptées au développement de petites applications là où WeWeb pourra convenir à des projets plus ambitieux."
FlutterFlow et WeWeb : des outils low code
Fait particulièrement intéressant, FlutterFlow et WeWeb permettent d'exporter l'intégralité du code source de l'application en vue de l'héberger ailleurs. "En revanche, il ne sera pas possible de le réimporter. A chaque modification, il sera nécessaire de repasser par la solution", note Melinda Ferda. Malgré cette limite, il est potentiellement envisageable via ces outils de reproduire ce qu'aurait réalisé un développeur en ayant accès à l'intégralité du code. Ce n'est évidemment pas le cas avec les solutions monolithiques qui se présentent comme des boîtes noires masquant entièrement les sources sous-jacentes. Toujours sur le plan de l'hébergement, les outils modulaires permettent en outre de choisir où localiser les données, à la différence de leurs équivalents monolithiques. "Ce qui leur permet d'être potentiellement conformes au RGPD", reconnaît Valentin Bert.
Au final, des outils comme Glide ou Softr seront adaptés à la réalisation d'une preuve de concept (PoC) ou d'un produit minimal viable (MVP) là où des solutions telles que Bubble et WeWeb pourront supporter des développements nettement plus avancés, y compris des projets à destination de clients externes. Ces dernières seront néanmoins plus complexes à prendre en main. "Sur le terrain des applications internes, il ne faut pas minimiser les points forts d'Airtable qui permettra par exemple de développer une application de gestion de la relation client", complète Pierre Launay, CEO de l'école Cube centrée sur le développement no code. Reste qu'Airtable demeure avant tout structurer autour d'une base de données. Il ne s'agit donc pas d'un app builder au sens strict.